mer. Déc 18th, 2024

Après une année volatile pour les marchés et un manque croissant de confiance envers les États et les institutions, Ned Naylor-Leyland explique pourquoi il est temps de considérer l’or différemment.

 

Lorsque l’on pense à l’or, il est facile de se laisser prendre au piège et de le comparer aux devises. Cependant, cette façon de penser est fondamentalement erronée. En réalité, ce que les investisseurs perçoivent comme étant la valeur de l’or, ne change jamais. Tout ce qui change, c’est la valeur de toutes les devises par rapport au prix de l’or. Celles-ci évoluent à des rythmes différents, mais toutes évoluent ensemble en fonction de l’or qui reste statique. Ainsi, le prix de l’or n’augmente jamais, mais certaines devises se déprécient plus rapidement par rapport à lui. Cette dépréciation est non seulement influencée par la force relative des devises, mais aussi par des facteurs externes tels que les réserves d’or, la demande de bijoux et la volatilité du marché. Bien entendu, cela signifie également que les devises peuvent s’apprécier par rapport à la valeur de l’or, ce qui entraîne une « baisse » de la valeur d’un investissement en or par rapport à cette devise.

Pourquoi est-ce si important ? Parce que c’est ainsi que les banques centrales considèrent l’or. En comprenant comment ils voient cette classe d’actifs, il est possible de contextualiser leurs décisions. Nous avons récemment constaté que les achats d’or des banques centrales sont les plus importants de ces 25 dernières années. Cela indique que la confiance envers la sécurité des monnaies traditionnelles diminue progressivement.  Selon le World Gold Council, les achats d’or des banques centrales ont atteint 673 tonnes rien qu’au cours de l’année2022, soit le niveau le plus élevé depuis 1967. Parmi les plus gros acheteurs de métal figurent les banques centrales de l’Inde, du Qatar et de l’Ouzbékistan, ainsi que certains acheteurs non divulgués qui estimaient évidemment que la déclaration de ces achats serait sensible au marché.

Alors, pourquoi les banques centrales du monde entier achètent-elles autant d’or ? Il y a deux raisons principales. Premièrement, la volatilité des marchés et la situation géopolitique, ont poussé de nombreuses banques centrales à augmenter leurs stocks d’or, considéré comme une valeur refuge en période de turbulences économiques. Deuxièmement, l’or est souvent considéré comme une bonne couverture à long terme contre l’inflation. Compte tenu de la persistance de niveaux élevés d’inflation, de nombreuses banques centrales préfèrent détenir leur richesse en or plutôt qu’en espèces.

Il semble que nous entrions dans une nouvelle ère caractérisée par la démondialisation et des structures de pouvoir multipolaires. Le paysage monétaire se caractérise dans le monde entier par une forte hausse des taux d’intérêt, une inflation galopante et des récessions imminentes. Dans cette nouvelle ère, nous constatons que les investisseurs considèrent à nouveau l’or comme une valeur refuge, voire comme un mécanisme de paiement apolitique. L’exemple le plus récent a été l’annonce par le Ghana de son intention d’utiliser l’or plutôt que le dollar américain pour acheter du pétrole. Cependant, la tendance à la dé-dollarisation se répand et s’articule autour de la relation importante et changeante entre les matières premières, l’or et le dollar.

L’ère de la confiance minimale

Qu’est-ce qui a changé en 2022 pour susciter cette demande massive d’or ? Le principal facteur a été la perte de confiance dans les institutions et les États souverains. La beauté de l’or est qu’il ne nécessite pas de confiance, contrairement aux devises émises par les gouvernements.  En raison de sa nature apolitique et de son offre limitée, il a traditionnellement été le choix consensuel d’un monde multipolaire, et c’est là que nous nous dirigeons à nouveau, bien que nous traversions une tempête de volatilité macroéconomique et géopolitique à court terme.

Bien que le dollar américain se soit renforcé en 2022, cela a été principalement dû aux orientations et à la politique des banques centrales. Les États-Unis devront revenir sur leur politique de hausse des taux d’intérêt à un moment donné en raison de l’émission record continue de bons du Trésor américain (dette publique) et du manque d’acheteurs sur le marché. Actuellement, la Fed est catégorique : elle poursuivra son régime de hausses de taux d’intérêt jusqu’à ce que l’inflation tombe à un niveau acceptable. Cependant, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne soit forcée de revenir sur sa politique actuelle. Lorsque cela se produira, les taux d’intérêt réels du dollar devraient s’affaiblir, créant un environnement favorable aux métaux monétaires exprimés en dollars américains, au même titre que la solidité que nous avons déjà observée pour l’or exprimé dans d’autres devises.  

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