lun. Oct 6th, 2025

Coup de froid sur les marchés après la démission de Sébastien Lecornu

Ce lundi 6 octobre au matin, Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a immédiatement acceptée. L’ex-Premier ministre a passé une heure à l’Élysée avant de quitter le palais présidentiel et doit s’exprimer à 10 h 45 pour justifier son départ.

Cette démission précipitée, survenue dans un contexte de fiasco budgétaire et de majorité en miettes, plonge une nouvelle fois le second quinquennat d’Emmanuel Macron dans la tourmente. Le président va devoir nommer en urgence un nouveau chef de gouvernement capable de restaurer la cohésion, d’éviter une crise institutionnelle et de relancer une action politique déjà en perte de souffle.

Les marchés financiers ont vivement réagi ce lundi matin à la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu, un événement qui ravive les inquiétudes politiques autour de la France. Les investisseurs, déjà nerveux face à l’instabilité budgétaire, ont sanctionné les actifs hexagonaux.

Le spread franco-allemand — l’écart de taux entre les obligations françaises et allemandes, baromètre du risque perçu. Dans le même temps, le taux à 10 ans français s’est envolé avec un seuil inédit depuis 2011, au cœur de la crise de la zone euro.

Sur le marché obligataire, la dette française souffre : lorsque les taux montent, les prix des obligations reculent.

Le choc s’est également propagé aux marchés actions. À l’ouverture, le CAC 40 perdait plus de 2 %.

Une nomination qui était censée ramener la stabilité

Nommé Premier ministre en septembre dernier après la chute de François Bayrou, Sébastien Lecornu incarnait la tentative d’Emmanuel Macron de restaurer un équilibre politique fragilisé par le rejet du plan d’austérité et les divisions au sein de la majorité. Ancien ministre de la Défense et proche du chef de l’État, Lecornu avait pour mission de faire adopter le budget dans un Parlement éclaté, tout en gérant plusieurs dossiers internationaux sensibles.

Un gouvernement quasi inchangé sans Bayrou mais avec Bruno Le Maire:

  • Jean-Noël Barrot restait aux Affaires étrangères,

  • Bruno Le Maire prenait la Défense,

  • Roland Lescure devenait ministre des Finances,

  • Élisabeth Borne reprenait du service à l’Éducation nationale,
    tandis que Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Rachida Dati conservaient leurs portefeuilles régaliens.

Lecornu avait promis de renoncer au recours au 49.3, préférant le dialogue et la recherche de compromis avec l’opposition pour faire adopter le budget avant la fin de l’année.

Mais à peine la nouvelle équipe présentée, les tensions internes ont éclaté au grand jour. Des désaccords profonds sur la ligne économique, la répartition des portefeuilles et l’équilibre politique du gouvernement ont rapidement fait imploser le “socle commun” de la majorité.

Les réactions de l’opposition ont accentué la crise : Marine Le Pen a qualifié le nouveau cabinet de « pathétique », tandis que Jean-Luc Mélenchon l’a décrit comme « un cortège de revenants ». Plusieurs partis de gauche avaient déjà annoncé une motion de censure imminente. Face à cette fronde, le gouvernement Lecornu n’a pas tenu plus de 24 heures.

Par Navidh Mansoor, directeur de publication

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