ven. Mai 3rd, 2024

Les États-Unis se sont engagés plus tôt que la zone euro dans la lutte contre l’inflation. Ils commencent à engranger les premiers résultats quand le combat demeure incertain en Europe. Au-delà du décalage dans le temps dans la mise en œuvre des politiques monétaires restrictives, la nature différente de l’inflation explique cette différence entre les États-Unis et la zone euro.

La désinflation engagée aux États-Unis

L’inflation hors énergie, alimentation et hors loyers (effectifs et imputés) aux États-Unis, n’est plus, au mois de juillet 2023, que de 1,9 % en rythme annuel quand elle dépassait 7,5 % entre la fin de 2021 et le début de 2022. La seule source restante d’inflation hors énergie et alimentation demeure, aux États-Unis, dans les loyers. La progression des revenus des ménages a augmenté de moins de 3,5 % par an au deuxième trimestre 2023, contre plus de 5 % par an au début de l’année. Au sein de la zone euro, l’inflation hors énergie et produits alimentaires non transformés était, en juillet, de 6,6 % par an, contre 7,5 % au cours du premier trimestre. L’inflation hors énergie, produits alimentaires non transformés et loyers s’élevait à 7 % en juin 2023. La croissance du salaire nominal par tête est passée de 4 % au 1er trimestre 2022 à 5,2 % au 1er trimestre 2023.

L’inflation s’est manifestée aux États-Unis dès le début de l’année 2021 en lien avec les plans de relance mis en œuvre par l’État fédéral quand elle a réellement émergé en zone euro avec la guerre en Ukraine qui a provoqué une forte hausse des prix des matières premières et de l’énergie. La banque centrale américaine a commencé à réagir dès le début du printemps 2022 et a augmenté plus rapidement ces taux que celle de la zone euro qui n’a durci sa politique monétaire qu’à partir du mois de juillet 2022.
Aux États-Unis, l’inflation a une importante composante loyers. Le poids de cette composante dans l’inflation est de 33 % ; ce taux atteignant 43 % pour l’inflation sousjacente (hors énergie et alimentation). Les loyers continuent à augmenter aux États-Unis malgré la forte baisse des prix de l’immobilier. En règle générale, un décalage de 18 mois est constaté entre les variations de ces derniers et les loyers. Une baisse est donc attendue dans les prochains mois. La reprise du marché de l’immobilier depuis le début de l’été fait néanmoins craindre que cette baisse soit faible et de courte durée. En revanche, le freinage de la progression des salaires constitue une bonne nouvelle pour la maîtrise de l’inflation. Leur progression a été divisée par deux entre 2021 et la mi-2023.

Dans ce contexte, l’inflation hors énergie, alimentation et y compris loyers sera, à la fin de l’année 2023, inférieure à 3 % aux États-Unis.
Au sein de la zone euro, la diminution de l’inflation est avant tout imputable à un effet base. L’évolution favorable des prix de l’énergie et des matières premières pèse favorablement sur les indices des prix. Après avoir connu un pic plus de 40 %, l’indice des prix à la consommation de l’énergie est devenu négatif au cours du deuxième trimestre 2023. Cette décrue demeure fragile comme le démontre la remontée des prix du pétrole depuis le mois de juillet 2023. L’inflation hors énergie et produits alimentaires non transformés et l’inflation hors énergie, produits alimentaires non transformés et loyers (les loyers augmentent assez lentement dans la zone euro) restent élevées. Au cours du deuxième trimestre 2023, l’indice des prix à la consommation des loyers était en hausse de 2,5 % en zone euro. Les loyers à la différence des États-Unis évoluent lentement en zone euro en lien avec leurs modalités de fixation. En France, depuis plus d’un an, les relèvements sont plafonnés.

Concernant l’inflation sous-jacente, une légère décrue est constatée en Europe mais elle demeure faible et est plus lente que celle constatée aux États-Unis. Cette différence est imputable à l’accélération des hausses des salaires et des coûts salariaux unitaires qui s’accompagne, en outre, du recul de la productivité. Les tensions de plus en plus importantes sur le marché du travail contribuent à l’augmentation des salaires. De nombreux pays de la zone euro, dont l’Allemagne et les Pays-Bas, sont en situation de plein emploi. En France, le taux de chômage est au plus bas depuis 40 ans. Plus de la moitié des entreprises de la zone euro rencontrent des difficultés de recrutement.

Les États-Unis peuvent espérer sortir de la vague inflationniste à l’automne quand en zone euro, celle-ci pourrait perdurer quelques temps. La BCE pourrait être contrainte de relever encore à deux reprises ses taux directeurs avec comme risque de réduire à néant la croissance. Un des problèmes majeurs de la zone euro provient des tensions sur le marché du travail. L’amélioration du taux d’emploi est une nécessité tant pour réduire l’inflation salariale que pour augmenter le taux de croissance potentiel de la zone euro.
Par ailleurs, la recherche de gains de productivité pour compenser les surcoûts salariaux est indispensable.

La croissance toujours présente en zone euro

Au cours du deuxième trimestre 2023, le PIB corrigé des variations saisonnières a augmenté de 0,3 %, selon Eurostat, dans la zone euro et est resté stable dans l’Union européenne par rapport au trimestre précédent. Au cours du premier trimestre 2023, le PIB était resté stable dans la zone euro et avait augmenté de 0,2 % dans l’Union.

      
Cercle de l’Épargne – données Eurostat

En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 0,6 % dans la zone euro et de 0,5 % dans l’Union au deuxième trimestre 2023, après +1,1 % dans les deux zones au trimestre précédent. Parmi les grands pays européens, la France et l’Espagne sont ceux qui enregistrent la plus forte croissance au deuxième trimestre avec respectivement des taux de 0,5 et 0,4 %. À l’opposé, la Pologne a connu une contraction sur la même période de 3,7 %.

Au cours du deuxième trimestre 2023, le PIB des États-Unis a augmenté de 0,6 % par rapport au trimestre précédent (après +0,5 % au premier trimestre 2023). Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le PIB américain a augmenté de 2,6 % (après +1,8 % au trimestre précédent). Sur un an, l’Espagne, la France et l’Italie enregistrent une croissance supérieure à la moyenne à la différence de l’Allemagne.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *