mer. Nov 5th, 2025

ntre sexisme, solitude, syndrome de l’imposteur et maternité,

il est toujours difficile d’être une femme entrepreneure en 2025.

 

  • 56% ont été confrontées à des discriminations comme des commentaires sexistes ou paternalistes, à des avances déplacées lors de rendez-vous professionnels, ou à des situations de harcèlement sexuel.
  • Avec un indice moyen de 5,35/10, la solitude apparaît comme un sentiment diffus mais persistant, qui pèse particulièrement en période de stress pour 39 % des dirigeantes.
  • 93% des femmes entrepreneures ont déjà souffert du syndrome de l’imposteur
  • 37% estiment que la maternité est perçue comme un frein ou un risque dans leur parcours.

 

En 2025, les femmes entrepreneures continuent de faire face à de nombreux défis spécifiques : sexisme persistant, sentiment de solitude, syndrome de l’imposteur et conciliation complexe avec la maternité. Si ces réalités pèsent sur leur parcours et influencent leurs choix, elles ne freinent pas leur détermination. La quasi-totalité d’entre elles réaffirment qu’elles referaient ce choix entrepreneurial sans hésiter, preuve d’une résilience remarquable. Cet état d’esprit puissant, ce message de persévérance et de détermination dans leur projet, souligne cependant la nécessité de mieux les accompagner pour transformer ces obstacles en leviers.

 

Tels sont les enseignements de l’enquête menée dans le cadre de l’édition 2025 du concours « Créatrices d’Avenir » par le réseau associatif Initiative Ile-de-France, auprès de 615 femmes entrepreneures*.

En complément de sa mission de valorisation et de promotion de l’entrepreneuriat des femmes, le dispositif « Créatrices d’Avenir » vise aussi à identifier les freins et proposer des leviers d’action permettant de stimuler un véritable vivier de croissance pour l’économie. Et de construire un monde où le genre ne serait plus un critère pour oser entreprendre et réussir.

 

En 2025, le sexisme dans l’entrepreneuriat est une réalité tenace

 

Pas de surprise sur ce terrain, en 2025, le sexisme persiste et signe dans l’entrepreneuriat. 56% des femmes entrepreneures, soit plus de la moitié des sondées, déclarent avoir déjà été confrontées à des obstacles ou discriminations directement liés à leur genre. C’est 5 points de plus par rapport à l’an passé !

 

L’entrepreneuriat des femmes continue donc de se heurter aux préjugés liés au sexe, aux stéréotypes sexistes et aux discriminations de genre. Dans le détail, elles sont 66% à avoir fait face à un comportement déplacé. Parmi elles, 45% ont déjà été victimes de propos sexistes ou paternalistes, 16% d’avances lors de rendez-vous professionnels, et même 5% de pressions sexuelles ou chantages implicites en lien avec un financement, un partenariat.

 

Des comportements et des situations qui ont directement impacté leur activité ou leurs choix professionnels pour 41% : soit en évitant certains environnements ou événements (25%), soit en interrompant ou refusant une collaboration (16%). Les autres ont fait le choix de fermer les yeux ou passer outre pour ne pas freiner le développement de leur projet d’entreprise.

 

Femmes et hommes sur un pied d’égalité : la solitude, un facteur de fragilité partagé

 

Sentiment commun à beaucoup d’entrepreneurs à un moment ou un autre de son parcours : la solitude. « Qu’il ou elle soit solo, avec des associés, à la tête d’une équipe, tout le monde peut y être confronté, indépendamment de son genre », souligne Francine Savidan, présidente d’Initiative Île-de-France. Avec une moyenne de 5,35/10, le sentiment de solitude des dirigeantes est loin d’être marginal. Sans être écrasant, il reste un ressenti suffisamment fort pour peser sur le quotidien et souligner le besoin d’accompagnement, de réseaux et de dispositifs de soutien adaptés.

 

L’étude révèle ainsi que la solitude fait partie intégrante de l’expérience entrepreneuriale, avec des moments particulièrement marqués. 39% des dirigeantes déclarent la ressentir davantage lors de périodes de stress (forte activité, signature de contrats ou de partenariats), tandis que 30% évoquent les prises de décisions importantes comme instants de vulnérabilité. Fait marquant, 7% confient ressentir la solitude même dans leurs réussites, faute de pouvoir les partager, et 18% vivent avec ce sentiment quotidiennement !

 

Lutter contre l’isolement grâce à l’accompagnement

 

La solitude n’est cependant pas une fatalité. Pour lutter contre l’isolement des entrepreneurs, 53% déclarent appartenir déjà à un réseau ou une communauté d’entrepreneurs, tandis que 37% aimeraient pouvoir rejoindre un collectif. Interrogées sur les soutiens qui leur permettraient de mieux vivre cette réalité, les dirigeantes plébiscitent en premier lieu le parrainage et le mentorat (31%), suivis des événements de networking ciblés (29%) et de l’accompagnement par un coach ou un psychologue (22%). Enfin, les groupes de parole ou de soutien sont cités par 14% des répondantes.

 

Le syndrome de l’imposteur : un mal (très) féminin et un frein silencieux

 

Dévalorisation, sentiment de ne pas être à la hauteur, manque de confiance en soi, illégitimité malgré des succès et accomplissements… autant de ressentis qui portent un nom : le syndrome de l’imposteur. « Ce phénomène, qui touche particulièrement les femmes, frappe souvent les profils les plus compétents, au point d’éroder leur confiance en leur capacité à mener une carrière ambitieuse et valorisante », explique Francine Savidan.

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 93% des dirigeantes déclarent avoir déjà douté de leurs compétences même lorsqu’elles réussissent dont 66% « souvent ». Seules 7% affirment n’en souffrir jamais.

 

Les impacts sont loin d’être anecdotiques. Le syndrome de l’imposteur conduit à sous-estimer la valeur de son offre ou produit (56%), à ne pas oser solliciter suffisamment de clients, de partenaires ou de financements (45%), ou encore à éviter de prendre la parole en public ou à se mettre en avant (46%). Certaines avouent même avoir hésité à lancer leur projet entrepreneurial (31%) par peur de ne pas être à la hauteur.

 

Enfin, ce « mal invisible » est accentué par les représentations genrées : 61% des répondantes estiment que le fait d’être une femme accentue ce sentiment de « ne pas être légitime » dans le monde de l’entrepreneuriat.

 

Maternité et entrepreneuriat une équation encore complexe

 

La maternité ! Un état de grâce qui, lorsqu’il se conjugue à l’entrepreneuriat, peut vite compliquer le parcours des femmes dirigeantes. Interrogées sur les critères où la maternité a le plus d’impact (positif ou négatif), les répondantes placent en tête la charge mentale et la gestion du temps et des priorités.

Mais le tableau n’est pas tout sombre : l’entrepreneuriat offre aussi un atout reconnu par beaucoup, celui de l’autonomie et de la flexibilité, dans un emploi du temps bien souvent (sur)chargé.

 

Quant à la compatibilité de la maternité avec l’entrepreneuriat, 37% estiment qu’elle est perçue comme un frein ou un risque, tandis que 46% considèrent que cela dépend du milieu ou des interlocuteurs.

Un consensus fort se dégage néanmoins : 91% jugent nécessaire de renforcer les actions pour mieux concilier maternité et entrepreneuriat. Comment ? L’accès facilité à des dispositifs de garde d’enfants, des aides financières adaptées aux mères entrepreneures, et le développement de réseaux de soutien et de mentorat, sont les trois solutions jugées les plus utiles. Et quand on sait que 64% des répondantes ont des enfants… l’expérience parle pour elles.

 

La résilience comme moteur

 

Malgré tous ces obstacles et freins, 93% des femmes interrogées se disent prêtes à se relancer dans l’aventure entrepreneuriale si c’était à refaire. Cette donnée, au-delà des indicateurs d’inégalité, traduit la vitalité et la détermination d’un entrepreneuriat des femmes qui ne cesse de croître.

 

« Les femmes entrepreneures démontrent chaque jour leur force, leur créativité et leur résilience, malgré les nombreux freins qui persistent comme le montre cette étude. Prises en étau entre sentiment d’isolement, syndrome de l’imposteur, charge mentale accrue et sexisme, elles avancent pourtant, portées par une détermination admirable. Avec Créatrices d’Avenir, notre ambition est claire : lever les obstacles à l’entrepreneuriat des femmes, briser les clichés, amplifier la visibilité des femmes qui entreprennent et créer un environnement où leur talent et leur légitimité ne seront plus jamais remis en question. Le chemin est encore long, certes, mais grâce à l’engagement de tous nos partenaires tant publics et privés et au soutien de nos bénévoles présents sur tout le territoire francilien, nous voyons chaque jour les lignes bouger un peu plus vite. » — Francine Savidan, présidente d’Initiative Ile-de-France

 

 

Créatrices d’Avenir, un engagement fort pour booster l’entrepreneuriat des femmes en Ile-de-France

 

Plus que jamais le développement de l’entrepreneuriat passe par un objectif de réelle mixité, et donc une véritable volonté de booster l’expression du talent entrepreneurial des femmes et de le faire éclore dans les meilleures conditions. Une mission dans laquelle est fortement engagé le réseau Initiative Ile-de-France à travers « Créatrices d’Avenir ». Lancé en 2011, « Créatrices d’Avenir » est un programme de sensibilisation, de valorisation et de soutien dont l’objectif est d’encourager les femmes qui font le pari de l’entrepreneuriat, qu’elles soient en phase d’amorçage ou de développement de leur activité.

 

Plus qu’un concours, « Créatrices d’Avenir » est un véritable levier d’accompagnement. Du lancement de l’appel à candidatures jusqu’à la cérémonie de remise des prix récompensant les parcours et projets les plus inspirants, les candidates entrent dans un programme d’accompagnement complet : informations sur les aides disponibles à la création-reprise d’entreprise, conseils en stratégie, recommandations sur leur projet entrepreneurial, coaching, formation au pitch et à la prise de parole, mise en réseau, accès à des solutions de financement (prêts d’honneur, aides du Conseil régional, outils financiers portés par Bpifrance), etc.

 

Depuis son lancement, « Créatrices d’Avenir » a enregistré, étudié et challengé 4 900 candidatures, sélectionné 220 finalistes et récompensé 90 lauréates. Ces dernières profitent chaque année de dotations à hauteur de 60 000 € mobilisées auprès des partenaires publics et privés du programme. Des dotations en numéraire, mais aussi en accompagnement (visibilité, conseils et coaching, billets d’avion, mise en réseau…) en fonction des besoins de chaque dirigeante d’entreprise. Les lauréates tirent également parti de l’important réseau de partenaires d’Initiative Ile-de-France, organisateur du programme, et rejoignent la communauté active et solidaire des « Créatrices d’Avenir ».

 

 

* Questionnaire diffusé du 1er juin au 6 octobre 2025 par Initiative Ile-de-France auprès de créatrices et repreneuses d’entreprises, engagées ou ayant été engagées dans une candidature au concours « Créatrices d’Avenir », ainsi que soutenues dans leur projet par les associations locales du réseau Initiative Ile-de-France (615 répondantes)

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