mar. Déc 3rd, 2024

Par Charlotte de Montpellier – Senior Economist – ING France

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Le climat des affaires s’est replié en octobre en France et s’est effondré dans le secteur industriel. La croissance attendue pour les prochains trimestres sera faible. L’incertitude fait chuter le climat des affaires Selon les chiffres publiés par l’Insee, le climat des affaires s’est replié en octobre en France pour s’établir à 97, en baisse d’un point sur le mois. Ce repli est dû à une baisse importante du climat des affaires dans l’industrie, l’indicateur pour le secteur perdant 7 points sur un mois. Hors pandémie (avril 2020), il s’agit de la plus forte baisse mensuelle depuis novembre 2008. Les industriels font état d’une forte baisse de la production passée, des perspectives de production et des nouvelles commandes. Celles-ci sont désormais à leur niveau le plus bas depuis début 2021.

 

En outre, les industriels font état d’une hausse de l’incertitude économique et d’une baisse prévue des effectifs. Ils anticipent une forte baisse de la demande au cours des prochains mois et tablent sur des investissements beaucoup plus faibles au cours de l’année prochaine. Au niveau sectoriel, le moral est en chute libre dans la fabrication de matériel de transport, avec une baisse importante des perspectives de production dans l’automobile et une chute des carnets de commandes pour les autres matériels de transport. Le climat des affaires se replie également nettement dans la fabrication des biens d’équipement. A côté de cela, le climat des affaires dans le secteur des services s’améliore à nouveau, pour le troisième mois consécutif. En gagnant 2 points sur le mois, il s’établit désormais à 101, un niveau supérieur à sa moyenne de long terme. Aussi bien l’activité passée que l’activité prévue sont revues à la hausse par les chefs d’entreprise, même si l’incertitude économique ressentie augmente à nouveau. Les perspectives d’emplois sont, elles, revues nettement à la baisse. Dans le secteur du commerce, le climat des affaires se replie sur le mois, l’évolution des ventes passées et prévues étant vue moins favorablement. Dans celui du bâtiment, le climat des affaires reste stable. Pour l’ensemble des secteurs, le climat de l’emploi se replie, perdant deux points sur le mois. Par ailleurs, les données du climat des affaires indiquent une hausse des pressions inflationnistes dans tous les secteurs, les prix de vente prévus augmentant nettement en octobre. L’inflation risque donc de rebondir quelque peu dans les prochains mois pour retourner proche de 2% et ne devrait pas rester au niveau très bas observé en septembre. Les indices PMI publiés aujourd’hui également, qui chutent aussi bien dans le secteur des services que dans le secteur manufacturier, viennent confirmer la nette dégradation des perspectives économiques en France. L’enquête indique une demande faible et la plus forte contraction des nouvelles commandes étrangères depuis la pandémie.

 

La croissance sera faible au cours des prochains trimestres Dans l’ensemble, ces données offrent une image inquiétante des perspectives économiques pour la France et annoncent une nette baisse du rythme de la croissance économique au quatrième trimestre. La très difficile mise en place du budget 2025 et les nouvelles taxes à venir, ainsi que les tensions géopolitiques, ont fait grimper l’incertitude ressentie et pèsent nettement sur les perspectives économiques. Après un troisième trimestre où l’activité en France a été boostée par les Jeux Olympiques, le quatrième trimestre s’annonce très faible et une baisse du PIB sur le trimestre est probable. Mais surtout, les données d’aujourd’hui signalent que l’économie française risque de rester faible pour entamer 2025, les chefs d’entreprises tablant sur une activité faible à venir dans quasiment tous les secteurs. La politique budgétaire plus restrictive en 2025 va peser nettement sur l’activité, et la situation du secteur industriel devient très difficile et l’effondrement du climat des affaire en octobre doit être considéré comme un signal d’alarme. Nous prévoyons une évolution très peu dynamique de l’activité en France au cours des prochains trimestres.

 

L’activité industrielle devrait restée très dégradée et une accélération forte de la demande étrangère n’est pas attendue. Malgré la baisse des taux d’intérêts, il faudra probablement attendre la seconde partie de 2025 pour voir les investissements se redresser, et ceux des entreprises risquent de rester très faibles. La baisse de l’inflation au cours des derniers mois a soutenu le pouvoir d’achat des ménages, mais il est peu probable que cela se traduise par un fort rebond de la consommation des ménages. Au contraire, la hausse des craintes des ménages concernant le chômage et la dégradation du climat de l’emploi en France risquent de faire à nouveau grimper le taux d’épargne des ménages, dans un contexte de politique budgétaire plus restrictive et d’inflation qui pourrait augmenter à nouveau un peu. Tout cela nous conduit à penser que la croissance du PIB restera faible au cours de la première moitié de 2025 Pour l’ensemble de 2025, le gouvernement table toujours sur une croissance du PIB attendue à 1.1%. Compte tenu des indicateurs, des perspectives mondiales et de la politique budgétaire beaucoup plus restrictive, nous estimons que cette prévision est trop optimiste. Nous tablons sur une croissance du PIB de 0.7% en 2025 après 1.1% en 2024, et les risques entourant cette prévision sont orientés à la baisse.  

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