jeu. Nov 21st, 2024

Par Lazard Frères Gestion

La situation actuelle sur les marchés financiers révèle une dichotomie historique entre les attentes des marchés de taux et des actifs risqués. En effet, les courbes de taux d’État indiquent une probabilité de récession d’environ 90 % d’ici un an, alors que les faibles primes de risque sur les actifs risqués (actions, crédit) impliquent une probabilité d’environ 15 %. Les données économiques, quant à elles, correspondent à un peu moins d’une chance sur deux de récession (voir graphique 15). En matière de politique monétaire, les marchés s’attendent à un assouplissement fort et rapide de la part de la Fed, similaire à ce qui est observé en amont des récessions ou lors de crises financières majeures. En revanche, la BCE, plus préoccupée par l’inflation et face à un marché du travail encore solide, devrait maintenir une approche plus progressive (voir graphique 16).

Du côté des obligations d’entreprises, les spreads devraient rester contenus tant que les fondamentaux économiques ne se détériorent pas et que les conditions de crédit bancaire continuent de s’améliorer. Bien que le potentiel de baisse supplémentaire des spreads soit limité, les niveaux de rendements restent intéressants. Sur les marchés actions, le potentiel de hausse à court terme semble limité. Tout d’abord, la proximité des élections américaines et les incertitudes économiques pourraient amener un certain attentisme. De plus, le marché semble avoir déjà intégré un scénario très favorable, laissant peu de place à de mauvaises surprises. En effet, les valorisations aux États-Unis sont déjà particulièrement élevées, surtout dans le secteur technologique, où les actions affichent des multiples très importants.

Ce phénomène ne se limite pas uniquement à ce secteur, car le reste du marché américain affiche également un ratio cours/bénéfice (P/E) de 18 fois les bénéfices prospectifs (voir graphique 17). Par ailleurs, les analystes prévoient une accélération notable de la croissance des bénéfices dans les prochains mois, avec une hausse attendue d’environ 15 % sur un an, tant en Europe qu’aux États-Unis (voir graphique 18). Toutefois, pour que cette croissance des bénéfices des entreprises se matérialise, il faudrait une amélioration notable des conditions économiques, avec une croissance plus vigoureuse qu’actuellement. Conclusion de marché : L’évolution de l’économie américaine reste un enjeu central pour les marchés financiers, et elle se situe à la croisée des chemins. Si le taux de chômage se stabilise au cours des prochains mois, cela signifiera que la Réserve Fédérale aura réussi son soft landing. Dans un tel scénario, les marchés actions disposeraient d’un potentiel de performance lié à la croissance des résultats. En revanche, les anticipations d’assouplissement monétaire devront être revues à la baisse, ce qui ferait remonter les taux longs. Si le taux de chômage poursuit sa hausse, cela signifiera que l’économie américaine ralentit fortement, au risque d’une récession. Dans un tel scénario, les marchés actions et le crédit devraient baisser pour intégrer cette dégradation de l’activité. Compte tenu des anticipations de baisse des taux déjà importantes, le potentiel de repli des taux longs semble limité. L’histoire plaide pour une poursuite de la hausse du taux de chômage, mais l’économie post-COVID pourrait continuer de surprendre. Aussi une dose de pragmatisme est-elle nécessaire et les prochaines données pourraient permettre de trancher le débat.

L’évolution de l’économie américaine reste un enjeu central pour les marchés financiers, et elle se situe à la croisée des chemins. Si le taux de chômage se stabilise au cours des prochains mois, cela signifiera que la Réserve Fédérale aura réussi son soft landing. Dans un tel scénario, les marchés actions disposeraient d’un potentiel de performance lié à la croissance des résultats. En revanche, les anticipations d’assouplissement monétaire devront être revues à la baisse, ce qui ferait remonter les taux longs. Si le taux de chômage poursuit sa hausse, cela signifiera que l’économie américaine ralentit fortement, au risque d’une récession. Dans un tel scénario, les marchés actions et le crédit devraient baisser pour intégrer cette dégradation de l’activité. Compte tenu des anticipations de baisse des taux déjà importantes, le potentiel de repli des taux longs semble limité. L’histoire plaide pour une poursuite de la hausse du taux de chômage, mais l’économie post-COVID pourrait continuer de surprendre. Aussi, une dose de pragmatisme est nécessaire et les prochaines données pourraient permettre de trancher le débat.

Glossaire:

  • BCE : Banque Centrale Européenne.
  • Fed : La réserve fédérale des Etats-Unis, soit la banque centrale des Etats-Unis.
  • PIB : Le produit intérieur brut est l’indicateur économique qui permet de quantifier la valeur totale de la « production de richesse » annuelle effectuée par les agents économiques résidant à l’intérieur d’un territoire.
  • Indices PMI : Les indices PMI (Purshasing Manager’s Indices) sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif, tandis qu’une valeur inférieure à 50 indique un sentiment négatif.
  • PE (ou P/E, PER) : Le price-earnings ratio correspond au rapport entre capitalisations boursières et profits des entreprises. Cet indicateur est notamment utilisé en analyse financière pour évaluer la valeur d’un titre par rapport aux sociétés du même secteur.
    Prime de risque (actions) : la prime de risque des actions traduit le supplément de rendement offert par les marchés actions par rapport au « taux sans risque » des marchés obligataires (en général : taux des emprunts souverains à 10 ans). Ce rendement supplémentaire rémunère l’investisseur pour sa prise de risque. Spread de crédit : correspond à l’écart de rendement d’une obligation avec celui d’un emprunt « sans risque » de même maturité. Le terme « spread » désigne donc un « écart de taux » ou « différentiel de taux ». Plus la solvabilité de l’émetteur est perçue comme bonne, plus faible est le spread.

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