L’année 2025 marque un tournant pour les marchés américains. Après un début d’année euphorique, le S&P 500 et le Nasdaq corrigent brutalement, reflétant les incertitudes croissantes autour de l’économie américaine et du retour du protectionnisme sous l’administration Trump. Entre tensions commerciales, ralentissement économique et FED sous pression, les investisseurs sont confrontés à un changement de dynamique majeur.
Selon Matthieu Silva Santos, Directeur de l’Offre & ISR chez Goodvest, “Les marchés américains ne peuvent plus s’appuyer sur les moteurs traditionnels de croissance. La consommation ralentit, les marges des entreprises s’érodent, et l’incertitude politique vient ajouter une volatilité supplémentaire. Ce qui était autrefois un refuge pour les investisseurs devient une équation plus complexe.”
L’économie américaine montre des signes clairs d’essoufflement. L’indice PMI composite est en forte baisse, le marché du travail perd de sa dynamique et la confiance des consommateurs vacille. Dans le même temps, la FED reste contrainte par une inflation toujours au-dessus de 3 %, l’empêchant d’assouplir sa politique monétaire sans risquer d’alimenter de nouvelles tensions inflationnistes.
Pour Matthieu Silva Santos, “La FED se retrouve face à une équation impossible : baisser les taux pour soutenir l’économie au risque de raviver l’inflation, ou rester restrictive et accentuer le ralentissement. Cette incertitude place les marchés dans une position d’attente et accroît la volatilité.”
Mais c’est surtout le retour d’une politique commerciale agressive qui inquiète les marchés. Le rétablissement des droits de douane sur les importations européennes, canadiennes, mexicaines et chinoises menace la compétitivité des entreprises et pourrait accentuer la fragmentation économique mondiale. L’isolement américain se double d’un risque géopolitique accru, avec un désengagement militaire annoncé et des incertitudes croissantes sur le rôle des États-Unis dans l’OTAN.
Face à cette recomposition, les flux d’investissement se réorientent progressivement vers l’Europe, où la stabilité budgétaire allemande et une BCE plus souple offrent une alternative plus lisible. Cette divergence de trajectoires entre les États-Unis et l’Europe interroge sur un possible rééquilibrage des stratégies d’investissement.