Par Claudia Panseri, Chief Investment Officer chez UBS WM France,
Historiquement, la reprise des baisses de taux par la Fed s’est souvent accompagnée d’une montée des risques de récession, sans pour autant déboucher systématiquement sur une récession. Nous anticipons que la Fed relancera son cycle d’assouplissement la semaine prochaine, avec une baisse de 25 points de base prévue le 17 septembre (Fig .1). Les marchés s’attendent également à ce que la Fed reprenne son cycle de baisse des taux dès la semaine prochaine, avec environ six réductions prévues sur les douze prochains mois.
Depuis le discours de Jerome Powell à Jackson Hole, il est devenu évident que la réaction de la Fed se concentre davantage sur le marché du travail que sur l’inflation. Bien que les données montrent qu’une grande partie de la faiblesse du marché du travail provient d’une offre plus faible (notamment du côté de l’immigration), la demande montre également des signes d’affaiblissement. En effet, les indicateurs avancés comme l’ISM emploi suggèrent que la croissance de l’emploi devrait encore ralentir.
Des baisses de taux en l’absence de récession pourraient soutenir la poursuite de la hausse des actions. La performance des marchés actions dépend essentiellement de la survenue ou non d’une récession. Lorsque la reprise des baisses de taux n’a pas été suivie d’un ralentissement économique, les actions ont généralement continué à progresser et ont atteint de nouveaux sommets dans les six mois suivants, surperformant les obligations. À l’inverse, en cas de récession, les actions ont tendance à reculer après la baisse de taux, avant de se redresser sur les douze mois suivants, tandis que les obligations surperforment dans un premier temps.
Si la Fed devait reprendre ses baisses de taux et qu’une récession était évitée, l’expérience historique suggère qu’un élargissement de la performance vers les secteurs et valeurs jusque-là en retard pourrait s’accélérer. Dans ce contexte, comment investir ?
États-Unis : Technologie, santé, services aux collectivités et financières. Aux États-Unis, nous anticipons les meilleures performances dans les secteurs de la technologie, de la santé, des services aux collectivités et des financières.
Technologie : À court terme, les investisseurs doivent rester attentifs au risque de « surcharge d’investissements » (“capex indigestion”), car la progression du chiffre d’affaires additionnel reste en retrait par rapport à l’ampleur des investissements engagés par les grandes entreprises technologiques. En revanche, à moyen et long terme, l’exposition à l’intelligence artificielle (IA) apparaît comme un facteur clé de performance pour les portefeuilles. L’adoption de l’IA par les consommateurs et les entreprises dépasse les anticipations, et les acteurs du secteur avancent dans la monétisation de ces nouveaux usages. Nous pensons que le potentiel de monétisation continuera de s’élargir et restons confiants dans la capacité des entreprises technologiques à dégager un rendement attractif sur leurs investissements actuels.
Santé : L’industrie pharmaceutique fait face à une incertitude importante, liée non seulement aux tarifs douaniers mais aussi à la volonté de Trump d’imposer un système de prix des médicaments basé sur le principe du « pays le plus favorisé » (MFN). Toutefois, une grande partie des conséquences potentielles de ces deux risques politiques semble déjà intégrée dans les valorisations. La résolution de ces incertitudes devrait nettement améliorer le sentiment et soutenir les valorisations. Nous continuons de juger le secteur de la santé américain comme attractif. De nouveaux traitements prometteurs dans des marchés vastes et peu exploités (obésité, Alzheimer, etc.) devraient compenser les expirations de brevets.
Services aux collectivités : Les caractéristiques défensives du secteur offrent une couverture dans un portefeuille en cas de ralentissement économique. De plus, environ 20 à 25 % du secteur est exposé de manière significative à la demande énergétique liée à l’IA.
Financières : L’assouplissement de la réglementation, les premiers signes de reprise de l’activité sur les marchés de capitaux et l’amélioration des marges d’intérêt devraient soutenir le rebond du secteur. La croissance continue des paiements, portée par l’adoption du digital et des volumes de transactions robustes, ajoute une dynamique supplémentaire. Nous pensons que ces tendances positives, associées à des fondamentaux solides, positionnent bien le secteur pour les mois à venir. En Europe, nous privilégions les valeurs de qualité, les industrielles ainsi que les actions suisses à haut rendement. Nous recommandons d’investir dans les entreprises qui profiteront de la relance budgétaire en Allemagne et de la hausse des dépenses de défense, tout en privilégiant les valeurs solides et défensives pour naviguer dans un environnement plus volatil.
Valeurs de qualité européennes : Nous jugeons les actions européennes de qualité Attractives. Leur forte rentabilité, la résilience de leurs résultats et la solidité de leurs bilans les rendent bien adaptées à un environnement de fin de cycle et à une hausse potentielle de la volatilité. Historiquement, ces valeurs ont surperformé lors des périodes de faible croissance et d’incertitude, et une grande partie du risque tarifaire direct semble désormais intégrée.
Industrielles européennes : Nous sommes positifs sur les industrielles européennes, portées par une croissance structurelle à long terme et des catalyseurs à court terme. Le secteur se négocie avec une décote de P/E par rapport aux industrielles américaines, offre une exposition structurelle à notre thème « énergie et ressources », et bénéficierait du rapatriement de la production et de la hausse des dépenses de défense en Europe. En outre, le secteur devrait profiter d’une reprise de l’activité manufacturière mondiale, soutenue par la fin du déstockage en Chine, un marché clé pour plusieurs grands groupes industriels européens.
Stratégies de dividendes et de revenus de haute qualité suisses : Nous estimons que les actions suisses versant des dividendes sont Attractives, avec un rendement moyen d’environ 3 %, supérieur à celui des obligations en francs suisses. Grâce à des bilans solides et une rentabilité robuste, nous pensons que la distribution de dividendes est durable.
Figure 1 : Nos prévisions concernant l’évolution des taux d’intérêt
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