La première marque de luxe au monde, LVMH, vient de publier une nette décélération de son chiffre d’affaires au troisième trimestre, principalement due à une base de comparaison défavorable et à la normalisation de la demande des clients après la période Covid. Ces chiffres montrent également que le secteur du luxe n’est pas à l’abri du ralentissement de l’économie mondiale.
Le chiffre d’affaires global est ressorti à 19,96 milliards d’euros contre 19,75 au T3 2022, soit une hausse de 1% sur un an, ce qui est inférieur aux prévisions de Bloomberg qui s’attendaient à plus de 21 milliards d’euros.
Deux facteurs expliquent ce ralentissement du chiffre d’affaires, tout d’abord une base de comparaison défavorable, notamment en Chine car le 3e trimestre 2022 a peut-être été son meilleur trimestre l’année dernière. En 2023, la croissance en Chine est plus lente que prévue et la reprise de l’activité post-pandémique n’a pas eu le décollage escompté.
Le 2e facteur est une demande des clients qui se normalise. En Europe, les ventes de LVMH ont progressé de 7% seulement, après des trimestres de progression à deux chiffres et les ventes aux États-Unis de 2%.
La décélération s’est fait sentir dans toutes les divisions. La Mode & Maroquinerie, qui contribue à plus de 60% au chiffre d’affaires, a vu sa croissance organique tomber au troisième trimestre sous la barre des 10% pour la première fois depuis 2020.
« La branche clé Mode & Maroquinerie a manqué l’objectif des analystes pour la première fois depuis de nombreuses années », illustrent les analystes de RBC. « Cela semble être un signe de poursuite de la modération, alors que les consommateurs reprennent leurs esprits après l’euphorie post-pandémique », a expliqué Luca Solca, analyste de Bernstein, dans une note.
Les divisions Parfums & Cosmétiques et Montres & Joaillerie ont également vu leur croissance ralentir au troisième trimestre, à respectivement 9% et 3%.
Fait notable, les ventes de Vins & Spiritueux se sont repliées de 14%, le cognac Hennessy connaissant une normalisation de la demande post-Covid ainsi qu’un niveau de stock encore élevé chez les revendeurs.
Après trois années extraordinaires de rebond post-Covid, où la croissance était à deux chiffres, la normalisation du marché mondial du luxe est en train de s’opérer en raison de l’augmentation des taux d’intérêts et d’une inflation élevée plus longtemps que prévu.