Bas Kooijman est le PDG et gestionnaire d’actifs de DHF Capital S.A.
La semaine écoulée a mis en lumière la manière dont le sentiment des investisseurs reste étroitement lié à l’évolution des dynamiques commerciales, des attentes en matière d’inflation et des actions des banques centrales. Voici un résumé des principaux développements aux États-Unis, en Europe et dans la région Asie-Pacifique.
États-Unis : Les actions progressent malgré les tensions juridiques et commerciales
Les marchés boursiers américains ont enregistré des gains durant une semaine écourtée par les jours fériés, avec le Nasdaq Composite en tête (+2,01 %), suivi par le S&P 500 (+1,88 %) et le Dow Jones (+1,60 %). L’optimisme initial a été alimenté par le report des tarifs douaniers et l’accélération des négociations commerciales avec l’Union européenne. Cependant, la prudence a repris le dessus en fin de semaine.
Un facteur majeur de volatilité est venu des tribunaux. La Cour de commerce internationale des États-Unis a jugé que le président Trump n’avait pas l’autorité pour imposer certains tarifs mondiaux récents, ce qui a déclenché une hausse des actions et des obligations. Toutefois, cette décision a été suspendue par une cour d’appel fédérale, rétablissant temporairement les tarifs et refroidissant l’enthousiasme des investisseurs.
Les relations commerciales avec la Chine sont également restées au centre de l’attention. Des déclarations du secrétaire au Trésor Scott Bessent sur le ralentissement des négociations et les accusations du président Trump envers la Chine, l’accusant de ne pas respecter ses engagements initiaux, ont ajouté à l’incertitude.
Malgré ce contexte géopolitique, les indicateurs économiques ont présenté un tableau plus équilibré. L’indice des dépenses de consommation personnelle (PCE) de base, préféré par la Fed, a ralenti à 2,5 % en glissement annuel en avril, son niveau le plus bas depuis 2021, bien qu’il reste au-dessus de l’objectif de 2 %.
Du côté des consommateurs, le sentiment s’est redressé. L’indice de confiance du Conference Board a bondi en mai grâce au report des tarifs, tandis que l’indice de l’Université du Michigan s’est stabilisé après un mois de baisse.
Les marchés obligataires ont réagi positivement à la décision judiciaire initiale, avec des gains pour les bons du Trésor américain jusqu’à jeudi. Les obligations d’entreprises à haut rendement et de qualité investissement ont également progressé, soutenues par une demande accrue et un sentiment amélioré.
Europe : L’allégement commercial stimule les marchés, mais les pressions économiques persistent
Les marchés européens ont légèrement progressé grâce au report des tarifs douaniers américains sur les produits de l’UE. L’indice STOXX Europe 600 a augmenté de 0,65 %, avec des hausses également observées en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni. Cependant, les données économiques sous-jacentes restent mitigées.
L’inflation a montré des signes de ralentissement dans plusieurs grandes économies européennes. Les données préliminaires de mai indiquent une inflation globale en Espagne et en Italie à 1,9 %, en ligne avec l’objectif de 2 % de la Banque centrale européenne (BCE). Cependant, les attentes des consommateurs en matière d’inflation ont augmenté, atteignant 3,1 % dans l’enquête de la BCE, reflétant un scepticisme persistant.
Les marchés du travail montrent des signes de stress. En Allemagne, le taux de chômage a augmenté plus que prévu, tandis que le Royaume-Uni a vu un recul de la confiance dans le secteur des services, notamment en raison de la hausse des taxes sur l’emploi.
Asie-Pacifique : La reprise japonaise, les efforts chinois, et l’impact des négociations commerciales
Les marchés japonais ont surperformé, portés par l’optimisme entourant les négociations commerciales entre les États-Unis et le Japon. Parallèlement, en Chine, malgré une baisse des marchés boursiers liée à des données économiques ternes, le gouvernement a annoncé un plan de relance massif de 70 milliards USD dans des secteurs stratégiques tels que l’IA et les technologies numériques.
Conclusion
Les marchés mondiaux restent extrêmement sensibles aux évolutions des politiques commerciales, des dynamiques inflationnistes et des développements politiques. Bien que le sentiment des investisseurs se soit amélioré dans certaines régions, les incertitudes juridiques, les faiblesses du marché de l’emploi et les tensions géopolitiques soulignent la fragilité de la reprise actuelle.