Par Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY,
Macroéconomie & Géopolitique : sur le front économique, les bourses ont largement décroché en fin de semaine passée, après que Donald Trump a annoncé vouloir doubler les barrières commerciales sur la Chine, d’ici au 1er novembre et annuler une rencontre prévue avec Xi Jinping d’ici à deux semaines. Cette crispation est provoquée par la mise en place de restrictions sur les exportations de terres rares de la Chine, qui se sont particulièrement durcies ces derniers jours, en réponse aux Etats-Unis, qui limitent également leurs exportations de puces électroniques. De ce fait, le S&P 500 américain a décroché de 2,7% vendredi, le Nasdaq de 3,6%, le bitcoin de 10% et les actions européennes de 1,25%. De son côté, l’or a continué de progresser, dans ce climat tendu et de tensions chez les investisseurs.
Côté français, Sébastien Lecornu a été reconduit en tant que Premier Ministre et a proposé un nouveau gouvernement à Emmanuel Macron, qui mixe des profils techniques et politiques.
Sur le front géopolitique, l’accord de paix trouvé entre Israël et le Hamas redonne des espoirs sur la fin du conflit dans la bande de Gaza. De nombreux chefs d’Etat doivent désormais se retrouver en Egypte pour discuter de la reconstruction du territoire et trouver une solution durable pour stabiliser la région.
Gaz naturel: +1,1% sur les prix pour 2026 et +2,9% pour les prix de novembre 2025
Le prix du gaz a légèrement rebondi sur l’ensemble de la courbe des prix, et évolue dans une zone comprise entre 30 et 31 €/MWh pour 2026.
Du côté des fondamentaux, les flux de gaz norvégiens se situent à plus de 300 millions de m3/jour et sont stables, tout comme ceux de GNL, qui oscillent actuellement entre 4 et 4,5 TWh/j, leur plus haut niveau historique pour un mois d’octobre.
Toutefois, les baisses de températures et la hausse de la demande ont empêché les stocks de se remplir à un rythme soutenu. Ils ne sont remplis qu’à 83,02% actuellement contre près de 83% lundi dernier. Le marché étant donc plutôt tendu, les prix ont eu tendance à légèrement remonter.
Les frappes russes sur l’infrastructure gazière ukrainienne ne devraient accroître les besoins gaziers de l’Ukraine de 1 milliard de m3, qui seront fournis par l’Europe, un chiffre plutôt modeste, qui ne devrait pas avoir de répercussions haussières sur les cours.
Électricité : +0,4% sur les prix pour 2026 et +0,8% pour les prix de novembre 2025
De la même manière que le gaz, le prix de l’électricité a lui aussi rebondi légèrement, bien que les prix se maintiennent sous la barre des 60 €/MWh pour 2026 et 2027.
A court terme, le manque de vent a provoqué une forte hausse des prix SPOT, à plus de 113 €/MWh pour la France ou bien encore l’Allemagne. Les températures vont toutefois dépasser les moyennes de saison dans les prochains jours, évitant tout recours prononcé aux systèmes de chauffage, ou bien aux centrales thermiques pour compenser ce manque d’éolien.
Du côté du nucléaire, la disponibilité a augmenté, à 51 GW, à l’approche de l’hiver, ce qui constitue un niveau bien rassurant pour assurer la sécurité électrique de la France en cas d’hiver froid et de pics de demande.
Pétrole : -1,45% sur le prix du pétrole brut
Le prix du pétrole a rapidement chuté la semaine passée, alors même qu’il repartait à la hausse. Les annonces de Donald Trump concernant la Chine, avec les craintes que cela implique pour la croissance et donc la consommation de pétrole, ont contribué à faire chuter les prix, de même que la détente qui s’opère au Proche-Orient et qui contribue à diminuer la prime de risque sur la valeur de l’or noir. Celui-ci pourrait toutefois rebondir dans le cas où ou chinois et américains parviennent à trouver un compromis sur leurs différends commerciaux.
Co2: +0,69% sur le prix des quotas pour décembre 2025
Le CO2 se rapproche de plus en plus du niveau des 80 €/tonne, après avoir atteint 79,69 €/tonne à la clôture du marché vendredi. Les positions spéculatives sur cet actif ont augmenté de plus de 10% et s’élèvent à 85,7 millions de tonnes sur les EUA.
L’arrivée de l’hiver ainsi que la situation économique et géopolitique pèsent sur le prix du carbone et pourraient le pousser au-delà de ses niveaux actuels.
Charbon: -2,62% sur la tonne de charbon
Le charbon n’en finit plus de chuter, alors que les stocks européens sont bien remplis et que les centrales thermiques ne produisent que de manière limitée pour le moment.
Prix du gaz dans le monde :
Le prix du gaz en Asie reste toujours plus attractif qu’en Europe, bien que le Vieux Continent reçoit actuellement des quantités records de GNL dans ses ports.
Un nouveau méthanier en partance d’Arctic LNG 2, le La Pérouse, aurait livré du GNL à la Chine en passant par le Cap de Bonne Espérance, selon S&P Global Commodities, augurant une pérennisation des échanges sino-russes.