jeu. Mar 28th, 2024

Dans notre dernière lettre mensuelle, nous commentions un chiffre spectaculaire du World Gold Council : les banques centrales auraient acheté près de 400 tonnes d’achat d’or au 3ème trimestre, portant les achats pour 2022 à un plus haut depuis 1967.

Le fait marquant, c’est que ce chiffre comporte une large part d’achats non officiels. En clair, les banques centrales achètent massivement de l’or, mais préfèrent ne pas le déclarer mensuellement au FMI comme il était auparavant d’usage. On pense d’abord à la Russie, qui pour des raisons évidentes, a arrêté de communiquer ses achats d’or officiels dès l’invasion de l’Ukraine.

Les regards se tournent également vers la Chine. Le pays détient officiellement 1948 tonnes de métal jaune, soit les 6èmes réserves mondiales. Mais le pays a surtout une tradition d’accumulation discrète de métal jaune, faisant de temps à autres des annonces retentissantes sur la réalité de ses avoirs. Comme en 2009, avec une hausse soudaine et massive de ses réserves de 400 tonnes. Puis de 600 tonnes en 2015.

 

 

Nous pensons que l’histoire va se répéter. Indices.
Malgré les efforts américains, le déficit commercial de l’oncle Sam envers la Chine va atteindre des records et probablement dépasser des 400 milliards de dollars en 2022. Ce commerce extérieur largement positif, permet à la Chine d’encaisser des dollars et d’accumuler des réserves de change.
La composition de ces réserves de change est un secret bien gardé. En général, la plupart des banques centrales placent ces réserves en obligations ou bons du trésor de l’état qui emet la devise.
Pourtant, depuis plusieurs années, la Chine réduit le montant de ses avoirs en bons du trésor américain. Une dédollarisation qui s’est considérablement accélérée en 2022 : les avoirs chinois et hongkongais investis en obligations américaines ont plongé de 180 milliards de dollars.

 

 

 

 

Sources : FMI (IFS), Comptoir National de l’Or (gold.fr)
Un moyen pour Pékin de réduire sa dépendance au dollar et d’éviter ainsi de possibles sanctions, comme celles qui ont frappé les avoirs détenus par la banque centrale de Russie.
Que fait donc la Chine de ses dollars ? Pour au moins une partie, elle achète de l’or. Elle ne publie pas les données officielles, évidemment, mais on peut par exemple observer indirectement le phénomène, avec une hausse importante des exportations suisses d’or vers la Chine.
Ces exportations restent certes en deçà des niveaux atteints en 2014, période où le pays avait accumulé plus de 600 tonnes. Mais ces flux sont compatibles avec une accumulation patiente et régulière de métal jaune.
C’est également sans compter sur les très probables achats de métal jaune directement auprès de la Russie sous sanctions. Une hypothèse d’autant plus crédible que l’extraction en Russie (2ème producteur mondial) se poursuit, et que la banque centrale Russe déclare ne pas se porter acquéreuse de la production nationale d’or. L’institution a en effet justifié ses achats en mars et avril dernier par le fait qu’il n’y avait plus d’acheteur sur le marché, suggérant en creux que ce n’est plus le cas et que la production nationale trouverait des débouchés.

 

Autre indice : un officiel du ministère des finances russe déclarait d’ailleurs récemment travailler avec le Shangaï Gold Exchange pour que les lingots produits par deux raffineurs nationaux soient accrédités sur la bourse de l’or chinoise. Notons au passage que deux banques russes (VTB et Sberbank) sont toujours des membres autorisés de cette bourse.
Les enquêteurs parlent souvent de faisceau d’indices. Nous pensons qu’il est plus que suffisant pour affirmer que la Chine accumule des réserves d’or discrètement et patiemment. Avant d’annoncer une hausse significative de ses avoirs de métal jaune à un moment qu’elle jugera stratégiquement et géopolitiquement opportun.

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