mar. Sep 2nd, 2025

Le Royaume-Uni va-t-il devoir faire appel au FMI comme en 1976 ?

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

 

  • Le taux à 30 ans est à 5,54%* – au-dessus de celui de la Grèce.
  • Le service de la dette explose à 111 milliards de livres sterling par an.
  • Le déficit public atteint 50 milliards de livres sterling, et continue d’augmenter.
  • Les prévisions de croissance tablent, au mieux, sur une stagnation économique.

 

Comment en est-on arrivé là ?

 

Ce n’est pas la malchance. Et ce n’est pas uniquement la faute au Brexit. En cause, une accumulation de mauvais choix : un recours abusif aux hausses d’impôts qui ont tué la croissance, le manque de courage politique pour baisser les dépenses publiques, l’incapacité de recourir à un QE en raison des risques inflationnistes et la perte de confiance des marchés depuis l’épisode Liz Truss.

 

Personne ne se presse au portillon pour acheter de la dette britannique. Les investisseurs étrangers réduisent leur exposition. Les institutions nationales et les banques britanniques sont saturées et ne peuvent plus en acheter. La Banque d’Angleterre non plus puisqu’elle est vendeuse nette.

 

Pour ne rien arranger, le chancelier de l’Échiquier, Rachel Reeves, qui prétendait restaurer les finances publiques britanniques, est discréditée.

 

Que va-t-il se passer ?

 

Scénario 1 : le gouvernement britannique se réveille et présente un budget qui réduit drastiquement les dépenses. Cela peut rassurer temporairement les marchés. Attention, les députés travaillistes de l’arrière-ban, qui ne sont pas sur cette optique, pourraient demander la tête du Premier ministre. À la clé, des élections législatives anticipées, au pire moment.

 

Scénario 2 : le gouvernement s’entête. Les taux d’emprunt continuent d’augmenter et, dans la foulée, les taux hypothécaires. La livre sterling devient de plus en plus volatile et atteint de nouveaux planchers. La Banque d’Angleterre panique… À partir de là, tout est possible.

 

Évidemment, il n’est fait référence ici qu’au Royaume-Uni.

 

À surveiller

 

Comme d’habitude, il faudra surveiller les chiffres de l’inflation en zone euro en août. Ils n’auront aucun impact immédiat sur la conduite de la politique monétaire puisque la BCE n’envisage pas de baisser ses taux en septembre.

 

Le chômage américain sera plus important à prendre en compte. Les révisions à la baisse des créations d’emplois en mai et en juin avaient ravivé les craintes de récession américaine cet été. Si le marché de l’emploi ralentit fortement, cela pourrait accentuer la pression sur la Fed pour qu’elle abaisse ses taux rapidement – et il y a fort à parier que le président Donald Trump publiera dans la foulée un communiqué acerbe visant la banque centrale.

 

A noter

 

Le prix du café continue d’augmenter. Les contrats à terme pour livraison en septembre sont désormais à un point haut de trois mois. La faute à Trump qui a imposé une taxe douanière prohibitive à l’égard du Brésil – l’un des principaux exportateurs mondiaux.

 

*Bloomberg, le 28 août 2025

Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM

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