lun. Oct 27th, 2025
Il y a quelques jours, huit hauts responsables militaires chinois ont été limogés dans le cadre d’une vaste purge anti-corruption. Épiphénomène ? Loin de là. C’est l’une des conséquences de la lutte de pouvoir qui a cours, quasiment en catimini, au sein de la classe dirigeante chinoise. Le président Xi Jinping, âgé de 72 ans, prépare sa succession. Tout aurait pu se passer sans encombre. C’était sans compter l’ambition de Hu Chun Hua, ancien vice-premier ministre (2018-2023), qui cherche à tout prix à s’imposer. Deux clans s’opposent, et ce n’est pas sans effet sur la guerre commerciale.

Peu importe le locataire de la Maison Blanche, Xi Jinping a toujours été partisan d’une ligne ferme face aux Américains. Pour que Hu Chun Hua conserve ses soutiens au sein du Politburo, il doit se montrer encore plus jusqu’au-boutiste, ce qui n’incite pas le leadership chinois à faire preuve de flexibilité dans les négociations en cours avec l’administration Trump. Qu’attendre de la rencontre de Budapest qui doit avoir lieu dans les jours à venir ? Pas grand-chose. Probablement un retour au statu quo d’avant juin. Du côté américain, cela impliquerait d’annuler les taxes douanières de 100% visant les entreprises pharmaceutiques, dont beaucoup sont installées en Chine. Du côté chinois, Pékin pourrait en échange revenir au régime de licence sur les terres rares qui prévalait avant le 9 octobre et qui est moins pénalisant pour l’industrie américaine. Il n’y aura certainement rien de plus.

Le pire est à venir ? Si Hu Chun Hua, qui espère devenir président à la place du président, remporte son bras de fer avec Xi Jinping, les relations sino-américaines risquent de se dégrader davantage. Il fait campagne sur le soutien à la demande intérieure au détriment des exportations – le point d’attention majeur depuis la Covid. Par conséquent, il sera moins enclin à chercher un apaisement commercial.

Une chose est sûre, l’hypothèse souvent évoquée depuis 2018 d’une dévaluation du yuan pour soutenir l’économie chinoise a encore moins de poids que par le passé. Une dévaluation provoquerait inévitablement une fuite des capitaux qu’il serait difficile de colmater – au pire moment pour l’exécutif chinois qui est désuni et fragilisé. La stabilité relative du taux de change face au dollar paraît être le scénario le plus probable. C’est d’ailleurs ce qui a prévalu ces derniers mois. Le CNY s’est seulement déprécié de -0,56 % face au billet vert en un an*.

*Source : Tradingview, 24 octobre 2025

À surveiller

L’agenda économique est dominé par un quatuor de banques centrales cette semaine. La Banque du Canada, la Banque du Japon et la Banque Centrale Européenne ne devraient pas bouger leurs taux. Au Japon, les ventes d’ETFs afin d’assainir le bilan sont la priorité. En zone euro, nous pensons que le taux terminal a été atteint à 2%. Certains membres du Conseil des gouverneurs, comme le français François Villeroy de Galhau, n’ont pas exclu une nouvelle baisse de -25 points de base à l’avenir si la situation macroéconomique venait à se dégrader. Ce n’est clairement pas pour maintenant. Une nouvelle baisse du loyer de l’argent aurait peu d’effets sur l’économie alors que les conditions monétaires sont déjà souples. Le problème de l’Europe n’a pas changé ces dernières années. La demande intérieure est trop faible. Une baisse des taux à 1,75% n’y changera rien.

Du côté de la Réserve Fédérale américaine, le consensus prévoit une baisse des taux de -25 points de base à chaque fois lors des réunions de mercredi et du 10 décembre, ce qui porterait le taux directeur entre 3,50% et 3,75%. L’évolution pour 2026 va dépendre de la trajectoire de l’inflation. Le regain de protectionnisme tarde à se matérialiser en hausse préoccupante des prix.

Enfin, les résultats trimestriels, jusqu’à présent très bons, continuent avec Visa, Paypal (demain), Meta, Microsoft, Alphabet (mercredi), Amazon et Apple (jeudi).

A noter

Tout le monde est satisfait des prix bas du pétrole. Cette situation devrait perdurer jusqu’à mi-2026, au moins. Mais attention au retour de bâton. L’industrie pétrole et gazière sous-investit massivement depuis plusieurs années et cela pourrait provoquer un choc d’offre et une flambée des prix en 2027 ou 2028 si la tendance ne s’inverse pas. Toutes les bonnes choses ont une fin.

 

 

Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM

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