La semaine dernière s’est terminée sur un engouement des investisseurs sur les petites et moyennes entreprises aux Etats-Unis, conduisant l’indice Russel 2000 sur un plus haut niveau depuis début mars. Jusqu’ici, les investisseurs concentraient leurs achats d‘actions sur les grandes valeurs technologiques et notamment les 7 plus importantes cotées au Nasdaq 100, permettant à l’indice phare d’atteindre des sommets que nous n’avions pas vu depuis début avril 2022. Depuis la semaine dernière en revanche, après plusieurs mois sans tendance, les valeurs moyennes semblent regagner l’intérêt des investisseurs, qui repartent à la chasse aux valeurs, qui ont été fortement vendues depuis la fin de l’année 2021. Le Russel 2000 a ainsi progressé de plus de 3% vendredi et clôturait encore à plus de 2,70% de hausse hier.
Cela s’explique par le sentiment des marchés qui semble s’améliorer de jour en jour concernant la croissance économique. En effet, ces derniers croient de plus en plus à un atterrissage en douceur de l’économie et écartent ainsi la perspective d’une récession. Au-delà de cette rotation sectorielle, les investisseurs surveillent avec beaucoup d’attention le marché du pétrole, suite à l’annonce de l’Arabie Saoudite, principal producteur de l’OPEP et l’un des trois plus gros producteurs de pétrole au monde, de réduire sa production d’au moins 1M de barils à partir de juillet. Cela n’a en revanche pas permis d’endiguer réellement la chute des prix du baril.
Ce phénomène de baisse des prix du pétrole, alors que la production continue de se tasser, pourrait à un moment, soulever des craintes sur la demande mondiale et donc sur la solidité de l’économie mondiale. Pour le moment, les investisseurs continuent d’être euphoriques et ne prennent pas en compte ce genre de risques. Cette constatation est d’ailleurs confirmée par la tendance observée sur le Vix, soit l’indice de volatilité, appelé également indice de la peur. Le Vix se situe maintenant au plus bas depuis février 2020, soit quelques jours avant le crash des marchés, lors du début de la pandémie. Cela montre qu’actuellement, les investisseurs n’ont aucune peur.
Les marchés profitent également de la suppression du plafond de la dette américaine, signée par le président américain dimanche et permettant à la première puissance mondiale de ne pas être en défaut. Bien que ce risque était quasi inexistant, les investisseurs profitent de cette bonne nouvelle pour se montrer encore plus confiants. En revanche, le risque pourrait venir dans les prochaines semaines, car les Etats-Unis vont maintenant devoir émettre massivement de la dette sur le marché et cela devrait détourner la liquidité du marché actions, au profit du marché obligataire, surtout avec les taux élevés que nous constatons depuis le début de la hausse des taux d’intérêt de la Fed.
Le marché des cryptomonnaies est également particulièrement suivi cette semaine, avec deux des principales plateformes de trading au monde, poursuivies pas le gendarme de la bourse aux Etats-Unis. En effet, la SEC a annoncé poursuivre Binance lundi, puis Coinbase mardi pour avoir proposé des produits non régulés aux Etats-Unis.
Pour Binance, c’est une question de confiance, car son activité aux Etats-Unis reste mineur, comparée à son activité dans le reste du monde et une sortie du pays ne devrait pas impacter fortement ses résultats.
Pour Coinbase, cela pose plus de problèmes, car la majorité de son activité est située sur le territoire américain et la société est cotée en bourse là-bas. Notons que la SEC avait d’ailleurs validé son introduction en bourse en connaissance de cause et était donc au fait des caractéristiques des produits qu’elle propose.
Coté statistiques, les investisseurs auront peu de données à surveiller cette semaine. Depuis lundi, les marchés ont surveillé avec attention les données sur l’activité de services en Chine, aux Etats-Unis et en Europe, montrant une activité toujours en expansion, mais dont le rebond ralenti, notamment au sein de la première puissance mondiale.
Le commerce extérieur de la Chine ce matin, a fait ressortir par ailleurs, un ralentissement des exportations, montrant une probable contraction de la demande chez ses partenaires commerciaux, dont les principaux sont l’Europe et les Etats-Unis. Jeudi, nous regarderons quelques statistiques au Japon, comme la croissance du PIB. La croissance du PIB sera également publiée en zone euro pour le premier trimestre et est attendue à 0%. L’après-midi, seules les inscriptions hebdomadaires au chômage US seront publiées à 14h30. Demain, nous surveillerons les prix à la production en Chine, qui pourraient à nouveau chuter et satisfaire les marchés quant à la baisse de l’inflation, mais cette baisse rapide, pourrait également suggérer que la demande est en chute. Enfin, concernant la politique monétaire, la RBA en Australie a surpris tout le monde, en montant à nouveau son taux de 25pdb, alors que les marchés attendaient une pause. Nous regarderons ce mercredi après-midi, la décision de la BoC au Canada qui devrait garder son taux actuel inchangé.
Concernant la Fed, aucun membre du FOMC ne s’exprimera cette semaine en raison de la « quiet period » traditionnelle, avant la décision de politique monétaire attendue mercredi prochain. Les marchés anticipent une pause de la réserve fédérale, après avoir augmenté les taux sans relâche depuis plus d’un an maintenant, mais les derniers discours des membres de la Fed, ont fait ressortir un message mitigé et les investisseurs attendrons une clarification sur ses perspectives. La BCE doit également publier sa politique monétaire jeudi de la semaine prochaine et devrait, elle, continuer d’augmenter son taux directeur.