mer. Nov 5th, 2025

L’Inde accélère sa quête d’autonomie stratégique en renforçant simultanément deux leviers majeurs : la production nationale de matériaux technologiques et la sécurisation de son approvisionnement énergétique. Le gouvernement de New Delhi prévoit ainsi de tripler son programme d’incitations pour la fabrication d’aimants en terres rares, avec une enveloppe portée à près de 788 millions de dollars.

Ce plan vise à réduire la dépendance à la Chine, qui contrôle aujourd’hui plus de 90 % du raffinage mondial et 98 % de la production d’aimants, indispensables à l’industrie des véhicules électriques, aux énergies renouvelables et à la défense.

L’énergie avant tout : un pragmatisme assumé face aux sanctions occidentales

En parallèle, malgré l’intensification des sanctions occidentales contre la Russie, l’Inde a augmenté ses importations de pétrole russe en octobre pour atteindre 1,48 million de barils par jour, selon les données de Kpler et OilX. Si Washington a sanctionné Rosneft et Lukoil, tout en imposant des droits de douane supplémentaires de 25 % sur certains produits indiens, New Delhi maintient une position pragmatique, privilégiant ses besoins énergétiques internes. Les grands raffineurs indiens, tels que Reliance et Indian Oil, continuent d’adapter leurs stratégies entre achats au comptant et recours à des producteurs non sanctionnés, illustrant la volonté du pays de sécuriser son accès au brut à prix compétitif malgré les pressions internationales.

Une souveraineté économique en construction entre Pékin, Moscou et Washington

Ces deux dynamiques traduisent la même logique : préserver la souveraineté économique de l’Inde face à la volatilité géopolitique mondiale. En diversifiant ses sources d’énergie et en développant ses capacités industrielles locales, le pays cherche à bâtir une indépendance technologique et énergétique compatible avec ses ambitions de puissance. Entre la pression occidentale, la domination chinoise et la nécessité de croissance nationale, New Delhi trace une voie d’autonomie pragmatique, fondée sur la résilience, la diversification et la maîtrise de ses ressources stratégiques.

Par Navidh Mansoor, directeur de rédaction de Croissance Investissement

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *