Rémy BRAZET
Pour comprendre la Maison Brazet, il faut remonter trois générations. C’est à ma grand-mère Amélie, tapissière dans une grande maison parisienne, que nous devons les origines de cette passion familiale.
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, c’est naturellement que mon père, Jacques Brazet, a fondé la Maison Brazet. Son savoir-faire a rapidement fait sa réputation jusqu’à devenir l’un des meilleurs tapissiers de son temps. Dans les années soixante, il s’associe à Jean-Dominique Serres, styliste chez Jacques Fath, qui apporte un nouveau regard, plus esthétique et décoratif. Après avoir étudié à l’École du Louvre, j’ai quant à moi renoncé à une carrière d’antiquaire pour rejoindre la Maison en 1983.
C’est sur le terrain, auprès de mon père et de ses Compagnons que j’ai appris le métier. La Maison Brazet a vocation à pérenniser les savoir-faire ancestraux au service de réalisations d’exception: meubles, consoles en cuir, tentures murales aux styles contemporains. Notre cœur de métier repose sur la tapisserie traditionnelle et la garniture de sièges et fauteuils.
Je collabore avec sept tapissières et tapissiers
qui travaillent les fauteuils, les rideaux et les tentures
et réalisent l’ensemble des travaux de couture. Nous
préférons toujours les matières naturelles, le duvet
d’oie, de canard ou encore le crin animal aux substituts
végétaux et acryliques. Ils offrent un ressort sans égal
et garantissent la qualité, le gonflant et la durabilité
de nos créations. Pour bien travailler, il faut choisir
ce qu’il se fait de mieux. Chaque ouvrage est réalisé
sur mesure sur un châssis en hêtre et nous travaillons
à la main, à la semence, dans la plus pure tradition
de la grande Histoire tapissière du xvie
siècle à nos
jours. Tradition n’est pourtant pas synonyme d’inertie.
Nous collaborons avec des décorateurs et artistes :
leurs regards apportent un souffle plus actuel à nos
créations. Nous avons également développé une
technique inédite de conservation préventive des
bois anciens par garniture sur châssis amovibles,
développée à l’occasion de notre collaboration avec
le Musée Paul Getty de Los Angeles, puis proposée
au Musée de Boston. Car ces savoir-faire font et
sont la fierté des arts décoratifs français que nous
exportons à l’international (États-Unis, Suisse ou
Australie). Notre travail est accessible à tous, et
pas seulement aux collectionneurs, musées ou
décorateurs. Il faut éduquer nos clients, expliquer
notre travail, leur faire comprendre que le manque
de qualité coûte plus cher dans le temps.
En tant qu’administrateur à l’École de la
Bonne Graine, il est de notre devoir d’éveiller les
jeunes à nos métiers le plus tôt possible et de leur
transmettre notre savoir-faire. Aujourd’hui le
travail manuel est valorisé, avec l’envie affirmée
de revenir aux origines du geste.