mer. Déc 4th, 2024

Le studio de la Paramount Pictures sur Melrose Avenue, au cœur d’Hollywood, est à vendre. L’actionnaire majoritaire de la Paramount, Shari Redstone qui a hérité de cette dernière de son père, décédé en 2022, est à la recherche d’un acheteur. Depuis six mois, les prétendants se succèdent. Le 2 juillet dernier David Ellison, un milliardaire du secteur technologique aurait conclu un accord préliminaire pour racheter la participation de Mme Redstone dans l’entreprise après avoir longtemps négocié.
La cession de la Paramount souligne les difficultés auxquelles est confronté le secteur du cinéma depuis 2020. Les recettes sont en forte baisse. Le chiffre d’affaires, en 2023, lié à la vente des places dans le cinéma est, selon les pays (OCDE), en recul de 20 à 30 % par rapport à son niveau de 2019. Le nombre d’abonnements aux chaînes spécialisés dans le cinéma est en fort recul en raison de la montée en puissance des plateformes de vidéos ou de films en ligne. Aux États-Unis, 2,4 millions de ménages ont résilié leur abonnement à des chaînes payantes au cours du premier trimestre 2024. La montée en puissance du streaming ne compense par les pertes constatées au niveau des abonnements et des salles de cinéma. À l’exception de Netflix, les plateformes perdent toujours de l’argent. Par ailleurs, depuis 2022, les abonnements se stabilisent. Netflix, compte 270 millions d’abonnés dans le monde, Disney 200 millions et AppleTV autour de 75 millions. Ces entreprises disposent de suffisamment de réserves pour financer le développement de leur application de streaming. Pour certains, Amazon qui revendique 200 millions d’abonnés éprouverait des difficultés à équilibrer ses comptes.

Les plateformes pour limiter les pertes augmentent les tarifs et tendent d’endiguer la fraude (limitation des connexions avec un même abonnement). Le secteur du cinéma, au sens large du terme, apparaît insuffisamment concentré. Les tentatives de fusion ont souvent échoué pour des raisons financières mais aussi culturelles. Il est difficile de marier les anciennes majors avec des start-ups. La Paramount a ainsi mené des négociations de fusion infructueuses avec Comcast, une entreprise spécialisée dans la diffusion par câble qui est propriétaire de NBC Universal. Auparavant, les négociations avec Sony avaient échoué. La Warner Bross Discovery est également à la recherche de nouveaux actionnaires. Son service de streaming « Max » n’est pas sans atouts en étant le diffuseur de l’univers « Game of Thrones » mais il perd de l’argent. NBC Universal ou Fox seraient susceptibles de racheter Warner. L’actionnaire de Fox, Rupert Murdoch et ses héritiers hésitent entre une spécialisation dans l’information ou la constitution d’un groupe généraliste.

Le retour éventuel de Donald Trump au pouvoir pourrait compliquer la réorganisation du secteur des médias. Fortement opposé à CNN, propriété de la Warner, Donald Trump fera tout son possible pour ne pas faciliter le renflouement de cette dernière. De même, il est assez hostile à Comcast qui détient le réseau d’information MSNBC qu’il n’apprécie pas. En revanche, il devrait défendre les intérêts de Fox et de Disney. Entre-temps, les sociétés de divertissement tentent de s’organiser et de se restructurer. Disney, Warner et Fox ont prévu de lancer cet automne un service de streaming axé sur le sport, « Venu Sports » sous réserve de l’accord des régulateurs qui pourraient y voir une atteinte à la libre concurrence. Des regroupements sont possibles au niveau du streaming, en particulier entre Disney et Warner. Les offres jumelées se multiplient. Comcast a lancé un forfait « StreamSaver » pour ses clients haut débit, regroupant Netflix, Peacock et Apple tv+. L’objectif est de réduire le taux de désabonnement. Les plateformes perdent, en moyenne, 5 % de leurs abonnés chaque mois. Les départs sont liés aux opérations promotionnelles que les différents réseaux lancent. Les forfaits groupés visent à éviter cette pratique qui coûte de plus en plus chère à la profession.

Les offres groupées permettent d’obtenir des abonnés plus stables. Le taux de désabonnement mensuel parmi les abonnés au forfait divertissement et sport de Disney était de 3 %, contre environ 5 % parmi ceux qui ne bénéficient que de Disney+. Les Studios acceptent de plus en plus de vendre en licence aux entreprises de streaming leur production quand, auparavant, ils souhaitaient en conserver l’exclusivité. Des titres
Disney tels que « Lost » et « Home Improvement » sont sur Netflix. La Warner loue également son catalogue de films. La Paramount étudie la possibilité de faire de même.
Les réseaux comme Netflix sont demandeurs afin de réduire leur budget de production. Le public plébiscite par ailleurs les anciens films ou les anciennes séries. Les contenus acquis représentaient près de la moitié du visionnage sur Netflix au second semestre 2023, dont 11 de ses 20 séries les plus regardées.

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