Contexte macroéconomique et perspectives économiques
L’économie américaine montre des signes de résilience, bien que des ajustements soient attendus. Le marché de l’emploi devrait connaître une dégradation progressive, avec un taux de chômage atteignant 4,5 % en 2026, légèrement au-dessus du plein emploi estimé à 3 %. Cette situation pourrait inciter la Réserve fédérale américaine (Fed) à poursuivre ses baisses de taux d’intérêt, avec un taux terminal attendu autour de 3 %. Parallèlement, la consommation des ménages devrait bénéficier d’une relance modérée grâce à des crédits d’impôt de 70 milliards de dollars début 2026, ce qui pourrait stimuler à la fois la consommation et les investissements sur les marchés financiers.
Sur le plan monétaire, l’inflation américaine devrait se stabiliser autour de 3 %, ce qui justifie une politique monétaire accommodante de la Fed. Concernant le dollar, après une chute historique de 12 % en 2025, une baisse modérée de 4 à 5 % du Dollar Index est prévue en 2026. Cette évolution, bien que notable, devrait avoir un impact limité sur les actifs en dollars.
Marchés financiers et allocation d’actifs
Les actions technologiques américaines continuent de dominer les marchés grâce à la résilience des « sept magnifiques » (Nvidia, Alphabet, Meta, etc.), dont les bénéfices représentent 37 % de ceux du S&P 500, avec une croissance impressionnante de 28 % au troisième trimestre. Contrairement à la bulle Internet des années 2000, les valorisations actuelles, bien que parfois élevées (comme Palantir avec un P/E de 200), sont soutenues par des fondamentaux solides et des modèles d’affaires rentables.
Outre la technologie, d’autres secteurs se démarquent par leur potentiel. Les actions environnementales, notamment celles liées à l’énergie solaire, bénéficient d’un contexte favorable grâce à des signaux prix positifs. Le secteur de la santé et des biotechnologies reste prometteur, bien que la performance soit concentrée sur quelques entreprises spécifiques. Les actions chinoises, en particulier dans les domaines technologiques et robotiques, offrent également des opportunités intéressantes. En matière de dette, la dette souveraine européenne, notamment celle des pays du sud de l’Europe, est jugée plus attractive que la dette américaine, en raison de l’endettement croissant des États-Unis.
Énergie et matières premières
Les perspectives pour le pétrole en 2026 restent incertaines. Bien que le consensus anticipe une baisse des prix, entre 30 et 50 dollars, une hausse inattendue de la demande pourrait provoquer une augmentation des prix, notamment en raison des prévisions souvent sous-estimées de l’Agence Internationale de l’Énergie. L’or, quant à lui, demeure une classe d’actifs recommandée, confirmant son rôle de valeur refuge dans un contexte économique incertain.
Innovation et super cycle de l’IA
L’IA s’inscrit dans un super cycle d’innovation, marqué par une adoption technologique de plus en plus rapide. Par exemple, ChatGPT a atteint un million d’utilisateurs en seulement cinq jours, un record. Les investissements dans l’IA, notamment dans les centres de données et la robotique, sont massifs mais financés par des trésoreries solides, ce qui limite les risques de surendettement. Les États-Unis dominent dans le domaine des modèles de langage (LLM), tandis que la Chine se concentre sur la robotique et l’IA dans le secteur non-coté.
Un point notable est l’économie circulaire, qui repose sur des financements massifs dans des entreprises comme OpenAI. Bien que ces schémas financiers puissent sembler complexes, ils ne représentent pas un risque systémique. Les géants technologiques, tels que Nvidia, bénéficient de ces investissements grâce à des retours sur investissement intégrés, ce qui renforce leur position sur le marché.
Risques et opportunités
Malgré des perspectives globalement positives, certains risques subsistent. La volatilité des cryptomonnaies, notamment le Bitcoin, pourrait accentuer les fluctuations des marchés, en raison d’une corrélation croissante avec le Nasdaq. Les tensions géopolitiques et économiques, telles que la déflation chinoise, les tensions sur le crédit privé américain et les incertitudes politiques en Amérique latine, nécessitent une vigilance accrue.
Un autre point d’attention concerne la Banque du Japon, qui pourrait envisager une hausse des taux directeurs. Bien que cela reste peu probable, une telle décision pourrait avoir des répercussions sur les investisseurs utilisant le carry trade sur le yen.
Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement
chez Pictet Asset Management