Le marché américain des obligations d’entreprises envoie un signal rassurant aux investisseurs en leur montrant que les fondamentaux du financement restent favorables. Les données (voir graphique) montrent que les écarts entre les obligations de qualité (VCIT) et les obligations de qualité inférieure (JNK) et les rendements du Trésor américain ont diminué. Ce comportement a atténué la hausse des taux d’intérêt et témoigne de l’optimisme des investisseurs obligataires. Un cycle de hausse des défaillances s’est amorcé, mais il semble bien maîtrisé dans le contexte du creux des résultats du deuxième trimestre, de l’allongement des échéances de la dette dans le cadre du boom du refinancement en 2020 et de la baisse du ratio dette des entreprises/PIB. Les taux de défaillance des obligations à haut rendement ont atteint 4 % et sont de 2 % pour toutes les catégories. Il s’agit d’une fraction des pics de 15 % et de 7 % atteints lors de la crise financière mondiale. Cela donne une certaine flexibilité au ralentissement économique à venir (de 6 % au T2 NOWCast) avec un mur de refinancement d’environ 2,5 trillions de dollars. Les refinancements sont estimés à 2,5 trillions de dollars pour les deux ans et demi à venir.
Les obligations pourries américaines se sont redressées et les rendements ont baissé (voir le graphique), ce qui a soutenu l’envolée du marché des actions cette année. Les obligations à haut rendement ou “de pacotille” sont émises par des sociétés dont la cote de crédit est inférieure à celle d’un investissement. Elles sont également axées sur des secteurs profondément cycliques, avec des pondérations importantes dans les matières premières, la consommation discrétionnaire et le commerce de détail, et une forte sous-pondération dans la technologie. Cette combinaison les rend très sensibles aux conditions macroéconomiques, car historiquement il y a eu une forte corrélation entre les obligations de pacotille et les actions – un indicateur de “canari dans le coalmine”.
75 % du financement des entreprises américaines est assuré par le marché obligataire, ce qui le rend crucial pour l’économie et explique le soutien important de la Fed lors de la crise de 2020. La situation est différente en Europe et en Chine, où le financement bancaire est beaucoup plus important. Le marché américain des obligations d’entreprises a un encours de 10 200 milliards de dollars, dont 1 300 milliards ont été émis l’année dernière, et un volume quotidien moyen de transactions de 39 milliards de dollars. Il s’agit du troisième marché après ceux du Trésor et des titres adossés à des créances hypothécaires. Globalement, la dette des entreprises américaines par rapport au PIB est d’environ 78 %, ce qui est inférieur à la moyenne mondiale de 96 %, et elle est en baisse.
Ben Laidler, Global Market Strategist chez eToro