ven. Juin 27th, 2025

Le secteur de la fintech reprend vie. Après une année 2021 marquée par un certain ralentissement, les introductions en bourse de sociétés comme Circle, eToro, ou encore celles à venir comme Stripe, ont refait surface en 2025, et Chime pourrait bien en être le point central.

La néobanque américaine Chime Financial, Inc. s’introduit en bourse sur le Nasdaq sous le symbole CHYM, avec une offre de 32 millions d’actions à un prix compris entre 24 et 26 dollars. L’opération pourrait lui permettre de lever jusqu’à 800 millions de dollars, portant sa capitalisation potentielle à environ 11 milliards de dollars — soit près de la moitié de sa valorisation en 2021, lors du boom des fintechs, où Chime atteignait 25 milliards de dollars.

Mais une valorisation plus modeste n’est pas nécessairement un signe de faiblesse. Pour certains investisseurs, cela pourrait au contraire représenter le type de « réajustement » que le marché attendait.

Chime : une néobanque avec une mission

Depuis sa création, Chime a bâti sa marque sur des fondamentaux simples : pas de frais de découvert, un accès anticipé aux dépôts directs, et un compte épargne rémunéré à 2 % par an. Aujourd’hui, la plateforme revendique plus de 23 millions de comptes et un chiffre d’affaires de 1,6 milliard de dollars sur les douze derniers mois. Une approche qui continue de bousculer les banques traditionnelles et de séduire de nombreux clients.

Profil financier : croissance soutenue, mais vigilance requise

Selon son dépôt S-1, Chime affiche une dynamique impressionnante, avec une croissance des revenus de 28 % en 2024 et une prévision de 30 % en 2025, portée principalement par les frais de transaction et les abonnements premium.

Mais les pertes restent un point de vigilance : 141 millions de dollars en 2024, contre 17 millions en 2023, en raison de coûts technologiques et marketing élevés — les dépenses d’exploitation ont progressé de 22 %, atteignant 847 millions de dollars. La réserve de trésorerie de 1,2 milliard de dollars constitue un matelas de sécurité appréciable, mais le chemin vers la rentabilité dépendra de la capacité de l’entreprise à s’adapter tout en maîtrisant ses coûts, dans un environnement hautement concurrentiel.

Une réévaluation réaliste ou un actif sous-évalué ?

L’évaluation de 11 milliards de dollars, basée sur un multiple de chiffre d’affaires prévisionnel de 4 à 5 fois, semble plus raisonnable dans le contexte actuel du marché. Comparativement, Nubank se négocie autour de 6,5x, Robinhood à moins de 4x (mais est déjà rentable), et SoFi autour de 5,6 à 6x, ce qui place Chime dans une zone cohérente. Les valorisations des fintechs ont reculé après les sommets atteints pendant la pandémie (jusqu’à 25x les revenus en 2021), pour revenir à une fourchette plus soutenable de 5-6x, reflet d’une plus grande maturité du secteur.

Cela dit, avec un TCAC de 40 % du nombre de comptes depuis 2020 et une forte notoriété, Chime pourrait être sous-évaluée. D’autant que l’intérêt des investisseurs institutionnels est fort : selon Reuters et Bloomberg, la demande aurait dépassé l’offre par plus de dix fois, ce qui pourrait faire grimper le prix au-delà du plafond de 26 $ dès le premier jour de cotation.

Risques : réglementation, économie et concurrence

Environ 70 % des revenus de Chime proviennent des commissions d’interchange, perçues sur chaque transaction par carte de débit. Ce modèle est dans le viseur des régulateurs américains, qui envisagent des restrictions similaires à celles déjà en place en Europe.

Autre point de vigilance : la hausse du coût d’acquisition client (CAC), qui a atteint 148 dollars en 2024, soit une progression de 15 % par rapport à l’année précédente, pèse sur l’efficacité économique du modèle.

Parallèlement, la concurrence s’intensifie. Des acteurs comme PayPal, Cash App (Block), Revolut, ou encore les banques traditionnelles, accélèrent leur transition numérique. Si Chime ne parvient pas à améliorer la monétisation et la fidélisation, sa part de marché pourrait reculer. Le succès de son IPO dépendra de sa capacité à convertir l’engouement actuel en croissance durable, et à démontrer la viabilité de son modèle dans un environnement macroéconomique plus contraint.

Qu’est-ce que cela signifie pour le marché ?

L’introduction en bourse de Chime ne concerne pas uniquement une entreprise : elle représente un test de maturité pour l’ensemble du secteur des néobanques.

L’intérêt des Millennials et des Zoomers pour les services bancaires mobiles est indéniable : 65 % des jeunes Américains préfèrent désormais gérer leurs finances via smartphone.

Si Chime réussit à capitaliser sur son entrée en bourse, cela pourrait ouvrir la voie à une nouvelle vague d’introductions en bourse dans la fintech : Plaid, Stripe et d’autres pourraient suivre.

Le potentiel est là, mais il faudra de la patience
L’introduction en bourse de Chime marque une avancée audacieuse sur les marchés, avec une valorisation mesurée et un réel engouement des investisseurs. L’entreprise a le potentiel pour devenir un acteur majeur du secteur si elle parvient à naviguer les risques réglementaires et à atteindre la rentabilité.

Chime présente un modèle d’affaires clair, fondé sur l’accessibilité et la transparence, mais peine encore à générer des bénéfices durables. L’IPO ne doit pas être perçue comme l’aboutissement d’une trajectoire de croissance, mais plutôt comme le point de départ d’une nouvelle phase stratégique. La discipline sera clé : optimiser l’économie unitaire, contenir les coûts et trouver l’équilibre entre croissance et rentabilité.

Une image contenant Visage humain, personne, habits, mur

Description générée automatiquement« Pour les investisseurs de long terme, cette entrée en bourse représente une opportunité d’accéder à un secteur de la banque numérique en plein essor à une valorisation raisonnable. Mais comme pour tout actif de croissance, elle exige du temps, de la résilience et une tolérance à la volatilité. Pour ceux qui croient en la transformation digitale de la finance, le titre CHYM pourrait constituer un ajout prometteur à leur portefeuille », souligne Thomas Jaquet, Responsable France chez Freedom24.

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