mar. Mai 7th, 2024

Les pays émergents, les pays producteurs de pétrole, la zone euro et le Japon financent, depuis des années, les États-Unis, pays où le capital par tête est le plus élevé. Ces flux de capitaux contribuent en partie à la croissance de l’économie américaine qui est, depuis le début du siècle, supérieure à celle de la zone euro ou du Japon. Sur fond de transition énergétique, une inversion des flux de capitaux, privant les États-Unis d’un facteur important d’expansion, est-elle envisageable ?

 

Les États-Unis, grands bénéficiaires des flux de capitaux mondiaux

 

Les États-Unis ont un besoin important de capitaux étrangers compte tenu du déficit structurel de leur balance courante. Ils peuvent compter sur les excédents commerciaux des pays émergents, des producteurs de pétrole et de gaz naturel, de la zone euro et du Japon pour financer leur importante dette extérieure. Lors de ces vingt dernières années, la balance courante américaine a été déficitaire entre 2 et 4 % du PIB. Sur cette même période, le Japon a dégagé un excédent moyen de 2,8 % du PIB, la zone euro de 1,5 % du PIB, les pays émergent de 1 % du PIB et les pays pétroliers de plus de 6 % du PIB. L’accumulation des déficits de la balance courante conduit, les États-Unis à avoir une dette extérieure de plus de 60 % du PIB en 2023. Les avoirs extérieurs de la Russie, toujours, en 2023, s’élevaient à 45 % du PIB, ceux de l’OPEP à 35 % du PIB, ceux du Japon à 75 % du PIB et ceux de la zone euro à 5 % du PIB. 

 

Une inversion des flux de capitaux est-elle possible ?

 

La transition énergétique exige pour chaque pays la réalisation d’importants investissements qui pourraient réduire les capitaux pouvant être placés à l’étranger. Par ailleurs, de nombreux pays ont indiqué leur intention de limiter leur exposition au dollar  (Chine, Russie, Inde, Brésil, etc.). La dédollarisation s’inscrit dans la volonté de segmentation de l’économie en deux camps, les pays occidentaux et le « Sud global ». La non-exportation des capitaux est considérée comme un moyen permettant de réduire l’écart de croissance entre les États. Ces dernières années, en parité de pouvoir d’achat, le PIB par habitant des États-Unis a progressé plus vite que ceux des autres zones économiques. En 2023, il s’élève à 80 0000 dollars (PPA), contre 60 000 pour la zone euro, 50 0000 pour le Japon, 38 000 pour la Russie et 20 000 pour les pays émergents (y compris Chine). 

 

Quelles sont les évolutions récentes en matière de flux des capitaux internationaux ?

 

Avec l’augmentation des cours de l’énergie et des matières premières, les pays producteurs enregistrent des excédents records (10 % du PIB) quand, dans le même temps, la balance courante de la zone euro est désormais à l’équilibre et celle des pays émergents consommateurs en léger déficit. Les États-Unis en exportant du gaz et du pétrole ont réduit d’un point de PIB leur déficit qui reste néanmoins supérieur à 3 points de PIB. 

 

Les États-Unis restent toujours bénéficiaires des flux de capitaux internationaux qui proviennent du Japon, de l’OPEP et de la Chine. La zone euro n’a plus d’épargne à investir dans le reste du monde. Les États-Unis ne sont pas pénalisés par la réduction des flux de capitaux en provenance de l’Europe, leurs besoins étant couverts par les pays de l’OPEP. La dédollarisation souhaitée par la Russie voire la Chine n’a pas d’effets tangibles sur les conditions de financement de l’économie américaine qui jouit toujours de son rôle de valeur refuge. Les rendement élevés des placements aux États-Unis continuent à attirer les capitaux extérieurs. Les tensions commerciales avec la Chine ont freiné les flux en provenance de ce pays mais sans les arrêter. 

 

Par le Cercle de l’épargne

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