L’effondrement de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB) remet en question la solidité du système bancaire américain. Pierre Gruson, Professeur de Finance à KEDGE Business School, donne son point de vue sur la politique monétaire des banques centrales.
La contagion des turbulences qui affectent la banque américaine SVB a peu de chances de déclencher une crise en Europe. Pour autant, cette faillite doit nous interpeller sur deux points :
Les hausses de taux des banques centrales sont-elles appropriées et justifiées ?
Depuis un an, les banques centrales relèvent leurs taux directeurs dans des proportions inédites (+ 4,5% depuis un an aux USA !). Chacune veut montrer ses muscles. Et pourtant, sommes-nous bien certains que l’inflation mondiale est à caractère monétaire ? Dans le cas contraire, les hausses de taux sont peu efficaces voire inopérantes. Les prochaines réunions de la Fed (cette semaine) et de la Banque Centrale Européenne (semaine prochaine) seront attentivement scrutées. Déjà, les anticipations de hausses sont sensiblement revues à la baisse.
Le contexte de relèvement des taux fragilise tous les comptes des institutions financières.
La baisse des taux initiée en 2007 pour absorber la crise des subprimes s’est avérée indispensable. Mais la sortie de la ZIRP (Zero Interest Rate Policy) va s’effectuer sur le fil du rasoir. Mécaniquement, tous les avoirs des institutions financières, que ce soient des banques ou des assurances, vont être affectés de baisse de valeur. Une tension sur la liquidité, l’inquiétude des épargnants pourraient s’avérer être des détonateurs redoutables. En effet, elles seraient conduites à revendre à perte leurs actifs, mêmes ceux que l’on juge peu risqués comme les obligations d’Etat. C’est ce qui est arrivé pour Silicon Valley Bank dont les clients ont demandé à être remboursés de 42 milliards de dollars en une seule journée.
Une pause immédiate dans le rythme de sortie des taux zéro est d’une urgence absolue.