mer. Déc 18th, 2024

Cette dernière semaine, forte remontée des prix de l’énergie dans un contexte géopolitique fragile

Gaz : +24,3% sur les prix pour 2024 et +40,4% pour les prix de novembre 2023. Les fondamentaux gaziers, bien que toujours baissiers, n’ont pas su résister aux évènements géopolitiques à l’oeuvre actuellement et les prix en ont subi les conséquences. La situation explosive au Proche-Orient, le sabotage d’une infrastructure gazière en mer Baltique ainsi que la décision des salariés australien de Chevron de faire à nouveau grève dans le secteur du GNL ont provoqué une forte hausse des prix du gaz. La baisse actuelle des températures est également venue accompagner ce mouvement de remontée des prix.

Électricité : +20,3% sur les prix pour 2024 et +34,2% pour les prix de novembre 2023. Le prix de l’électricité a aussi subi les conséquences de la forte hausse des prix du gaz, mais également de la remontée des prix du charbon et du CO2. Alors que le prix de l’électron pour l’année 2024 avait atteint son plus bas niveau de l’année, les secousses géopolitiques ont fait remonter les prix de toutes les matières premières. La réduction de la production renouvelable et la baisse des températures ont également concouru à cette remontée des prix.

CO2 : +6,8% sur les quotas pour décembre 2023. Le prix des émissions de CO2 a fortement augmenté suite à la flambée des prix du gaz et la baisse des températures. 

Pétrole : +8,3% sur le prix du pétrole. La valeur de l’or noir reste très liée aux évènements affectant le Proche-Orient et le risque d’embrasement dans la région. Près du tiers du pétrole mondial transite par le canal de Suez et les risques sur l’implication de l’Iran dans le conflit opposant Israël au Hamas pourraient provoquer un embargo total sur ses exportations. Le marché reste très tendu et les prix réagiront selon les agissement d’Israël dans la région.

Par Nicolas Leclerc

Réforme du marché de l’électricité

Alors que se tiennent en ce moment les discussions sur la réforme du marché de l’électricité, Edouard Lotz, analyste marché de l’énergie au sein du cabinet français de conseil en énergie OMNEGY, se propose de décrypter la situation avec vous à travers son expertise.

Rappelons le contexte de ces discussions à travers un focus sur l’Allemagne et la France qui semblent s’opposer dans des discussions.

Avant la guerre en Ukraine, les prix de l’électricité en Allemagne étaient inférieurs à ceux en France pour les gros industriels (données Eurostat), car les producteurs d’électricité allemands bénéficiaient de prix du gaz bas et les quotas CO2 avaient un prix qui n’impactaient pas encore trop les coûts de production.

La crise énergétique a fait prendre la mesure en Europe de la nécessité de réformer le marché afin que les consommateurs puissent bénéficier de prix plus stables. La France quant à elle, a fait le choix de développer du nucléaire, à coût plus stable et prévisible (moins exposés à des marchés volatils) que l’Allemagne qui a 36 GW de charbon et 35 GW de gaz.

Selon Edouard Lotz, « Sur le cœur de la réforme du marché de l’électricité se joue le sort de la compétitivité de l’industrie. L’Allemagne ne souhaite pas que la France bénéficie d’un mécanisme de prix pour ses centrales nucléaires mais en parallèle souhaite mettre sur la table 30 milliards pour encadrer le prix de l’électricité de ses électro-intensifs. »

« L’Allemagne rejette les propositions de CFD incluant les centrales existantes au niveau européen uniquement parce que cela avantagerait trop la France, qui a fait un choix stratégique en développant sa filière nucléaire et en maîtrisant mieux ses coûts de production. La crainte de l’Allemagne serait de perdre en compétitivité dans son industrie par rapport à celle de la France. Vouloir empêcher la France, qui a fait les bons choix énergétiques, de continuer à bénéficier d’un coût bas pour son industrie desservirait en réalité toute l’Europe. N’oublions pas que la Chine ou les Etats-Unis (avec l’Inflation Reduction Act) risquent de poser bien plus de problèmes à l’industrie européenne. Il s’agit donc de trouver une solution bénéfique à l’ensemble du bloc et de négocier en bonne intelligence pour une solution pérenne sur les coûts de la filière en UE » complète-t-il.

 

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