Comment un joailler repousse les limites de la création grâce à l’innovation technologique
Tournaire s’est imposé comme l’un des rares joailliers français à intégrer très tôt, il y a plus de 25 ans, les technologies numériques à son savoir-faire traditionnel.
L’introduction de la 3D en 1999 – alors que les joailliers travaillaient exclusivement à la main – a marqué un tournant pour l’entreprise qui a su inventer un modèle créatif et technologique unique dans son secteur.
Un secteur créatif qui investit dans la technologie
À une époque où ces outils étaient encore confidentiels et pas du tout destinés à l’univers de la joaillerie, l’acquisition de l’une des premières imprimantes 3D du marché, Solidscape, a permis à la maison Tournaire d’ouvrir un champ créatif infini et d’optimiser des processus. Ce procédé a ouvert la voie à une nouvelle manière de concevoir le bijou : des formes plus audacieuses, une finesse technique accrue, des prototypages rapides et une recherche esthétique illimitée.
Aujourd’hui, l’atelier associe modélisation 3D, imprimante haute précision et scanner 3D pour numériser sculptures, monuments ou portraits, et en proposer des interprétations miniatures sur des bijoux ou des objets uniques.

Cette intégration permet de mener des projets uniques comme l’Ours Pompon. En effet, la version ajourée ou « engrenages » a nécessité plus d’un an et demi de recherche tant cette pièce complexe exigeait des prouesses techniques rarement vues en joaillerie.
Pour atteindre ce niveau de finesse, l’équipe a mis au point un procédé spécifique inspiré de la fonderie d’art, permettant de réaliser des volumes impossibles à obtenir avec les seuls procédés traditionnels.

Un modèle intégré pour faire face aux enjeux économiques
Dans un secteur marqué par la volatilité du cours de l’or et l’accélération des tendances, cette organisation intégrée constitue un avantage décisif. En effet, la maîtrise complète de la chaîne – de l’idée initiale au bijou fini – et les outils technologiques permettent de réduire considérablement les délais de développement, d’optimiser les volumes d’or, de réduire les coûts matière.
Un fonctionnement qui contraste avec les cycles de développement longs observés dans ce secteur d’activité. Là où les grandes maisons nécessitent parfois plusieurs années pour lancer une collection, la maison Tournaire peut créer une pièce sur mesure ou développer une mini-collection en quelques semaines.
Un savoir-faire ancré, un modèle tourné vers l’avenir
Si la maison s’intéresse aujourd’hui aux évolutions de l’IA appliquées au design 3D, ces outils restent perçus comme des aides ponctuelles. « Ils peuvent simplifier certaines étapes, mais leurs propositions standardisées ne répondent pas aux exigences d’une maison comme la nôtre, qui doit garder son ADN. L’outil numérique reste donc un soutien, jamais un substitut à l’intention artistique » explique Mathieu Tournaire.
La Maison Tournaire illustre ainsi une dynamique rare dans la joaillerie française : associer gestes ancestraux et technologie de pointe permettant de maintenir un savoir-faire d’excellence tout en répondant aux enjeux économiques d’un secteur en profonde mutation. La maison repousse les limites de la créativité et de la technologie dans ce secteur.

