sam. Nov 9th, 2024

 

La France est « entrée dans une économie de guerre dans laquelle je crois nous allons durablement nous organiser », annonçait le président de la République, le 13 juin 2022, lors de l’inauguration de la 27 e édition du salon Eurosatory. C’était donc il y a deux ans, quelques mois seulement après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Conscient de la nécessité « d’ajuster les moyens aux menaces », le chef de l’État avait ensuite notamment demandé à Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, d’augmenter les capacités de production. Le 6 septembre 2022, le ministre lançait ainsi les travaux avec les industriels de défense, en présence ndu chef d’état-major des armées, du délégué général pour l’armement et du secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale. Le mot d’ordre est alors sans ambiguïté : afin de conserver notre
autonomie stratégique, il faut « produire plus et plus vite », dans un modèle « soutenable pour l’État ». Comme le prescrit la Revue nationale stratégique 2022, il est désormais essentiel que l’outil industriel s’organise « pour soutenir un effort de guerre dans la durée ».

Pour mener cette entreprise ambitieuse, la Direction générale de l’armement, en lien avec les autres entités du ministère des Armées et les industriels, s’est attaquée à cinq chantiers prioritaires.
Ces derniers étaient dévoilés en février 2023 par Alexandre Lahousse, chef du service des affaires industrielles et de l’intelligence économique de la DGA, lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées :

Visibilité pour les industriels
« Le but est que l’industrie puisse investir à long terme sur son outil de production », indiquait Alexandre Lahousse. C’est chose faite avec les 413 milliards d’euros de la Loi de programmation militaire 2024- 2030 qui offre une visibilité sur sept ans aux entreprises de la Base industrielle et technologique de défense (BITD).

Choc de simplification
« Ce qui est simple se produit mieux », estimait Alexandre Lahousse. L’objectif visé est de réduire de 20 % le niveau de complexité de la commande afin de simplifier le travail de l’industriel. Ces dispositions entraînent, de facto, moins de justifications et sous-entendent « un partage du risque entre l’État et l’industrie ».

Sécurisation des chaînes d’approvisionnement
Plusieurs leviers sont mis sur la table pour limiter les dépendances étrangères. Parmi eux, la constitution de stocks de prévoyance, notamment sur les matières premières, ou encore la multiplication des sources étrangères d’approvisionnement quand elles sont uniques. Si cela n’est pas possible, la relocalisation des activités concernées en France.

Recrutement de talents
L’accent est mis sur la communication auprès des jeunes générations ainsi que sur les compétences critiques. Un dialogue avec les entreprises, les écoles de formation et le ministère de l’Éducation nationale est engagé pour gagner la bataille des talents.

Financement de la BITD
« Il est essentiel pour nous de garantir l’accès aux financements privés pour les entreprises de la BITD », relevait Alexandre Lahousse. Le ministère des Armées a donc travaillé à la mise en place d’un réseau de référents bancaires pour mieux dialoguer avec les établissements financiers. En parallèle, plusieurs initiatives ont été lancées pour favoriser les investissements dans les secteurs de la défense, y compris au niveau européen.

Montée en puissance
En mai 2024, un colloque « enjeux opérationnels et défis industriels de Défense » s’est tenu à l’Ecole militaire. Un séminaire qui a justement permis de faire un point d’étape sur la mise en place de l’économie de guerre et de lancer des pistes pour les prochains mois. L’ingénieur Emmanuel Charpy (DGA) et le colonel Hervé Mermod (état-major des armées) y ont notamment présenté la Force d’acquisition réactive (FAR) dont ils sont les copilotes. Ce nouvel outil, mis en place l’année dernière, permet de réduire les délais d’acquisition de matériels par les armées, de l’expression de besoin à la mise en service. La FAR a ainsi permis d’accélérer 15 dossiers concernant différents matériels. Une réussite qu’il faut poursuivre !

« L’économie de guerre, ce n’est pas une mode, ce n’est pas une parenthèse, a déclaré Sébastien Lecornu, ministre des Armées, en conclusion du colloque. Le contexte stratégique montre qu’il n’y a pas beaucoup de cas de figure dans lesquels nous n’aurions pas besoin de réactivité et de fluidité entre celles et ceux qui sont chargés de produire et celles et ceux qui sont chargés d’utiliser ces armes. »
Le ministre des Armées a également chargé Emmanuel Chiva, le délégué général pour l’armement, de proposer d’ici septembre 2024 un « choc de simplification » sur les nouveaux programmes. Objectif : limiter les multiples processus qui ralentissent encore le développement des projets.

 

 

 

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