ven. Mai 10th, 2024

La faiblesse du taux d’emploi

Selon l’OCDE, le taux d’emploi s’élève, en France, à 69 % en 2023, contre 72 % aux États-Unis, 76 % au Royaume-Uni, 78 % en Allemagne ou en Suède et 79 % au Japon. Le taux d’emploi progresse en France depuis 2010 en lien avec le recul de l’âge de départ à la retraite. Il a gagné 4 points en 15 ans mais l’écart avec les autres pays reste conséquent.

Le recul de la productivité du travail depuis 2018

De 2018 à 2023, la productivité par tête en France a diminué de près de 5 % quand elle est stable ou en légère hausse chez ses partenaires. Cette diminution s’explique par l’augmentation du nombre d’apprentis, ce qui est en soi positif, mais aussi par une baisse du temps de travail, ce qui l’est moins. Par ailleurs, la tertiarisation de l’économie ne favorise pas l’obtention de gains de productivité.

Un investissement en nouvelles technologies et des dépenses de Recherche-Développement faibles
L’investissement dans les techniques de l’information et de communication, représentait, en 2022, 0,6 % du PIB en France, contre 0,8 % en Allemagne, 1,3 % en Suède, 1,5 % au Japon et 2,1 % aux États-Unis. Les dépenses totales de R&D atteignaient, en 2022, 3,5 % du PIB aux États-Unis, et en Suède. Elles s’élevaient à 3,4 % du PIB au Japon et 3,2 % en Allemagne. Pour la France, ce ratio n’était que de 2,2 %.

La mauvaise qualité du système éducatif

La France se caractérise par un score peu flatteur dans l’enquête PISA mesurant le niveau des élèves. Ce niveau faible tend à régresser quand il est en hausse pour d’autres pays notamment en Allemagne. En France, en lien avec les difficultés du système éducatif, la proportion des jeunes de 15 à 29 ans déscolarisés et sans emploi est importante. Le taux était, en 2022, de 13 % en France, contre 6 % au Japon, 7 % en Suède, 9 % en Allemagne et 12 % au Royaume-Uni. Seuls parmi les grands pays de l’OCDE, les États-Unis ont un taux plus élevé, de 14 %.

Au-delà de ces points noirs, plusieurs facteurs encourageants méritent d’être soulignés.

Le redressement de l’investissement des entreprises

L’instauration du prélèvement forfaitaire unique (30 %) et la suppression de la taxation des placements financiers au titre de l’impôt sur la fortune ainsi que le redressement de la profitabilité ont provoqué un afflux de capitaux en faveur de l’économie réelle dont une part non négligeable provient de l’étranger. L’investissement des entreprises s’est ainsi redressé depuis 2018. Le taux d’investissement est passé de 13,5 à 15,5 % du PIB. La remontée des taux d’intérêt ne s’accompagne pas, pour le moment, d’un recul marqué de l’investissement.

Le montant des investissements directs d’origine étrangère qui avait décliné dans les années 2010 est en hausse depuis sept ans. Ils atteignent 4 % du PIB, contre 2 % il y a dix ans.

Des créations d’emploi dans l’industrie

Après avoir connu une forte chute de ses effectifs des années 1970 aux années 2010, l’industrie française crée à nouveau des emplois. Même si ces créations demeurent limitées en nombre, elles marquent une rupture. De 2002 à 2017, l’industrie en France a perdu 25 % de ses emplois. Depuis, elle a réussi à augmenter ses effectifs de 4 %.

Une légère augmentation du poids de l’industrie

Le poids de la valeur ajoutée de l’industrie au sein du PIB est passé de plus de 20 % au début des années 1980 à 9,5 % en 2022. Il est en légère hausse depuis un an et est revenu à 9,8 % en 2023.

Le développement des entreprises de la Tech françaises

Le nombre de licornes (entreprises de plus d’1 milliard d’euros de capitalisation) est en forte hausse, passant de 4 à 27 de 2017 à 2023. La France figure parmi les pays européens les plus dynamiques en matière de startups.

Le redressement de la robotisation de l’industrie

Le degré de robotisation de l’industrie française est toujours faible par rapport à de nombreux autres pays, mais une amélioration est constatée depuis 2017. Le stock de robots pour 100 emplois manufacturiers est passé de 1,4 à 1,9 de 2017 à 2022. Ce ratio est de 3,8 au Japon, de 3,4 en Allemagne ou de 2,8 en Suède et aux États-Unis.

 

Faut-il augmenter les salaires en France ?

De nombreux Français se plaignent de la faiblesse de leurs revenus et de la faible progression des salaires. L’épidémie de covid et la vague inflationniste ont accru l’acuité de ce problème. Le niveau des dividendes et des rachats d’actions des grandes entreprises (en 2022, 67 milliards d’euros de dividendes versés par les sociétés du CAC40 et 25 milliards d’euros de rachats d’actions par ces sociétés) aiguise les demandes de revalorisations salariales.

La peur du déclin salarial en France

Même si le pouvoir d’achat a augmenté lors de ces vingt dernières années, le ressenti est tout autre. L’augmentation des dépenses pré-engagées et la hausse des prix sur certains biens sensibles comme le carburant expliquent le sentiment de dégradation des conditions de vie. Au-delà de ces considérations, le pouvoir d’achat augmente moins vite depuis le début des années 2010 qu’auparavant.

 

Un niveau de salaire direct relativement faible en France En raison de l’importance des dépenses de transferts, la France se caractérise par un niveau de salaire net relativement faible. Le salaire annuel moyen s’élevait en 2022 à 52 000 dollars en France, contre 59 000 en Allemagne et 77 500 aux États-Unis (salaires en parité de pouvoir d’achat – sources OCDE- data). Avec la Belgique et les pays d’Europe du Nord, la France figure en tête du classement pour le coût du travail (coût horaire du travail de 38 euros pour une moyenne de 29 euros au sein de l’Union européenne). Dans le même temps, la France est confrontée à un coût du travail élevé, un facteur qui pèse, depuis des années, sur la compétitivité de l’économie.

De faibles gains de productivité laissant peu de marges de manœuvre Contrairement à quelques idées reçues, le partage des gains de productivité s’est effectué ces dernières années en faveur des salariés. De 2002 à 2018, les salaires réels et la productivité évoluent à peu près au même rythme avec, néanmoins, sur la période, un léger avantage aux premiers. La productivité a augmenté de 14 %, contre une hausse de 16 % pour les salaires réels. Depuis 2018, la productivité baisse de 5 %, quand les salaires réels restent stables. Les marges de manœuvre des entreprises sont d’autant plus étroites qu’elles doivent accroître leur effort d’investissement pour se digitaliser, se robotiser et réaliser la transition énergétique. Leurs besoins sont évalués à deux points de PIB supplémentaires dans les prochaines années. Le taux d’autofinancement, qui était autour de 100 % dans les années 2000/2010, s’élevait à 85 % au premier semestre 2023.

Les faibles salaires représentatifs de la structure de l’économie française L’économie française se caractérise par l’importance des secteurs domestiques (aides à la personne, tourisme, commerces, etc.) à faible valeur ajoutée et par le poids limité de son industrie. Celle-ci ne représente que 12,5 % de la valeur ajoutée, contre 22 % en Allemagne. Or, les salaires sont, en règle générale, plus élevés dans l’industrie que dans les services domestiques. La France souffre, par ailleurs, de la faiblesse des compétences de la population active, rendant difficile l’augmentation des salaires. Au sein  du classement PIAAC de l’OCDE qui retrace les compétences des actifs, la France se classe 21e sur 28. Le faible niveau des compétences de la population active explique une partie de la faiblesse de la hausse de la productivité (8,5 % en 21 ans), bien plus faible que celle des partenaires économiques de l’OCDE de la France. 

Sans l’obtention de gains de productivité et sans montée en gamme de l’économie française, l’augmentation des salaires sera difficile. Or, la productivité recule du fait de la montée en puissance de l’apprentissage et d’un faible attrait du travail. Avec la baisse du chômage, les entreprises sont amenées à embaucher des actifs ayant une productivité plus faible que celle des autres actifs. En cas de poursuite de cette tendance, les marges et les profits des entreprises devraient diminuer, ce qui entraînera la baisse de leurs capacités d’autofinancement pour leurs investissements. Elles seront alors contraintes de s’endetter dans une période de taux d’intérêt élevés. Si la productivité du travail avait continué de croître, en France, aussi vite que jusqu’en 2018, elle serait aujourd’hui supérieure de 10 points à son niveau observé, et les salaires réels auraient pu progresser beaucoup plus rapidement. Des efforts sur les compétences et la formation sont donc indispensables pour enrayer le déclin de la productivité et favoriser la hausse des salaires.

Les salaires réels en hausse en France

Entre 1996 et 2021, selon l’INSEE, le salaire net moyen en équivalent temps plein des salariés du secteur privé a augmenté de 15,6 %, en euros constants (c’est-à-dire corrigé de l’inflation), soit de 0,6 % par an en moyenne. Le salaire des ouvriers a progressé de 17,4 % sur cette période, soit plus rapidement que celui des autres catégories socioprofessionnelles (+12,1 % pour les employés, +4,7 % pour les cadres et +3,3 % pour les professions intermédiaires). Le SMIC qui bénéficie de règles d’indexation a un effet d’entraînement important pour les salaires les plus modestes.

Moindre progression des salaires dans les fonctions publiques

Entre 2011 et 2021, le salaire net en équivalent temps plein a progressé en moyenne de 4,9 % en euros constants dans le privé, soit une hausse de 0,4 % en moyenne par an. Dans la fonction publique, sur la même période, le salaire net moyen en équivalent temps plein a augmenté de 2,1 % en euros constants. Le salaire net moyen des fonctionnaires a augmenté de 2,6 % entre 2011 et 2021 (-1,1 % pour les fonctionnaires de catégorie A, -0,2 % pour ceux de catégorie B et +4,4 % pour ceux de catégorie C), celui des non-fonctionnaires (hors personnels médicaux) a augmenté de 1,5 % et celui des personnels médicaux de 10,9 %.

Réduction des écarts de salaire entre femmes et hommes

L’écart de salaire moyen en équivalent temps plein entre femmes et hommes dans le privé est de 14,5 % en 2021, en incluant apprentis et stagiaires (en les excluant, il est de 14,8 %). Cet écart est imputable aux différences de structure des emplois des femmes et des hommes et de rémunération. L’écart s’est réduit de près de 7,9 points, soit d’un tiers, par rapport à son niveau de 1996. Le salaire net moyen des femmes a progressé plus rapidement que celui des hommes sur la période : +0,9 % par an en moyenne en euros constants pour les premières, contre +0,5 % pour les seconds. La réduction de l’écart salarial entre femmes et hommes provient de la part croissante des femmes parmi les emplois les plus qualifiés (en particulier parmi les cadres, leur part passant de 24 % en 1996 à 37 % en 2021), même si elles demeurent minoritaires parmi les emplois les mieux rémunérés. Entre 2011 et 2021, l’écart de salaire moyen dans la fonction publique entre les femmes et les hommes s’est réduit de 3 points pour s’établir à 11,3 % en 2021.

 

36 % des salariés français professionnellement insatisfaits

En 2022, selon une enquête de la Dares, le service statistique du ministère de l’Emploi, 36 % des personnes qui travaillent ont un motif d’insatisfaction vis-à-vis de leur emploi.
Elles souhaitent en changer, modifier leur durée de travail ou changer la nature de leur contrat de travail (contrat temporaire subi par exemple). 85 % des salariés en contrat temporaire éprouvent un motif d’insatisfaction par rapport à leur emploi. Le motif principal d’insatisfaction est la nature du contrat ; près de trois quarts des salariés en contrat temporaire n’ont pas choisi ce type de contrat. 30 % des cadres éprouvent un motif d’insatisfaction vis-à-vis de leur emploi, contre 45 % des employés et ouvriers peu qualifiés. L’insatisfaction concernant l’emploi occupé est légèrement plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (38 % contre 35 %).

 

Dette publique, la France sur la troisième des pays les plus endettés d’Europe À la fin du deuxième trimestre 2023, selon Eurostat, le ratio de la dette brute des administrations publiques par rapport au PIB dans la zone euro s’élevait à 90,3 % contre 90,7 % à la fin du premier trimestre. Dans l’ensemble de l’Union européenne (UE), le ratio est passé de 83,4 % à 83,1 % du PIB du premier au deuxième trimestre. Tant pour la zone euro que pour l’UE, la baisse du ratio de la dette publique par rapport au PIB est imputable à la croissance du PIB, supérieure à celle de la dette publique. Sur un an (comparaison du deuxième trimestre 2023 et du deuxième trimestre 2022), le ratio de la dette publique par rapport au PIB a également diminué tant dans la zone euro (de 93,5 % à 90,3 %) que dans l’UE (de 85,9 % à 83,1 %).

Les ratios les plus élevés de la dette publique par rapport au PIB à la fin du deuxième trimestre 2023 ont été enregistrés en Grèce (166,5 %), en Italie (142,4 %), en France (111,9 %), en Espagne (111,2 %), au Portugal (110,1 %) et en Belgique (106,0 %). Les plus faibles ratios sont en Estonie (18,5 %), en Bulgarie (21,5 %), au Luxembourg(28,2 %), au Danemark (30,2 %) et en Suède (30,7 %).

Par rapport au deuxième trimestre 2022, six États membres ont enregistré une hausse de leur ratio de la dette publique par rapport au PIB à la fin du deuxième trimestre 2023 et vingt-et-un ont affiché une baisse. Les hausses ont été observées au Luxembourg (+2,9 pp), en Finlande (+2,1 pp), en Estonie (+1,6 pp), en Tchéquie (+0,8 pp), en Slovaquie (+0,4 pp) et en Bulgarie (+0,2 pp), tandis que les baisses les plus fortes ont été enregistrées en Grèce (-16,6 pp), au Portugal (-11,8 pp), à Chypre (-8,1 pp), en Irlande (-7,4 pp), en Croatie (-6,0 pp), en Slovénie (-4,5 pp), en Autriche et en Italie (-4,0 pp chacune), en Espagne (-3,3 pp) et aux Pays-Bas (-3,1 pp).

 

 

 

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