Ce qu’il faut retenir cette année
– Le classement compare 44 systèmes de retraite, couvrant 65% de la population mondiale.
– L’Islande est en tête du classement pour la deuxième année consécutive ; la Thaïlande ferme la marche (44ème position).
– La France perd à nouveau une place cette année et arrive en 22ème position.
– La retraite par capitalisation prend une place de plus en plus forte, notamment via l’accélération du remplacement des régimes à prestations définies par les régimes à cotisations définies.
– Les retraités devront assumer des risques financiers plus importants.
– Mercer et le CFA Institute publient leur 14ème classement annuel « Mercer CFA Institute Global Pension Index » (MCGPI). Le système de retraite de l’Islande est une fois de plus en tête de liste, les Pays-Bas et le Danemark conservant respectivement leurs 2ème et 3ème places. Alors que de plus en plus d’employeurs abandonnent les régimes à prestations définies (Defined Benefit – DB)*, le rapport étudie également les enjeux et les opportunités liés à la montée en puissance mondiale des régimes à cotisations définies (Defined Contribution – DC)*, dans lesquels les salariés endossent une responsabilité financière accrue.
Le rapport MCGPI est une analyse complète de 44 systèmes de retraite dans le monde. Il compare les régimes, en soulignant les insuffisances de chacun et en suggérant différents paramètres à réformer pour offrir des prestations de retraite plus appropriées et pérennes.
David Knox, Associé chez Mercer et auteur principal de l’étude, souligne l’importance de régimes de retraite solides dans un contexte d’incertitude externe croissante : « Les individus assument de plus en plus de responsabilités en matière d’épargne-retraite, dans un contexte particulièrement complexe et volatil, marqué par une inflation élevée, une hausse des taux d’intérêt et une incertitude accrue quant aux conditions économiques. Malgré les différences d’influences sociales, politiques, économiques ou historiques d’un pays à l’autre, bon nombre de ces défis sont communs à tous. Et si les réformes nécessaires peuvent prendre du temps et faire l’objet d’un examen approfondi, les responsables politiques se doivent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que les régimes de retraite soient encadrés, renforcés et réglementés ».
Marg Franklin, Présidente et Directrice Générale du CFA Institute poursuit : « Nous pensons que les professionnels de la finance peuvent avoir un impact positif sur la société en aidant les individus à traverser cette période complexe. Ce rapport donne un aperçu de la façon dont les régimes de retraite doivent s’adapter ou s’adaptent à l’environnement changeant, et formule également des recommandations sur une série de réformes qui peuvent être mises en œuvre pour améliorer les résultats à long terme de nos systèmes de retraite ».
Le passage à des régimes à cotisations définies (DC) accroît l’incertitude des retraités
Alors que les employeurs se détournent de la stabilité financière offerte aux retraités par les régimes à prestations définies (DB) (*), les individus sont confrontés à des risques et à des opportunités avant et après la retraite. Contrairement aux régimes DB, qui prévoient le versement d’un revenu régulier à vie au moment de la retraite, les régimes DC prévoient généralement l’accumulation d’une épargne versée en capital ou non au moment de la retraite. En outre, de nombreux gouvernements envisagent de réduire leur niveau de soutien financier pendant la retraite afin d’assurer la viabilité financière du pays à long terme.
Il en résulte que de nombreuses personnes ne pourront plus compter sur un soutien financier important de la part de leur ancien employeur et/ou du gouvernement quand elles seront en retraite. Il est donc essentiel que les intéressés prennent les meilleures décisions financières en cours de carrière pour maximiser la valeur de leur capital retraite, mais également après leur départ à la retraite pour garder un niveau de vie en adéquation avec leurs attentes et besoins.
“Les ménages devront réfléchir à un juste équilibre entre la perception d’un revenu régulier, l’accès à un certain niveau de capital et la protection contre les risques futurs, compte tenu des nombreuses incertitudes auxquelles sont confrontés les retraités” commente le Dr Knox.
Selon lui, “Il est essentiel que nous comprenions si les systèmes de retraite du monde entier sont en mesure de répondre aux besoins et aux attentes de leurs bénéficiaires pour les décennies à venir. Il n’y a pas de réponse unique ou parfaite – le meilleur système est celui qui aide les individus à maintenir le mode de vie qu’ils avaient avant d’être en retraite. Les gouvernements, les chefs d’entreprise et les dirigeants politiques doivent avoir recours à toute la palette de mesures et de produits disponibles pour que les individus puissent prendre leur retraite dans la dignité, la confiance et la sécurité financière.”
« En France, le régime général de retraite (Sécurité sociale et AGIRC-ARRCO) par répartition est très protecteur. Les retraités français ne sont pas très exposés au risque des marchés financiers. Mais ce système est très coûteux à long terme. Le Président Macron a promis une réforme dont l’entrée en vigueur serait mi 2023. A priori, cette réforme ne devrait être qu’une réforme paramétrique, pas aussi ambitieuse que celle envisagée avant la crise covid-19. Sera-t-elle réellement suffisante ? Au-delà de l’action de l’État, les Français devront de plus en plus être actifs dans la construction de leur revenu de retraite », ajoute Christel Bonnet, Directrice de clientèle Retraite, Mercer France.
L’édition 2022 en chiffres
L’Islande obtient la valeur d’indice global la plus élevée (84,7), suivie de près par les Pays-Bas (84,6) et le Danemark (82,0). La Thaïlande présente, quant à elle, la valeur d’indice la plus faible (41,7).
L’indice utilise la moyenne pondérée des sous-indices de performance, de viabilité et d’intégrité*. Pour chaque sous-indice, les systèmes ayant les valeurs les plus élevées sont l’Islande pour la performance (85,8) et la viabilité (83,8), et la Finlande pour l’intégrité (93,3). Les systèmes présentant les valeurs les plus faibles pour l’ensemble des sous-indices sont l’Inde pour la performance (37,6), l’Autriche pour la viabilité (22,7) et les Philippines pour l’intégrité (30,0). Par rapport à 2021, c’est le Mexique qui a le plus progressé grâce à sa réforme des retraites, qui a amélioré les conditions de vie des individus et la réglementation des retraites.
La France, avec 63,2, fait partie des systèmes qui présentent de bonnes caractéristiques, mais qui comportent également des risques majeurs et/ou lacunes qu’il convient de combler. Sans ces améliorations, son efficacité et/ou sa durabilité à long terme peuvent être remises en question. Les grands enjeux français restent la viabilité et l’intégrité du système actuel. Afin d’améliorer la valeur globale de l’indice français, 4 grandes pistes sont recommandées :
– la hausse du niveau des cotisations capitalisées, augmentant ainsi le niveau de l’épargne au fil du temps ;
– le recul de l’âge légal de la retraite ;
– l’augmentation du taux d’activité des séniors à mesure que l’espérance de vie augmente ;
– l’amélioration des exigences réglementaires du système de retraite privé.
Selon Alejandro Hiniesto, CFA, Directeur Général de CFA Society France, « derrière les systèmes de retraite, il y a des femmes et des hommes. Il est de la responsabilité des gouvernements et des prestataires de services financiers de leur permettre de percevoir un revenu adéquat pendant leurs années de retraite. Toute réforme doit concilier les intérêts des futurs retraités et l’équilibre du système, et s’accompagner d’importants efforts en matière d’éducation financière. »