sam. Avr 19th, 2025

Commentaire – Matthew Woodcock, RVP, Customer Value Management chez Coupa Software

« L’annonce de nouveaux droits de douane par l’administration Trump suscite une vive inquiétude et accroît l’incertitude pour les entreprises. Si le moratoire de 90 jours offre un répit temporaire, il complexifie également la situation. Certaines entreprises risquent d’adopter une posture attentiste, tandis que d’autres peuvent y voir une opportunité stratégique pour renforcer la résilience et l’agilité de leurs chaînes d’approvisionnement.

En décembre, 35 % des décideurs financiers aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne considéraient déjà les hausses tarifaires comme une menace majeure pour leur rentabilité en 2025. Ce chiffre pourrait croître rapidement alors que les entreprises doivent désormais composer avec un environnement où les coûts d’entrée, les routes commerciales et les conditions du marché peuvent évoluer soudainement – et de façon répétée.

Les hausses visent de nombreux secteurs stratégiques : acier, aluminium, produits agroalimentaires, automobile – et même les produits de luxe comme le champagne français, menacé par une taxe de 200 %. Bien que ces biens soient rarement sensibles aux prix, une montée du nationalisme ou un ralentissement économique en Chine, grand marché du luxe, pourrait impacter la demande.

En réaction, l’Union européenne – et la France en particulier – commence à prendre des mesures de long terme pour réduire sa dépendance aux importations critiques, comme en investissant dans des installations de retraitement de terres rares. Mais les entreprises ne peuvent pas miser uniquement sur l’évolution géopolitique : elles doivent agir dès maintenant pour s’adapter à un commerce mondial plus instable et imprévisible.

À court terme, on peut s’attendre à une vague d’importations massives vers les États-Unis, avant l’entrée en vigueur des droits. Cela risque de faire grimper les prix du transport, saturer les ports, et aboutir à des stocks excédentaires et mal localisés – aggravant les inefficacités logistiques.

De manière plus globale, l’offre et la demande se rééquilibrent déjà. À mesure que la demande américaine recule pour certains produits européens et que la Chine tente d’écouler ses exportations à des prix compétitifs, les entreprises européennes devront affronter à la fois de nouvelles opportunités (coût des matières premières en baisse) et des menaces accrues (afflux de biens finis concurrents).

Pour s’adapter, il ne suffit plus de revoir ses approvisionnements : il faut passer à une planification par scénarios. Plutôt que de simplement cartographier les centres de distribution et les itinéraires, les entreprises doivent être capables de simuler plusieurs scénarios d’échange et de demande, d’identifier les points de fragilité et de redéployer leurs ressources rapidement – que ce soit en diversifiant leurs sources ou en adaptant leur offre à d’autres marchés.

Cela va bien au-delà des capacités des systèmes traditionnels de planification, souvent rigides. Les entreprises doivent s’équiper d’outils dynamiques, intégrant des données en temps réel, capables de modéliser des hypothèses et d’exécuter des décisions rapidement pour limiter les coûts, réduire les risques et maintenir la qualité de service. La résilience ne repose plus uniquement sur une bonne planification, mais sur la capacité à s’adapter instantanément. »

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