sam. Avr 27th, 2024

Le football professionnel est sans aucun doute l’un des secteurs les plus rentables de l’industrie du sport, générant des milliards d’euros chaque année grâce à des ventes de joueurs et de droits de diffusion. Les clubs sont devenus des marques mondiales, avec des supporters passionnés à travers le monde. Les investissements étrangers ont également joué un rôle important dans la croissance financière du football, comme l’a démontré l’offre récente du Qatar pour le rachat de Manchester United. Pour autant, la véritable clé de la réussite financière pour les clubs de football professionnels réside dans leurs académies de jeunes talents. Les propriétaires de clubs ont compris depuis longtemps que la meilleure façon de réduire les coûts de transfert de joueurs est de former eux-mêmes les joueurs. 

Investir dans le football professionnel est souvent considéré comme un domaine réservé aux grandes entreprises et aux investisseurs institutionnels, mais cela ressemble en réalité beaucoup à l’investissement particulier. Comme dans l’investissement particulier, les risques et les opportunités doivent être pris en compte, la diversification est importante, et une compréhension approfondie du marché est essentielle pour maximiser les rendements tout en minimisant les risques.
 

Nouveaux riches ou clubs historiques, tous misent de plus en plus sur la formation

Aujourd’hui, même les grosses écuries qui peuvent avoir des stratégies court-termistes de prime abord investissent sur la formation. Par exemple, le Paris Saint-Germain a récemment annoncé l’investissement de 250 à 300 millions d’euros dans un nouveau campus d’entraînement, qui comprendra un centre de formation de jeunes joueurs. C’est une décision stratégique qui permettra au club de former de nouveaux talents pour l’équipe première et de se prémunir contre les coûts élevés des transferts de joueurs expérimentés. 

Le Portugal reste toutefois un leader dans ce domaine, avec les trois plus grands clubs du pays – Benfica, Sporting Lisbonne et Porto – ayant réalisé un chiffre d’affaires combiné de 1,19 milliard d’euros grâce à la vente de joueurs formés localement au cours de la dernière décennie. En particulier, Benfica est en tête de la liste, ayant récolté 540 millions d’euros depuis la saison 2013/14, grâce à la vente de stars telles que João Félix, Ruben Dias et Ederson. Ce chiffre est plus élevé que celui de l’Ajax, la deuxième académie la plus prospère au monde, qui a généré 376 millions d’euros sur la même période. Le LOSC, un club français, arrive en troisième position, ayant généré 283 millions d’euros de bénéfices grâce à des ventes rentables telles que le transfert de Nicolas Pépé à Arsenal pour 80 millions d’euros en 2019/20. 

Autre constat, aucune équipe de Premier League ne figure dans cette liste, soulignant le fait que les clubs anglais préfèrent souvent dépenser de grosses sommes d’argent pour recruter des joueurs plutôt que de former les leurs.

Cela montre l’importance des académies de jeunes talents dans le développement des clubs de football professionnels. Les clubs qui investissent dans la formation de jeunes joueurs ont non seulement un avantage financier, mais aussi une base solide de joueurs locaux, fiers de jouer pour leur club de cœur. Les clubs peuvent également conserver les joueurs pendant de longues périodes, ce qui améliore la cohésion de l’équipe.
 

Un investissement ne devant pas omettre le facteur humain

Cependant, cela soulève également des questions sur l’éthique de cette pratique. La formation de jeunes joueurs est-elle devenue une entreprise lucrative pour les clubs ? La pression pour produire des joueurs de qualité et les vendre à un prix élevé est-elle en train de nuire à l’objectif premier du football, qui est de jouer pour gagner des matchs ? 

La formation des jeunes joueurs est clairement en train de devenir un nouveau terrain de jeu pour les clubs de football professionnels, qui cherchent à investir dans des académies de qualité afin de produire des joueurs de haut niveau et de les vendre à des prix élevés. Elle ne doit pas être considérée uniquement comme un moyen de gagner de l’argent. 

Les clubs ont avant tout une responsabilité sociale envers les jeunes joueurs, qui doivent être traités avec respect et dignité. Les académies doivent fournir un environnement sûr et favorable pour les jeunes joueurs, leur permettant de se développer non seulement en tant que footballeurs, mais aussi en tant que personnes.

Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse de marchés

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