dim. Déc 22nd, 2024

En 2012, l’Espagne se débattait avec une crise immobilière et une dette publique importante. Depuis, le pays a engagé un processus d’assainissement de ses finances publiques et affiche des taux de croissance remarquables au sein d’une zone euro en proie à la stagnation.

 

En ce début d’automne, la Banque d’Espagne a révisé à la hausse ses prévisions de croissance : 2,8 % du PIB en 2024, contre 2,3 % initialement anticipées. Au premier comme au deuxième trimestre, le PIB s’est accru de 0,8 point. L’Espagne connaît ainsi une croissance plus de trois fois supérieure à celle de la zone euro. Pour 2025, les autorités espèrent un gain de 2,2 % du PIB et de 1,9 % en 2026.

 

Un tourisme rentable

 

L’Espagne accueille moins de touristes que la France, mais ces derniers dépensent plus chez notre voisin. Avec 90 millions de touristes internationaux, les recettes devraient dépasser 200 milliards d’euros cette année, contre 187 milliards en 2023. En France, les touristes sont souvent de passage et restent moins longtemps qu’en Espagne. Cette dernière s’est spécialisée dans les séjours de longue durée, en particulier sur les côtes comme la Costa Brava, ou dans les îles des Baléares et des Canaries. De nombreux étrangers, notamment des Britanniques, des Allemands et des Scandinaves, possèdent des résidences secondaires en Espagne, où ils séjournent souvent de manière prolongée. Le secteur touristique s’est orienté depuis longtemps vers les loisirs, avec une offre de services importante. L’Espagne propose également des prix plus attractifs que la France pour les hôtels et restaurants. Les formules “tout inclus” sont très populaires dans les stations balnéaires espagnoles, ce qui augmente le volume des dépenses.

 

Le gouvernement espagnol a investi dans ses infrastructures touristiques au fil des décennies, développant des stations balnéaires de haute qualité. En comparaison, la France, bien qu’attractive – avec Paris et ses régions viticoles –, n’a pas mis autant l’accent sur le développement d’infrastructures ces dernières années. À l’exception de Nice, Toulouse, Marseille ou Lyon, les aéroports français sont de taille modeste et accueillent peu de lignes internationales. En 2024, l’Espagne dispose du réseau ferroviaire à grande vitesse le plus étendu d’Europe, avec 3 966 km de lignes. Ce réseau relie les grandes villes du pays. De son côté, la France, pionnière du train à grande vitesse, possède un réseau d’environ 2 800 km de lignes dédiées. L’expansion du réseau français a été plus modérée en comparaison avec l’Espagne. Depuis l’inauguration des lignes à grande vitesse vers Marseille et vers Bordeaux, peu de projets sont en cours de réalisation.

 

L’Espagne bénéficie de conditions climatiques favorables, avec des régions comme les îles Canaries où il est possible de profiter du soleil toute l’année. Cette saisonnalité prolongée augmente les revenus touristiques, tandis que les zones côtières françaises connaissent une activité plus concentrée sur les mois d’été. L’allongement des saisons touristiques demeure toujours un objectif pour la France.

 

Une population en augmentation

 

Selon le rapport de la Banque d’Espagne, la vigueur de la croissance s’explique également par l’augmentation de la population, soutenue par une forte immigration. Alors que le nombre d’Espagnols cotisant à la Sécurité sociale a augmenté de 1,7 % cette année, le nombre d’étrangers a augmenté de 7,7 % et représente désormais 13,5 % de l’ensemble de la population active.

 

Un déficit public encore au-dessus des 3 % du PIB

 

L’Espagne n’a pas encore rejoint le Portugal parmi les rares pays avec des excédents budgétaires. Le déficit public espagnol est cependant en nette contraction, passant de 4,7 % en 2022 à 3,7 % en 2023. Il devrait se stabiliser à ce niveau en 2024, pour descendre à 3,1 % en 2025. En revanche, la dette publique, qui avait fortement progressé lors de la crise financière de 2007-2009, reste l’une des plus élevées d’Europe. En 2024, elle représente 105,4 % du PIB, soit moins que celle de la France (112 % du PIB).

 

Un taux de chômage encore élevé

 

L’Espagne n’est jamais totalement sortie du chômage de masse, bien que ce dernier soit en baisse depuis 2020. Le taux de chômage, passé de 13 % fin 2022 à 11,8 % fin 2023, devrait se situer autour de 11 % en 2026. Le taux de chômage espagnol est environ deux fois supérieur à la moyenne de l’Union européenne.

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