mer. Avr 30th, 2025

Le chiffre impressionne, mais il ne surprend guère : 264 milliards d’euros.

 

C’est ce que coûte chaque année à l’Europe sa dépendance aux entreprises américaines dans le domaine du cloud et des logiciels professionnels, selon une étude du cabinet Asterès pour le Cigref.

Une dépendance connue, désormais chiffrée avec précision, qui finance près de 2 millions d’emplois aux États-Unis et questionne, au-delà des aspects économiques, la capacité du Vieux Continent à bâtir une véritable souveraineté numérique.

Alessandro Fiorentino, expert RGPD et Privacy chez Adequacy, éditeur français de référence de la mise en conformité RGPD et Sébastien Lescop, DG de Cloud Temple, acteur majeur du cloud de confiance qualifié SecNumCloud réagissent à ce chiffre.

Selon Alexandre Fiorentino : « Ce constat n’est pas une surprise, mais il est alarmant. Nous vivons aujourd’hui dans une Europe vassalisée d’un grand nombre de services américains. Nous prenons tout juste conscience de la situation, de l’impact de cette dépendance sur notre autonomie stratégique et de manière plus large sur notre souveraineté.  

Nous vivons dans une économie de marché où la majorité des systèmes d’information sur lesquels elle repose sont contrôlées par les GAFAM. Dans une Europe où Microsoft Office 365 est la solution collaborative retenue par la Commission Européenne. Dans une France qui a laissé l’ensemble des données de santé des citoyens être hébergées chez Microsoft Azure. 

Nous avons laissé les choses se faire en choisissant la facilité d’usage à la place de créer ou choisir nos propres solutions. 

Une stratégie “dégafamisation” est aujourd’hui difficile à concevoir pour un grand nombre d’acteurs bloqués dans une vision court termiste. Pour un décideur, une telle stratégie se traduirait nécessairement par des budgets de fonctionnement à basculer sur de l’investissement alors qu’ils ont tous fait l’inverse il y a dix ans. La situation actuelle met pourtant en exergue des problématiques de droit à la vie privée, d’intelligence économique et de souveraineté.  

Il faut espérer que le sursaut que nous observons actuellement puisse nous aider à construire notre autonomie stratégique en matière de numérique.

Il faudrait un engagement et accompagnement fort de l’Europe pour accélérer l’émergence de champions européens. Elle pourrait commencer par valider la mise en place de l’EUCS intégrant, pour le niveau d’exigence le plus élevé, des critères clairs d’immunité au droit non européen en plus des règles de sécurité techniques et opérationnelles. »

Pour Sébastien Lescop : « Pour le cloud européen, c’est plus qu’un sursaut, c’est un véritable départ. Aujourd’hui, l’Europe réalise chaque année 264 milliards d’euros d’achats cloud auprès des États-Unis, soutenant près de 2 millions d’emplois outre-Atlantique. 

Réorienter seulement 10 % de ces dépenses vers les acteurs européens d’ici 2030 générerait 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires et créerait plus de 330 000 emplois sur notre continent. Il aura fallu être dos au mur pour lever enfin les yeux et avancer ensemble, industriels et décideurs publics, car comme le souligne Clara Chappaz : « Il n’y aura pas d’IA sans cloud ». Nous avons les talents, nous avons la technologie. Comment faire émerger les champions européens de demain ? »

 

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