ven. Juin 13th, 2025

Par Navidh Mansoor, rédacteur en Chef de Croissance Investissement,

 Déjà éprouvé par une série d’incidents de sécurité et de grosses difficultés industriels, Boeing voit son horizon s’obscurcir encore et encore. Alors que le constructeur aéronautique américain n’a toujours pas regagné la pleine confiance des autorités, la Federal Aviation Administration (FAA) a décidé un plafond strict sur la production de son avion phare, le 737 MAX, désormais limité à 38 appareils par mois. Cette restriction, imposée depuis janvier 2024, fait suite à un nouvel incident alarmant : la défaillance d’une porte sur un vol d’Alaska Airlines, révélant l’absence de boulons critiques.

Ce nouvel épisode fait écho aux tragédies de 2018 et 2019, qui avaient coûté la vie à 346 personnes et entraîné l’immobilisation mondiale du 737 MAX pendant plus d’un an et demi. Malgré un accord judiciaire conclu avec le ministère de la Justice en 2021, Boeing a été reconnu coupable en juillet 2024 d’avoir violé ses engagements et l’entreprise s’est vu infliger une amende de plus de 240 millions de dollars.

Mais les vents contraires ne sont pas qu’américains. Le spectre d’une guerre commerciale grandissante menace désormais le modèle économique de Boeing. La firme, premier exportateur des États-Unis, subit de plein fouet les tensions douanières provoquées par la politique tarifaire de Donald Trump. De plus, des droits de douane prohibitifs, imposés par Pékin en réponse à ceux de Washington, ont contraint plusieurs clients chinois à renvoyer des avions à Seattle, faute de rentabilité. Un droit de douane de 125 % sur les avions américains importés rend pratiquement impossible toute livraison vers la Chine, l’un des marchés les plus stratégiques du groupe.

Cette situation alarmante s’accompagne d’une grève de deux mois en 2024, une chute de la demande pendant la pandémie, et une chaîne d’approvisionnement fragilisée. Ces pressions tarifaires pourraient affecter toute l’industrie aérospatiale et ses sous-traitants, au moment où l’économie américaine vacille déjà au bord de la récession.

Boeing, qui affirme soutenir près de 1,6 million d’emplois directs et indirects, s’accroche à l’espoir d’un soutien de l’administration en place actuellement. Le groupe entretient un dialogue étroit avec les autorités, jusqu’au plus haut niveau de l’exécutif. La Maison Blanche est pleinement consciente du rôle stratégique du groupe dans l’économie américaine.

La sortie de crise semble encore lointaine. Tant que Boeing ne prouvera pas des améliorations durables en matière de qualité et de sécurité, la Federal Aviation Administration ne lèvera pas les restrictions. Et tant que les tensions commerciales ne s’apaiseront pas, l’exportation — pourtant vitale — restera sous haute pression.

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