Antoine Fraysse-Soulier, analyste de marché pour eToro
Le S&P 500 n’a jamais été aussi cher, ni aussi concentré sur un nombre réduit de sociétés. Les 10 plus grandes sociétés du S&P 500 représentent 39,5 % des 500 entreprises composant l’indice, un record historique.
L’enchaînement des records historiques pour le S&P 500 n’est pas sans conséquence. Le ratio valorisation/chiffre d’affaires, vient de dépasser le niveau de la bulle internet du début des années 2000.
Les investisseurs paient désormais plus que jamais pour chaque dollar de chiffre d’affaires généré par les entreprises de l’indice. Jeudi dernier, l’indice de référence s’échangeait à 3,23 fois le chiffre d’affaires, un record historique.
Par ailleurs, le ratios cours/bénéfices, le fameux “PER” n’atteint pas des records, grâce aux marges bénéficiaires importantes de nombreuses entreprises parmi les plus valorisées de l’indice, mais ils se situent néanmoins à l’extrême limite historique. Le S&P 500 se négocie actuellement à 22,5 fois ses bénéfices prévus pour les 12 prochains mois, contre une moyenne de 16,8 fois depuis 2000.
De nombreux investisseurs estiment que les plus grandes actions américaines, principalement des entreprises technologiques, valent chaque centime investi. Des entreprises comme Nvidia et Microsoft continuent de booster leurs ventes et leurs bénéfices à un rythme soutenu et dominent désormais le marché. Les 10 plus grandes entreprises du S&P 500 représentaient 39,5 % de sa valeur totale à fin juillet, un record historique. Neuf d’entre elles affichent une capitalisation boursière supérieure à 1 000 milliards de dollars.
En avril, les investisseurs ont eu un aperçu des inconvénients liés à la concentration du marché sur un petit nombre d’actions coûteuses. Les annonces du président Trump concernant des taxes douanières ont déclenché une brève vague de ventes. Les sept grandes valeurs technologiques ont alors sous-performé l’indice S&P 500, qui lui-même a sous-performé si chacun de ses 500 membres était pondéré de manière égale.
La combinaison de valorisations très élevées et d’un volume de transactions très important accroît indéniablement la vulnérabilité du marché. Si tout le monde est effectivement long sur les mêmes valeurs, que se passe-t-il lorsque tout le monde vend au même moment ?
Pour l’instant, rien n’indique un début de correction, ni même de consolidation à Wall Street. Le S&P 500 a lâché 0.69% hier, mais reste en belle hausse de 9% depuis le 1er janvier. Attention toutefois, le mois de septembre est historiquement le plus mauvais mois en Bourse sur les 50 dernières années.