jeu. Nov 21st, 2024

Baromètre des levées de fonds In Extenso Innovation Croissance, ESSEC Business School et France Angels1 – 1er semestre 2023. 

Au cours du 1er semestre 2023, les levées de fonds ont reculé de 50% en France et 48% en Europe par rapport  aux montants records enregistrés au 1er semestre 2022. Pour autant, les tendances restent dynamiques en  termes de nombre d’opérations, en progression par rapport au 1er semestre 2022 (+14% en France et +23% en  Europe). Les financements sont en cours de réallocation vers des entreprises en phase d’amorçage, des projets 

innovants (notamment le quantique) et à impact (par exemple l’énergie et la santé), tandis que le nombre de  méga-rounds recule, en raison du désengagement des investisseurs « late stage » et d’une baisse générale des  valorisations. 

Panorama des levées de fonds au 1er semestre 2023 

1Il s’agit de la 1ère édition du baromètre réalisé avec notre nouveau partenaire France Angels, en complément de  notre partenaire l’ESSEC Business School. Cet élargissement du périmètre à la Fédération Nationale des Business  Angels vise à dresser un panorama plus exhaustif des levées de fonds en France, notamment auprès de Business  Angels très actifs pour soutenir les jeunes entreprises innovantes lors de la phase d’amorçage.

Principaux point clés qui ont marqué ce 1er semestre en France :  

  • Les méga-rounds, après avoir subi un très fort recul, demeurent à un niveau très faible. Au cours du 1er semestre seules 7 opérations sont enregistrées à plus de 100M€, dont 4 opérations au 2etrimestre : o DrivEco, solution de recharge de véhicules électriques, soutenu par Mirova, APG et CorsicaSole pour 250 M€. 

o Ynsect, spécialiste de l’élevage et transformation d’insectes, collecte une première tranche de série D  pour 160 M€. Cette opération se réalise dans un contexte de réorientation de la stratégie et de  réorganisation interne. 

o TSE, producteur d’énergie solaire, lève 130M€ auprès de 3 acteurs majeurs de la transition énergétique :  Eurazeo, qui a mené ce tour, Bpifrance et un pool d’investisseurs du groupe Crédit Agricole, représenté  notamment par IDIA Capital Investissement et Amundi. 

o Mistral AI, start-up d’IA générative spécialisée dans les grands modèles de langages et portée par  d’anciens chercheurs de Meta et Google, lève 105 M€ moins de 2 mois après sa création, auprès d’une  quinzaine d’acteurs dont des investisseurs en capital-risque comme Index Ventures, Headline ou encore  Lightspeed. 

  • La DeepTech reste attractive sur le 2ème trimestre, en particulier dans la santé et l’énergie, avec Moon  Therapeutics (robot chirurgical), SiPearl (microprocesseurs), Tissium (reconstruction tissulaire), DIogenX  (diabète), Corwave (cardiaque), 45-8 énergie (He et H2 blanc), BeFC (énergie) ou encore Woodoo (matériaux). 
  • Les secteurs des CleanTech et de l’impact confirment leur forte attractivité : ces sujets sont aujourd’hui clés  et des montants importants sont alloués à ces thématiques. Le financement non dilutif des investissements est également facilité, avec le fléchage de dispositifs bancaires, d’aides publiques nationales (Bpifrance,  France 2030, …) ou européennes (Innovation Fund, LIFE, …). 
  • L’amorçage demeure un segment dynamique. Certaines plateformes de crowdequity comme Tudigo  constatent un fort engouement pour des projets à impact, qui tendent à se démocratiser auprès du grand  public. Les réseaux de business angels ont également la capacité à compléter des tours de table aux côtés  d’investisseurs plus institutionnels. 
  • Plusieurs initiatives visent à renforcer la résilience de l’écosystème, nous notons notamment : o l’annonce à VivaTech de la 2ème phase de l’initiative TIBI, avec la mobilisation de 7 Md€ de fonds  privés pour le capital-risque late stage, est soutenue par l’écosystème, qui permettra le financement  de projets CleanTech et DeepTech ; 

o la BEI (Banque Européenne d’Investissement) lance également un dispositif de fonds de fonds, le  European Tech Champion Initiative, à destination des fonds de croissance tech européens, afin de  contribuer au financement des scale-ups européennes ; 

o dans ce contexte, nous relevons également la présence renforcée d’acteurs Family Office, se  positionnant en evergreen (sans horizon de temps structurel de liquidité). 

  • La période actuelle n’en reste pas moins source de difficultés pour certains acteurs, nous notons  notamment : 

o un ralentissement de la vitesse de conclusion des opérations, qui peuvent être désormais  réalisées en 6 à 9 mois au lieu de 4 à 6 précédemment ; 

o dans certains cas, plus de difficultés à finaliser certaines opérations de série B sur des projets  trop éloignés de la rentabilité, qui vont plutôt s’orienter vers une extension de la série A ; o une révision des valorisations à la baisse , y compris en amorçage, plus marquée dans le SaaS B2B  à l’exception des projets DeepTech ; 

o des sorties relativement bouchées en ce moment, avec l’absence d’acquéreurs industriels (dont  certains indiquent ne pas souhaiter réaliser d’opérations en 2023), ainsi qu’un marché des  introductions en bourse fermé ; 

o une tendance à la réorganisation des start-ups, entraînant des plans de départs volontaires et  licenciements, sur fond de consolidation (opérations de fusions et acquisitions). 

  • Lors des prochains mois de 2023, nous devrions voir cette tendance à la consolidation se poursuivre,  traduisant une phase de sain ajustement sectoriel après 2 années d’exubérance. Il n’en reste pas moins  que les tendances de fonds sont puissantes, que ce soit par l’apport de gains de productivité apportés par le  SaaS et l’IA, ou encore la montée des thématiques climat/impact dans les modèles économiques. 

« Malgré la persistance de la contraction des montants levés lors de ce premier semestre, la French Tech montre des  signaux de résilience, faisant de la France le premier pays de l’Union Européenne en termes de montants levés. Les financements des entreprises en phase d’amorçage et des nouveaux projets tournés vers l’avenir, notamment à impact, tirent leur épingle du jeu. De plus, l’engouement pour la Tech observé lors de la dernière édition du Salon VivaTech  confirme la dynamique autour de l’innovation en France et le nombre de deals sur le semestre (+14% par rapport au  S1 2022) reste rassurant. Les annonces récentes en faveur de la French Tech relatives au plan TIBI 2 de 7 milliards  d’euros, avec notamment des financements à destination de l’« early stage », en plus du « late stage » habituel,  

transmettent un signal fort à l’écosystème et viendront renforcer le financement des start-ups tricolores. » Patricia BRAUN 

Présidente – Associée, In Extenso Innovation Croissance 

« Le cycle baissier du capital-risque se poursuit malgré un retour de la performance de la Tech sur les marchés boursiers  depuis le début de l’année. Du fait d’un accès au capital plus difficile, les dirigeants de start-ups et scale-ups  réapprennent à croître grâce à l’innovation et la qualité d’exécution. L’IA générative apporte un nouvel élan inespéré  avec des perspectives d’innovation et de développement insoupçonnées dans tous les secteurs de l’économie, ce qui  pourrait accélérer l’arrivée d’un nouveau cycle haussier dans le capital-risque. » 

Nicolas LANDRIN 

Executive Director, Center for Entrepreneurship & Innovation, ESSEC Business School 

« A fin juin, les réseaux de Business Angels, constatent, au niveau national, une légère progression des montants levés  malgré un contexte devenu difficile depuis la mi 2022. Le « deal flow » (nombre de dossiers reçus) reste soutenu avec  des dossiers de qualité. Les valorisations attendues par les entrepreneurs en « early stage » restent un peu élevées.  Toutefois ce sont les refinancements (seconds tours et suivants) qui ont pris une part prépondérante au détriment des  premiers tours. Cela dénote une certaine prudence de la part de nos investisseurs Business Angels principaux acteurs  de la phase d’amorçage. L’autre caractéristique du début d’année qui se confirme au second trimestre, est une  tendance à l’allongement du délai pour boucler les tours de table, nous sentons en effet que les co-investisseurs  habituels des phases série A ou B sont plus frileux. Au niveau sectoriel, nous voyons toujours beaucoup de dossiers à  impact, ainsi que des technologies de rupture particulièrement en santé. » 

 

Levées de fonds S1 2023 : coup de frein sur les méga-levées, accélération sur la CleanTech et l’amorçage [Baromètre In Extenso Innovation Croissance, ESSEC, France Angels]

 

Jacques MELER 

Co-Président de France Angels et Vice-Président de Provence Angels 

À propos d’In Extenso Innovation Croissance 

In Extenso Innovation Croissance conseille les organisations innovantes sur les grands défis de demain en apportant aux  entreprises et aux acteurs publics la vision stratégique d’un partenaire capable de proposer et mettre en œuvre des  recommandations scientifique, technique, stratégique, financière et fiscale en matière d’innovation durable.  Avec près de 100 consultants maitrisant les enjeux entrepreneuriaux et sectoriels de leurs clients, In Extenso Innovation  Croissance bénéficie d’un maillage territorial fort, grâce à 7 implantations en région, assurant à la fois réactivité &  connaissance parfaite des écosystèmes et réseaux de décideurs.  

In Extenso Innovation Croissance est référencé dans la catégorie Excellent des classements Leaders League “Energie &  Environnement – Responsabilité sociétale des entreprises”, “Partenaires de la Direction Financière – Financement de  l’innovation (R&D, CIR)” et “Innovation, Technologies & Télécoms – Stratégie & management de l’innovation”. In Extenso Innovation Croissance, filiale du groupe In Extenso certifié Great Place To Work, a obtenu le label RSE Positive  Company®. 

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