mer. Déc 18th, 2024

 Les résultats de ventes aux enchères enregistrés à New York au mois de mai ont montré, qu’après tous les records établis par les collections Paul G. Allen, Anne H. Bass et Thomas Ammann, l’exercice 2023 commençait par une une remise en question sur Marché de l’Art. Le marchand Dominique Lévy, interrogé lors de la foire Art Basel par la journaliste Amy Shaw pour The Art Newspaper, décèle la présence d’un « clair réajustement ». Artprice y voit l’occasion de revenir sur l’accélération du Marché de l’Art depuis le début du 21ème siècle, en interrogeant les œuvres que le marché valorise le plus.

Auction turnover (2000-2022) by year of creation in painting

 

Produit des ventes aux enchères (2000-2022) par année de création en peinture
Photo – https://mma.prnewswire.com/media/2141769/year_of_creation_in_painting.jpg

« L’Histoire de l’Art trouve dans les résultats de ventes aux enchères un éclairage tout à fait original », explique thierry Ehrmann, Président d’Artmarket.com et Fondateur d’Artprice. « Nos bases de données, parce qu’elles couvrent de manière objective et complète les ventes aux enchères de Fine Art depuis plus 30 ans dans le monde, fournissent un outil extraordinaire pour étudier les comportements des collectionneurs et donner à voir ce que nos contemporains valorisent le plus ».

Le triomphe du Pop Art

En 1964, Andy Warhol, Roy Lichtenstein, Robert Rauschenberg et Ed Ruscha sont au sommet de leur art : le prix record aux enchères pour chacun de ces quatre artistes a été enregistré par un tableau peint cette année-là, en pleine Guerre Froide, quelques mois seulement après l’assassinat du Président J. F. Kennedy. Ces records, auxquels s’ajoutent plus de treize mille résultats, font de l’année 1964 l’année qui a généré la plus grande valeur en salles de ventes depuis vingt-trois ans, toutes périodes de création confondues : 2,48 Mrd$.

Shot sage blue Marilyn (1964) d’Andy Warhol fait en quelque sorte office de figure de proue, elle qui a récolté la deuxième plus belle enchère de tous les temps à 195 m$, le 9 mai 2022 chez Christie’s à New York. Les deux années précédentes sont toutes aussi importantes pour Warhol mais, en 1964, Robert Rauschenberg remporte le grand prix de la Biennale de Venise.  Poussé par Leo Castelli et peut-être même soutenu par la CIA, le Pop-art s’impose alors dans le monde : certains crient au scandale pendant que d’autres y voit le basculement de l’art vers l’Ouest, une passation de pouvoir entre Paris et New York sur la scène internationale.

Top 15 des œuvres produites en 1964 aux enchères
Photo – https://mma.prnewswire.com/media/2141770/artworks_produced_in_1964.jpg

Abstraction, Pop Art et Expressionnisme

Au milieu des années 1960, plusieurs géants de la première moitié du 20ème siècle créent encore des œuvres importantes : Pablo Picasso, Alberto Giacometti, René Magritte sont bel et bien encore en activité. Du côté de l’Asie, Li Keran et Fu Baoshi perpétuent l’art de la peinture traditionnelle chinoise en lui conférant une touche toute personnelle de modernité, pendant qu’en Europe Zao Wou-Ki participe avec quelques compatriotes à l’aventure de l’Abstraction Lyrique. En Angleterre, une nouvelle génération s’impose : David Hockney a 27 ans en 1964, Frank Auerbach 33 ans et Lucien Freud 42 ans. Ils n’en sont qu’aux prémices de leurs carrières mais Francis Bacon, 55 ans, réalise cette année-là quelques uns de ses meilleurs portraits.

Aux États-Unis, Mark Rothko, Barnett Newman, Willem De Kooning ou Clyfford Still n’en ont pas encore terminé avec l’Expressionnisme Abstrait, seulement Jackson Pollock s’en est allé depuis quelques années déjà et une autre révolution est en marche avec le Pop Art. C’est ce mouvement qui va finir par véritablement imposer l’Amérique sur la scène artistique internationale, en même temps que sur le Marché de l’Art, grâce à des œuvres éclatantes même si elles cachent souvent une critique du rêve américain. En France, Pierre Soulages a déjà peint ses meilleures toiles, mais une nouvelle scène expressionniste commence à émerger en Allemagne, avec Gerhard Richter et Sigmar Polke, Georg Baselitz, Anselm Kiefer, etc. Leurs travaux vont se déployer sur de nombreuses années et ne vont donc pas produire la même concentration de valeur que le Pop Art américain.

Le succès de ce mouvement tient notamment à ce que l’intérêt des collectionneurs se focalise sur quelques séries de travaux, sur lesquels les grands noms du Pop Art américain ont travaillé et retravaillé pendant quelques années… autour de 1964.

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