mer. Déc 18th, 2024

Une récession est-elle nécessaire pour ralentir l’inflation ? 

Le maintien d’une forte inflation des services montre que la question de l’inflation n’est pas résolue. 

La Fed souhaite réduire les tensions sur le marché du travail. La situation actuelle est particulière car ces tensions s’expliquent surtout par un niveau extrêmement élevé des offres d’emplois. 

Le discours de Jerome Powell à Jackson Hole montre que la Fed reconnaît maintenant qu’une récession sera sans doute nécessaire pour faire baisser le ratio « offre  d’emplois/chômeurs ».

Un contexte qui, malgré les apparences, n’est pas encore celui d’une récession 

Le PIB s’est contracté sur les deux premiers trimestres  de 2022, mais il ne s’agit pas d’une réelle récession du  fait de la bonne tenue de nombreux autres indicateurs. 

Les indicateurs avancés usuels ne valident pas une entrée en récession. 

Les profits corrigés de l’inflation commencent en général  à baisser un an avant l’entrée en récession et ont baissé  en moyenne de 20% au moment de l’entrée en récession. 

Ils sont actuellement au plus haut.

Un biais haussier pour la Fed 

Le discours de Jerome Powell à Jackson Hole montre que la principale leçon tirée par la Fed des années 1970 est la nécessité d’éviter un assouplissement trop précoce tant que l’inflation n’est pas revenue à sa cible.

ZONE EURO 

Un bon premier semestre qui a permis de poursuivre la baisse du taux de chômage 

Le taux de chômage a poursuivi son repli au premier semestre grâce au maintien d’une bonne dynamique. 

Les hausses des prix du gaz et de l’électricité, deux phénomènes partiellement liés, constituent un choc d’une ampleur importante pour l’économie européenne

L’envolée des prix du gaz s’explique par les réductions de livraisons par la Russie à un moment où les Européens remplissent les réservoirs avant l’hiver. La forte hausse  des prix de l’électricité y est liée, mais tient aussi aux conséquences de la sécheresse et à la maintenance nucléaire en France.

Pour l’instant, une activité économique qui plie mais ne rompt pas 

Les indices PMI ont baissé mais restent proches de leur zone neutre de 50. 

Les pays publiant des données d’emplois relativement rapidement ne montrent pas encore de destructions d’emplois.

À la question du prix de l’énergie s’ajoute celle des flux de gaz 

Si l’économie a pu résister jusqu’à maintenant, l’impact final de la hausse des prix de l’énergie ne s’est pas encore totalement fait sentir au niveau des agents économiques. 

Outre la question du prix de l’énergie, se pose aussi celle des flux de gaz russes vers l’Europe. Déjà fortement réduits, pourraient-ils tomber à zéro ? 

Si la Russie considère que l’Ukraine ne résiste que grâce au soutien des pays occidentaux, il peut être tentant d’affaiblir et de diviser ceux-ci. 

L’annonce de la suspension des livraisons via Nord Stream 1 est de mauvais augure.

Quel impact économique en cas de rationnement du gaz ? 

À partir de modèles prenant en compte l’hétérogénéité des secteurs, le FMI a analysé les impacts économiques en cas d’arrêt complet des exportations russes et de leur 

compensation à 70%. Cette analyse montre un impact notable sur le PIB. 

Le modèle du FMI n’inclut pas de réponse budgétaire. 

L’une des principales questions reste l’ampleur des mesures de soutien. Les pays européens ont déjà mobilisé près de 280 Mds EUR. 

L’adoption de nouvelles mesures pourrait permettre de réduire l’impact sur la croissance. 

Si elles ne peuvent réduire le choc d’offre, elles peuvent réduire le choc de demande. Pour la BCE, cela n’est pas neutre, les deux types de chocs n’ayant pas les mêmes implications au niveau de l’inflation.

Accélération des salaires et de l’inflation 

La zone euro manque de données fiables sur les salaires. Celles disponibles en France montrent une accélération notable : au second trimestre, ils étaient en hausse de 3,5% sur un an, un niveau inédit depuis le début des années 1990. 

L’accélération de l’inflation dans la zone euro doit beaucoup à l’accélération des prix de l’énergie comme en témoigne l’écart entre l’inflation globale et l’inflation sous-jacente. 

Mais une analyse détaillée des données d’inflation montre qu’un nombre important de biens et services sont en forte hausse. Plus de la moitié est en hausse de plus de 5% sur un an. 

Le discours d’Isabel Schnabel laisse envisager une BCE plus active face à ce choc exogène.

Chaînes d’approvisionnement : la baisse des tensions se poursuit  

L’accélération de l’inflation depuis 2021 est notamment liée aux difficultés d’approvisionnement et à l’explosion des coûts logistiques. Dans ce domaine, plusieurs indicateurs peuvent être regardés, notamment les coûts de transport et les délais de livraison issus d’enquêtes menées auprès des entreprises.

La Réserve Fédérale de New York a construit un indicateur synthétique de ces différentes mesures pour les principales économies de la planète. Cet indicateur semble montrer que le pire est maintenant clairement derrière nous, même s’il demeure à un niveau supérieur aux points hauts de l’avant-Covid. 

Source : Bloomberg, Fed de New York. Données arrêtées au 31 août 2022 

Notre analyse

Aux États-Unis, les prix des biens hors alimentation et énergie ont ralenti depuis le mois de février, deux mois après le pic observé sur les tensions des chaînes d’approvisionnement. Après un sommet à 7,7%, l’inflation sur le prix des biens n’est plus que de 5,4%. La normalisation progressive des chaînes d’approvisionnement devrait permettre à ce chiffre de poursuivre sa décrue. Pour autant, cela ne permettra pas de résoudre de manière globale le problème de l’inflation aux États-Unis, qui provient aujourd’hui davantage des services.

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