mer. Déc 18th, 2024

Le secteur de la cybersécurité est encore en voie de féminisation : selon certaines études, 1 personne sur 5 serait une femme. Le champ propose pourtant de nombreuses opportunités pour les ingénieures, comme en témoigne la trajectoire de Claire Loffler, Security Engineer chez Vectra AI.

 

C’est une théorie aussi ancienne qu’elle est relativement méconnue. En 1977, Rosabeth Moss Kanter, professeure en management des entreprises à la Harvard Business School, rend publique une étude sur les minorités. Ses conclusions sont sans appel : selon la scientifique, un lien de cause à effet existe clairement entre la féminisation d’une entreprise et les résultats financiers de celle-ci. Pour l’exprimer autrement, à partir d’un niveau de mixité estimé à 35%, les organisations sont plus productives et plus performantes que celles qui ne sont pas mixtes. Reprises depuis et appliquées massivement aux entreprises du CAC40 – notamment par le professeur en management Michel Ferrary –, ces conclusions demeurent plus que jamais d’actualité.

 

Améliorer le taux de féminisation dans l’IT : l’exemple de Vectra AI

 

Le cas de la féminisation des entreprises dans l’IT s’inscrit de plain-pied dans cette problématique, avec ceci de particulier que l’ingénierie de la cybersécurité est fortement masculinisée. « C’est un fait que nous observons, et que nous essayons de travailler année après année en cherchant des talents féminins », indique Grégory Cardiet, directeur Security Engineering chez Vectra AI. Pour ce faire, Grégory Cardiet est en contact étroit avec les écoles d’ingénieurs spécialisées. « Il y a là peu de femmes, et lorsqu’elles sont diplômées je constate qu’elles souhaitent plutôt s’orienter sur de la gestion de process. Or, je suis en quête de hackeurs, c’est-à-dire de techniciens qui ont une certaine appétence pour la dimension technique. » En dépit de cet état de fait, Grégory Cardiet parvient à recruter du personnel féminin. « Je trouve que les femmes apportent quelque chose de différent au sein d’une équipe, avec une dynamique de groupe et des relations qui changent. D’autant que les femmes qui travaillent dans nos équipes sont très souvent dans une forme d’excellence professionnelle. »

 

« J’ai toujours aimé la partie technique »

 

C’est précisément le cas de Claire Loffler, Security Engineer chez Vectra AI, spécialisée dans la détection et les réponses aux cyber-attaques. « J’ai rejoint la société il y a deux ans et demi », explique cette dernière. Après avoir suivi ce qu’elle appelle un « parcours classique » en prépa maths et physique, Claire décide au sortir de ses études de s’orienter vers la branche des télécoms. Est-ce parce que son père est ingénieur dans une grande entreprise de téléphonie ? « Mon père n’a pas nécessairement été un modèle, même s’il m’a toujours aidé tout au long de mes études », se défend-t-elle. « Le fait est que j’ai toujours aimé la partie technique. » Après un premier job au sein d’équipes réseaux IT, Claire saisit l’opportunité d’une expérience au sein d’une équipe internationale éditrice de logiciels. « Au bout de quelque temps j’ai ressenti le besoin de me remettre en question, de réfléchir à ce que je voulais faire dans les années à venir ». Quelques mois plus tard, elle est contactée par Grégory Cardiet. « Je ne connaissais rien à la cybersécurité mais en revanche j’avais de fortes compétences en réseaux : c’était un point fort. Cela ne m’a pas empêchée de devoir me former de manière assidue et approfondie pendant plusieurs mois ! »

 

Des valeurs de l’entreprise qui suscitent l’entraide

 

Voici désormais Claire au sein d’une équipe d’avant-vente, chez Vectra AI. « Je constate que les femmes sont minoritaires dans le milieu et j’ai même lu une étude Kaspersky qui estimait à 19% le taux de féminisation dans l’IT. Dans mon équipe, nous sommes en effet 2 en EMEA, sur un total de 18 [CL1] », analyse-t-elle. Une situation de facto minoritaire, qui ne s’accompagne pourtant d’aucune marque de déconsidération. « Je n’ai en effet jamais été déconsidérée par mes collègues, jamais senti le moindre souci avec eux, au contraire même : le retour est très bon. » À quoi cela peut-il être lié ? Outre le mode très opérationnel des missions confiées à Claire Loffler, les valeurs de l’entreprise semblent jouer ici un rôle opérant fort. « Nous avons chez Vectra trois mots clés, qui sont portés par notre CEO, Hitesh Sheth, et qui balisent notre quotidien : pas de ‘team drama’, de l’intégrité et le client avant tout. C’est simple et clair : je pense que cela permet surtout de considérer son collègue comme un allié, quelqu’un sur qui l’on peut compter, et non pas comme une sorte d’adversaire à dénigrer. »

 

Claire Loffler n’est ainsi pas renvoyée à une catégorie minoritaire. Elle est au contraire considérée au sein de l’organisation qui l’emploie comme une experte à part entière, dont la voix compte tout autant que celle de ses collègues. « Nous sommes tous différents, nous avons tous des trajectoires de vie professionnelles et des expériences différentes », avance l’ingénieure en cyberséurité, tout en invitant les femmes à venir la rejoindre dans le milieu de la « cyber ». « On ne s’y ennuie jamais ! Il y a toujours de fortes demandes, des avancées, des surprises. J’observe également que certaines entreprises sont prêtes à aller vers la parité, mais aussi que le niveau des salaires est excellent, sans discrimination et avec des augmentations fortes d’une année sur l’autre. » Un véritable plaidoyer pour la mixité.

 

 

Références citées

Rosabeth Moss Kanter, Men and Women of the Corporation, New-York, Basic Books (rééd. 2008)

. Michel Ferrary, « Les femmes influencent-elles la performance des entreprises ? Une étude des entreprises du CAC 40 sur la période 2002-2006 », in Travail, genre et sociétés n°23, avril 2010, pp. 181-191

 

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