mer. Déc 18th, 2024

Avec les sanctions prises par les États-Unis à l’encontre de la Russie et de la Chine, les dirigeants de ces deux pays, rejoints par d’autres dont ceux du Brésil, ont décidé de ne plus investir dans ce pays et de s’engager dans un processus de dédollarisation. Plus d’un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine, force est de constater que les États-Unis demeurent le pays refuge pour l’ensemble du monde et que leur attractivité est intacte.

Les flux de capitaux financiers vers les États-Unis, achats de Treasuries et d’actions, par les non-résidents restent très importants. Au total, ces achats représentent 4 points de PIB. Depuis deux ans, ils ne sont aucunement en baisse. Les États-Unis, en période de troubles géopolitiques, sont la valeur refuge par excellence. Ils ont l’avantage d’être éloignés des théâtres d’opération, Ukraine ou Proche-Orient. Disposant de loin de la première armée du monde et de moyens financiers conséquents, leur permettant de financer leurs alliés, les États-Unis sont privilégiés par les investisseurs. Le dollar est, sans contestation possible, la première monnaie de réserves au monde. Sa part dans les réserves de changes mondiales est de 59 % quand celle de l’euro se situe autour de 22 %. Sur le plan financier, les États-Unis peuvent compter sur la profondeur de leur marché. La capitalisation boursière représentait, en 2022, 160 % du PIB et l’encours des obligations plus 200 % du PIB. La zone euro ne dispose pas d’un marché unifié des capitaux aussi importants. Son marché demeure segmenté.

Les investisseurs étrangers choisissent les États-Unis en raison de la forte rentabilité des entreprises américaines, autour de 15 % (ROE). Les aides publiques à l’investissement sur le territoire américain attirent également de nombreux capitaux (Inflation reduction act). Les investisseurs optent également pour les États-Unis en raison des taux d’intérêt qui y sont plus élevés qu’au Japon ou en Europe. La baisse des taux d’intérêt qui devrait intervenir en 2024 ne devrait pas, néanmoins, changer la donne compte tenu de la croissance soutenue de l’économie américaine. Lors de ces quatre dernières années, elle est deux fois plus importante que celle de la zone euro. La désinflation est plus nette que dans les autres pays industrialisés ce qui constitue un point positif pour les investisseurs.

L’économie américaine n’en finit pas d’étonner. Elle déjoue les pronostics et semble insensible à la hausse des taux d’intérêt. Au troisième trimestre, la croissance du PIB des États-Unis en rythme annualisé a atteint 4,9 % (+1,2 % par rapport au trimestre précédent), selon les estimations provisoires du gouvernement publiées ce jeudi. Ce résultat est supérieur aux prévisions des analystes qui pariaient sur un taux de 4,7 %.

Au deuxième trimestre, la croissance en rythme annuel était de 2,1 %. La croissance loin de ralentir, accélère. La récession maintes fois annoncée, demeure une menace fantôme. Pour le département du Trésor, le PIB est « en voie de retrouver la tendance de croissance prépandémique ».

A la différence de ceux du vieux continent, les ménages américains maintiennent un fort niveau de consommation en puisant dans leur cagnotte covid. Lors du dernier trimestre, ils ont dépensé plus en loyers, en dépenses de santé, en voitures, en services financiers, en restauration, en loisirs qu’au deuxième trimestre. Les investissements des ménages sont en forte croissance, laissant penser que l’immobilier surmonte la hausse des taux. Ils ont augmenté de 12 % au troisième trimestre et de 30 % en un an. Ce rebond s’explique par les offres promotionnelles des promoteurs immobiliers destinées à compenser le coût des prêts hypothécaires, leurs taux atteignant désormais 8 %. Si l’investissement dans l’industrie est en recul il reste, néanmoins, à un haut niveau.

De leur côté, les dépenses du gouvernement fédéral ont progressé plus vite au troisième trimestre qu’au deuxième tandis que celles des États et des collectivités locales décéléraient. Les exportations ont progressé.

L’économie américaine est inoxydable. Elle résiste à la hausse des taux d’intérêt, à la fin du moratoire sur le remboursement des prêts étudiants, à la remontée du prix de l’essence, aux grèves dans l’automobile et dans le cinéma, à la crainte d’un blocage des dépenses fédérales en raison de l’instabilité politique du Congrès (« shutdown »), à la crise au Proche-Orient. Les créations d’emplois ont été supérieures aux attentes en septembre avec 336 000 postes nets de plus.

Les prévisionnistes parient sur une croissance de 2,2 % en 2023 et de 1,1 % en 2024. Pour autant, les cassandres prévoient un ralentissement de la croissance dans les prochaines semaines avec la disparition de la cagnotte covid et la poursuite de la baisse de l’investissement sur fond de taux d’intérêt élevé.

Proportion de personnes inactives par raison d’inactivité en 2022

Par le Cercle de l’épargne

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