Chaque semaine, Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY, vous propose son analyse des fluctuations du marché de l’énergie. Cette semaine, le prix du gaz baisse malgré la réduction des volumes en stock, tout comme l’électricité grâce à la hausse de la production nucléaire annoncée par EDF sur 2025.
Macroéconomie & Géopolitique : Côté économie, la finance américaine s’est faite une petite frayeur en fin de semaine passée, concernant un début de panique sur des banques régionales américaines et la qualité de leurs crédits auprès d’investisseurs jugés peu solides financièrement. Ce vacillement a toutefois été rapidement effacé par les résultats trimestriels de nombreuses entreprises, qui ont plutôt brillé globalement et ont vite remis les indices mondiaux dans le vert. Le S&P500 américain ainsi que le Nasdaq se rapprochent à nouveau de leurs niveaux records, l’or et l’argent restent également très hauts perchés.
L’agenda géopolitique demeure toujours extrêmement dense, entre Israël et le Hamas qui ont repris leurs offensives suite à une embuscade coûtant la vie à 2 soldats de Tsahal, les négociations sino-américaines sur leurs droits de douane, le shutdown américain toujours en vigueur ou bien encore la pression qui s’accroit sur Zelensky de la part de Trump, lui intimant d’accepter les conditions posées par Poutine.
Gaz naturel: -1,2% sur les prix pour 2026 et -0,7% pour les prix de novembre 2025
Le prix du gaz a poursuivi sa chute, de manière modérée, en raison de températures dans la moyenne, de forte production renouvelable et d’approvisionnement élevé.
Les flux norvégiens se situent toujours proches des 100% de leur capacité et les arrivées de GNL demeurent à des niveaux records pour un mois d’octobre, proche des 4,5 TWh/j. En parallèle, la production éolienne a été très élevé, et contribue à pousser les prix du gaz vers le bas, réduisant ainsi le besoin de production électrique de la part des centrales à gaz.
Toutefois, un rebond de la demande a pu être observé sur octobre en comparaison de la période 2021 – 2024 et elle se situe désormais environ 15% au-dessus de la moyenne sur ces années. De ce fait, les stockages se sont retrouvés en situation de soutirage net et ne sont plus remplis qu’à 82,75% contre plus de 83% la semaine passée. Cette situation est à surveiller de près étant donné que l’hiver n’a officiellement pas démarré et que l’UE27 doit poursuivre le remplissage de ses stocks.
Électricité : -3,1% sur les prix pour 2026 et +0,5% pour les prix de novembre 2025.
Le prix de l’électricité à court terme se maintient sur ses niveaux actuels, alors même que les prix SPOT ont diminué, en raison de vents forts et de températures clémentes.
La production éolienne allemande a pu délivrer de 35 à 46 GW d’électricité au pays, ce qui constitue un niveau exceptionnellement élevé pour la saison.
A plus long terme, les prix français ont encore chuté de manière marquée, principalement en raison d’une annonce faite par EDF, qui a encore relevé le niveau de sa production nucléaire pour 2025. Celle-ci est passée de la fourchette 350 – 370 TWh à 365 – 375 TWh et cela a fait réagir le marché dans le sens baissier. Le groupe a mis en place, depuis 2019, un programme industriel intitulé START 2025 et qui vise à améliorer l’efficacité des opérations de maintenance de l’énergéticien, ce qui semble porter ses fruits aujourd’hui.
Garanties d’Origine
- 28% sur le prix des garanties d’origine en France
Les garanties d’origine française ont chuté de 0,16 €/MWh lors des dernières enchères sur EEX et s’établissent désormais à un prix de 0,41 €/MWh. La chute vertigineuse du prix est à attribuer à une situation de surproduction alors même que la demande reste toujours faible, selon les acteurs du marché.
Pétrole : -2,97% sur le prix du pétrole brut
Le pétrole a encore chuté la semaine passée et se retrouve au plus bas depuis le mois de mai 2025.
L’Agence Internationale de l’Energie a indiqué qu’elle prévoyait un surplus d’offre de l’ordre de 4 millions de barils par jour en 2026, contre 2,3 en 2025, ce qui constituerait une situation exceptionnelle en terme d’écart par rapport à la demande. L’annonce a donc fait chuter les prix de l’or noir.
En parallèle, le marché reste attentif aux négociations commerciales qui ont toujours lieu entre les Etats-Unis et la Chine. Le secrétaire du Trésor américain doit rencontrer un haut dignitaire chinois en Malaisie pour tenter de trouver un accord sur les futurs relations commerciales entre les deux plus grandes économies mondiales.
Co2: -0,28% sur le prix des quotas pour décembre 2025
Le prix des quotas de CO2 se stabilise juste en-dessous des 80€/tonne. Les EUA ont connu une semaine mouvementée, en raison des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, avant de remonter fermement en raison d’une demande forte pour les quotas, qui se maintient, et de toujours plus de positions spéculatives haussières de la part des fonds d’investissement.
Charbon: +6,14% sur la tonne de charbon
Le prix du charbon a fortement rebondi suite à des signaux positifs sur la consommation envoyés par la Chine. Le pays a importé des volumes annuels records sur la semaine en prévision de l’hiver qui approche et d’une production domestique assez faible, en raison de la chute des prix de vente.
Prix du gaz dans le monde :
Le prix du gaz en Asie ainsi qu’en Europe a légèrement baissé et fait preuve de stabilité actuellement. Alors que la Chine importe plus de charbon, l’Europe de son côté importe plus de GNL, en prévision de l’hiver.
Il n’y pas pour l’heure, pas de tension particulière sur le secteur.