Au cœur de l’été, une rafale politique a fait douter la finance. Lundi 25 août, François Bayrou, en exercice incertain au poste de Premier ministre, a annoncé son intention de solliciter un vote de confiance le 8 septembre devant l’Assemblée nationale pour faire avaliser un plan musclé d’économies budgétaires. Dès l’annonce, le CAC 40 a baissé, reculant d’environ 1,6 %, avec des dégringolades significatives chez Vinci (-5,8 %), Veolia, Bouygues ou encore les grandes banques, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, affichant des baisses dans une fourchette allant de -3 % à -4 %.
La finance a immédiatement saisi l’enjeu : Bayrou suspendu à un fil, et avec lui, la stabilité politique. Ce constat nerveux s’est matérialisé aussi sur le marché obligataire avec des risques de dégradations de la dette française. Les marchés n’ont jamais eu la mémoire courte : ce type de turbulence rappelle celles vécues lors de la dissolution de l’Assemblée en juin 2024 ou de la censure du gouvernement Barnier en décembre de la même année. Aujourd’hui, la dette publique atteint 3 345,8 milliards d’euros, soit plus de 114 % du PIB, un seuil critique au sein de l’Union européenne.
Un moment de vérité : Bayrou ou la fin de l’incertitude
Est-ce que Bayrou partira ? La réponse devra tomber le 8 septembre prochain. Sans majorité, le gouvernement tombe : risque d’instabilité politique aiguë, paralysie institutionnelle, pression accrue sur les finances publiques et les marchés financiers. Avec majorité, c’est une bouffée d’oxygène, mais aussi le chaos social face aux projets d’économies drastiques qui s’ouvre.
Septembre n’a jamais été aussi lourd d’enjeux. Il ne s’agit plus d’anticiper sur les variations boursières, mais de répondre à une question simple : le pays peut-il se permettre une autre séquence d’indécision ?
Ce que le marché réclame vraiment
- Visibilité, par-delà les jeux de pouvoir : ni complaisance aveugle ni défiance systématique, mais une ligne claire.
- Confiance réaffirmée, pas sentimentale, mais institutionnelle : un gouvernement capable de rassurer, pas seulement de résister.
- Cohérence budgétaire : afficher des réformes crédibles tout en ménageant la croissance et la cohésion sociale.
- Stabilité durable, en politique comme en économie, et arrêter ces montagnes russes qui ruinent l’attractivité du pays.
Appel à la lucidité collective
Aux investisseurs : nul besoin de céder à la panique, mais pas non plus d’ignorer ce qui est en jeu. Un plan économique, même sévère, bien structuré et légitime politiquement, peut calmer la tempête. Ce qui menace aujourd’hui, c’est l’indécision prolongée, pas les économies elles-mêmes.
Aux forces politiques : l’heure est à la responsabilité, pas aux postures. Le vote du 8 septembre est une jonction entre deux mondes, celui de l’action cohérente et celui du désordre institutionnel. Le choix sera aussi économique que politique, dans l’intérêt du pays et des marchés.
Aux citoyens : le vrai danger est la résignation, laisser la scène politique s’embourber dans le grand flou, attendre sans agir, alors que toutes les urgences convergent. Faire confiance ne revient pas à s’aveugler, mais à exiger une direction claire, cadrée, efficace.
Bayrou partira ou ne partira pas ? La vraie question est ailleurs : la prochaine figure du pouvoir sera-t-elle solide, claire et tournée vers l’avenir, ou le bilan de l’indécision de trop ?
Si la bourse flanche aujourd’hui, c’est la fragilité de notre système politique et financier qu’elle reflète. Rétablir une trajectoire constructive implique de repartir du bon pied.
Le 8 septembre ne sera pas juste une date : ce sera un aiguillage décisif. Le pays ne pardonnera pas les demi-mesures.
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