Ministère des armées – salon Eurosatory 2024
Face aux nouvelles menaces, l’IA se présente aujourd’hui comme un outil stratégique, et constitue l’objectif principal de l’innovation des armées. Elle complexifie les combats sans en modifier la nature.
Et sa pénétration massive sur les champs de bataille oblige les armées à accélérer leur transformation.
Dans cette « course à l’IA », le ministère va déployer plus de deux milliards d’euros d’ici 2030.
Création de l’AMIAD en 2024 : l’usage de l’IA de manière souveraine
Dans la poursuite des initiatives prises dès 2018, le ministre a acté en mars 2024 la création de l’Agence
ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (AMIAD). Sa vocation est de professionnaliser
l’usage de l’IA dans les armées et ainsi de contribuer à leur transformation.
L’intégration d’une telle agence en son sein permet au ministère de rester souverain sur ses bases
de données, véritables « nerf de la guerre » de l’IA. Ce sont en effet les données qui alimentent le
développement de l’IA au profit des besoins spécifiques des armées. Le ministère se dotera, d’ici 2025,
du plus puissant supercalculateur classifié secret défense d’Europe.
L’IA de défense à Eurosatory 2024
Au ministère des Armées, l’IA de défense n’est plus seulement un objet d’innovation mais déjà une
réalité opérationnelle. Tour d’horizon de cas d’usage actuellement développés :
• La détection optique des véhicules militaires terrestres
Cette innovation a été confiée à l’AMIAD qui a pu entraîner son algorithme et a réussi la première
campagne d’essai menée en avril 2024. Grâce à l’IA, l’opérateur est à présent capable de détecter et
d’identifier immédiatement des véhicules cachés en lisière de forêt.
• La détection acoustique
La Marine nationale intègre déjà l’IA pour optimiser le travail des « oreilles d’or » du Centre
d’interprétation et de reconnaissance acoustique (CIRA). L’IA, qui élimine tous les bruits « parasites »
– bruits de la mer, bruits biologiques – fait gagner aux « oreilles d’or » 30 secondes voire une minute
dans la détection sonore.
• La formation des pilotes
L’IA est également bénéfique dans la formation pour devenir pilote d’aéronefs. En analysant les
données fournies lors des vols réels ou sur simulateurs, le programme identifie les difficultés et points
forts de l’élève et propose des pistes d’amélioration. Les apprentis pilotes savent donc quel élément
travailler en priorité et maximisent ainsi leur chance de succès.
• La modernisation de la maintenance du matériel terrestre
L’IA peut aider dans des situations de combats de haute intensité en maintenant la condition
opérationnelle des matériels – véhicules, canons, blindés… Par la reconnaissance visuelle, un
programme est en cours de développement pour identifier instantanément les besoins en pièces
de rechange, souvent difficiles à caractériser. Le projet, utilisable à partir d’une base de données et
donc sans connexion internet, réduira drastiquement les délais de diagnostics, de maintenance et
d’approvisionnement près du front.
• La lutte contre la désinformation
L’arrivée de l’IA générative comme outil de manipulation de l’information, notamment sur les réseaux
sociaux générant fakenews et deepfake, peut nuire à l’image de la France et des armées françaises et
constitue une menace pour les démocraties. Pour lutter contre ces désinformations, le ministère s’est
doté d’un logiciel d’IA capable de détecter audios, vidéos et images falsifiés. Cet outil est obtenu
grâce à un traitement algorithmique confrontant images, vidéos ou audios authentiques, avec ceux
manipulés. Ce logiciel opérationnel permet à l’humain de confirmer une intuition de manière très
fiable en pointant les extraits manipulés. La dénonciation des informations manipulées préserve la
liberté d’action des forces françaises.
• La traduction
Un outil de traduction disponible sur smartphone en 19 langues est mis à disposition des forces
spéciales et des unités. La communication avec les populations civiles est facilitée par l’IA et peut être
instantanée. Cet outil peut être utilisé sans connexion afin de réduire la vulnérabilité des opérateurs.
Il suscite aussi l’intérêt des administrations.