dim. Déc 22nd, 2024
  • Le nombre d’opérations de fusions-acquisitions au niveau mondial a baissé de 8% en volume et chuté de 15% en valeur au 1er semestre 2023 pour atteindre 1 174 milliards de dollars par rapport au 2nd semestre 2022
  • Le marché du M&A a baissé de 16% en volume, soit 53 473 transactions, et chuté de 45% en valeur pour atteindre 2 547 milliards de dollars sur un an glissant
  • L’activité globale de fusions et d’acquisitions a été inégale selon les régions et les pays mais la France tire son épingle du jeu, avec une augmentation de 4% en valeur de deals sur les 6 derniers mois
  • Le secteur des TMT a été le plus actif en matière de transactions au premier semestre 2023, représentant environ 28 % de l’ensemble des transactions mondiales.
 
De grands changements se sont opérés depuis le début de l’année : l’inflation décélère, les taux d’intérêt atteignent probablement leur sommet, des banques ont fait faillite, la crise du plafond de la dette aux États-Unis a été évitée, et le nouveau Big Bang technologique est au centre de toutes les attentions : l’IA générative. Autant de facteurs qui bouleversent le marché M&A et ouvrent de nouvelles perspectives. Le cabinet de conseil et d’audit PwC dévoile les résultats de son étude mondiale Global M&A Industry Trends, Mid year 2023, qui revient sur les fusions-acquisitions du premier semestre 2023 et donne les projections sur le reste de l’année.
 
Un marché mondial en baisse
 
Avec une baisse des méga-deals (transactions supérieures à 1 milliard de $), les dirigeants comptent sur le M&A mid-cap pour réaliser leur transformation stratégique et accélérer la croissance. Le marché du M&A baisse respectivement de 8 % en volume (25 631 transactions), et 15 % en valeur (1 174 milliards de $) au 1er semestre 2023, par rapport au 2nd semestre 2022 (qui avait déjà enregistré des performances très faibles). Sur un an glissant, le marché baisse de 16 % en volume (53 473 transactions), et de 45 % en valeur (2 547 milliards de $). La thèse d’investissement des acteurs du M&A reste la même avec un objectif de transformation des business models afin d’adresser les mega-trends de digitalisation, de décarbonation, de relocalisation et de création de valeur.
 
Le segment des mega-deals continue de souffrir, avec une décroissance de 16 % sur ce 1er semestre, et surtout une diminution de 58 % par rapport au record de 2021. Bien que plus transformantes par essence, ces transactions souffrent des difficultés de financement actuelles mais aussi d’un examen réglementaire plus approfondi de la part des autorités de la concurrence.
 
Cette tendance bénéficie au marché du mid-cap qui apparaît comme un socle solide du marché du M&A. Les entreprises privilégient ainsi les petites acquisitions, moins risquées par nature, pour réaliser leur transformation par petits pas dans cet environnement incertain.
 
Le marché français se démarque de la tendance mondiale avec une baisse des transactions de 26 % en volume (828 transactions) et une hausse de 4 % en valeur (35 milliards de $) au 1er semestre 2023. Toutefois, sur 12 mois glissants, les tendances restent largement négatives avec une baisse de 24 % en volume et de 29 % en valeur. Les acteurs du Private Equity restent fortement présents sur ce marché, représentant 56 % du volume et 60 % de la valeur des transactions.
 
« Le marché du M&A est plus résistant que ce qui était anticipé. C’est un marché d’acheteurs, notamment pour les acteurs disposant d’importantes liquidités ou positionnés sur le segment du mid-market. Il est donc essentiel pour les vendeurs de préparer encore plus les ventes à venir, à moins de posséder un actif rare sur le marché. » déclare Benjamin Ribault, Associé Deals chez PwC France & Maghreb.
 
Les Corporates, les animateurs du marché M&A
 
Les principaux acteurs du marché M&A sont les Corporates qui bénéficient de liquidités importantes, capables de créer des synergies et profitent d’une concurrence réduite pour acquérir ces actifs. Ces acteurs s’engagent aussi dans des revues portefeuilles, débouchant sur des cessions d’activités non-cœur. Ces décisions sont notamment influencées par trois facteurs principaux : un environnement où les capitaux se raréfient, et donc un besoin de recréer des marges de manœuvre ; une révolution technologique qui coûte de plus en plus cher, et donc un besoin d’être sélectif dans ses paris / investissements ; des dynamiques géopolitiques et réglementaires qui nécessitent d’être agiles et de vendre des actifs à risque.
 
Les fonds d’investissement (Private Equity) restent actifs mais se sont plus concentrés sur l’optimisation de leurs portefeuilles via des build-ups et des investissements technologiques (cloud, data & Analytics), et ont aussi participé à de nombreux retraits de côte. Les fonds disposent encore d’une puissance de feu (dry powder) de 2 500 milliards de dollars, et font preuve d’ingénierie financière pour financer leurs opérations en combinant de multiples sources de financement (prêts à terme, crédits vendeurs, earn-out, opérations en consortium ou minoritaires, etc.). La part du Private Equity reste ainsi relativement stable sur ce semestre avec 40 % du volume et de la valeur des transactions au niveau mondial.
 
Le segment de la restructuration ne connaît pas la crise
 
Le secteur des technologies, des médias et des télécommunications (TMT) a été le secteur le plus actif en matière de transactions au cours du 1er semestre 2023, représentant environ 28 % de l’activité mondiale des transactions. Cependant, en ce qui concerne les valeurs des transactions, c’est le secteur de l’énergie, des services publics et des ressources (EU&R) qui a été en tête avec 23 % de la valeur des transactions (pour seulement 9 % des volumes de transactions). Le secteur EU&R reste très attrayant pour les investisseurs, principalement en raison des investissements importants dans la transition énergétique dans un contexte où les entreprises cherchent à atteindre leurs engagements en matière d’engagements net-zero.
 
Le segment qui ne connaît pas la crise est a contrario celui de la restructuration avec une augmentation au 1er semestre qui devrait continuer d’ici la fin de l’année. La combinaison d’une croissance plus faible, de pressions inflationnistes, de difficultés de financement (coût élevé et rareté des capitaux disponibles) et des perturbations continues des chaînes d’approvisionnement pourrait s’avérer fatale pour un certain nombre d’acteurs qui étaient protégés jusqu’à présent par des dispositifs d’aides publiques. L’étude PwC prévoit ainsi que de nombreuses restructurations soient déclenchées par des processus de sauvetage bancaire. Les secteurs à risque sont le commerce de détail, les biens durables, l’immobilier et l’industrie.
 
Vers un redressement du marché ?
 
En termes de perspectives, PwC reste optimiste sur le redressement du marché M&A à terme, au vu des tendances de transformation engagées par l’intégralité des acteurs. De plus, l’environnement de taux d’intérêt plus stable devrait permettre aux négociateurs de s’accorder plus facilement sur le prix des transactions, et ainsi libérer un des principaux freins actuels du marché.
 
« Les transactions qui permettent d’accélérer les transformations de business models sont plus que jamais pertinentes dans le marché actuel, et nous nous attendons à ce que notre moto “Transact to Transform” soit un des thèmes majeurs d’investissement quand le marché du M&A repartira à la hausse dans les mois qui viennent. » déclare Stéphane Salustro, Associé responsable des Activités Deals chez PwC France et Maghreb.

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