jeu. Nov 21st, 2024

Le 6 février dernier, les provinces du sud-est de la Turquie, ont été frappées par des tremblements de terre qui ont fait plus de 40 000 morts en Turquie et en Syrie. Ce bilan, loin d’être définitif, pourrait doubler selon les Nations unies. Des millions de personnes sont en détresse humanitaire alors que le personnel médical s’efforce d’éviter la propagation de maladies dans les centres accueillant des dizaines de milliers de réfugiés.

 

L’impact de la catastrophe sur l’économie turque reste très incertain mais le montant nécessaire pour la reconstruction est d’ores et déjà estimé entre 50 et 85 milliards de dollars (selon la Turkish Enterprise and Business Confederation). L’état d’urgence a été décrété pour 11 villes. Parmi elles figurent Kahramanmaraş, Hatay et Gaziantep, qui sont des centres régionaux clés de logistique, de production et d’exportation. Ces régions réalisent environ 12% du PIB du pays et représentent environ 20% de la production agricole et forestière, 10% de la production manufacturière, et près de 15% de l’activité de construction.

Alors que l’inflation est déjà très élevée (58%), la perte de production agricole ainsi que le début du Ramadan en mars devrait amplifier le phénomène. Coface estime ainsi que l’inflation sera en moyenne de 50 % en 2023 alors qu’elle avait atteint 72 % en 2022.

 

A court terme, la croissance devrait fortement ralentir. Lors du tremblement de terre survenu en 1999, le PIB s’était contracté de 3,3 % avant de rebondir de 6,8% en 2000. Coface avait estimé en début d’année que le PIB serait en croissance de 3,5% en 2023, un chiffre qui ne prend pas en compte les effets du séisme qui restent à préciser. En effet, des usines ont été totalement ou partiellement détruites. L’organisme turc de surveillance bancaire (BDDK) a par ailleurs mis en place de premiers mécanismes afin d’alléger certaines contraintes d’endettement et de permettre aux entreprises impactées de compenser une partie de leurs pertes et de la détérioration de leurs flux de trésorerie.

 

Selon nos analyses, les secteurs les plus touchés par la catastrophe sont le textile et l’habillement, le commerce de détail, l’agroalimentaire, les services, les technologies de l’information et de la communication, les métaux, et la chimie. A moyen terme, la nécessité de reconstruire une zone, estimée à 110 000 km2 carrés (donc plus grande que le Danemark, les Pays-Bas, la Suisse ou encore la Belgique) et peuplée par 13 millions d’habitants pourrait soutenir le secteur de la construction. Le président Erdogan a ainsi déclaré que la construction de 30 000 bâtiments résidentiels dans la zone du séisme débuterait en mars.

 

Sur le plan politique, les conséquences du tremblement de terre, associées aux turbulences économiques de 2022 (inflation historiquement élevée, faiblesse de la livre turque…), pourraient amener la population, qui sera appelée à voter lors d’élections le 14 mai, à se concentrer sur la situation économique intérieure du pays. Il existe cependant un débat sur le fait que ces élections puissent se tenir : l’opposition demande à ce qu’elles soient maintenues et il règne une grande incertitude en la matière.

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