mer. Déc 18th, 2024

Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie OMNEGY, vous propose son analyse des fluctuations du marché de l’énergie.

Cette dernière semaine, les fondamentaux permettent aux prix de l’énergie de repartir à la baisse :

Gaz : -0,1% sur les prix pour 2024 et -7% pour les prix de novembre 2023. Le prix du gaz a globalement baissé grâce aux fondamentaux du secteur. L’actualité géopolitique a cédé la place à l’accord trouvé entre Chevron et les syndicats en Australie sur le GNL, aux flux élevés en provenance de Norvège et de GNL, aux stocks remplis à 98,5% ainsi qu’aux hausses de température, dans la fixation des prix sur le marché.

Électricité : -3,2% sur les prix pour 2024 et -13,2% pour les prix de novembre 2023. Le prix de l’électricité a suivi la tendance opérée sur celui du gaz, avec des diminutions de la valeur des contrats échangés sur le marché. Le prix des combustibles ainsi que du CO2 a baissé la semaine passée, permettant aux coûts des centrales thermiques de diminuer. La production éolienne devrait être importante prochainement et le maintien de températures plus élevées que la normale permettra de moindres consommations d’électricité et de ne pas tendre le réseau.

CO2 : -5,3% sur les quotas pour décembre 2023. La baisse combinée des prix du gaz et du charbon a provoqué, en toute logique, celle du CO2 sur le marché.

Pétrole : +0,4% sur le prix du pétrole. Après avoir fortement augmenté, les prix du pétrole se sont maintenus autour de 87€ le baril. Au-delà des fondamentaux du secteur, plutôt haussiers, la libération d’otages américains dans la bande de Gaza ainsi que les négociations en cours pour en libérer d’autres ont permis aux prix de se maintenir et de ne pas flamber. Israël n’a également toujours pas mené d’assaut terrestre sur Gaza, la valeur du pétrole pourrait toutefois bien augmenter si le pays venait à envahir ce territoire, avec un risque notable de voir d’autres belligérants se joindre au conflit. Du point de vue de l’or noir, le risque serait une perturbation de l’approvisionnement via le canal de Suez ou le détroit d’Ormuz à destination de l’Europe notamment.

 

La situation en 2023 est la suivante :

les fondamentaux du secteur sont restés très encourageants tout au long de l’année (de Norvège ou via GNL) et ont pu « contrecarrer » la perte des imports russes dans le sens où les températures sont restées élevées et la demande faible (-15% vs 2022 environ). Les stocks ont également été très élevées tout au long de l’année et sont actuellement remplis à 98,5% vs 92% à la même période en 2022. Pour la suite, cela permet donc d’aborder plus sereinement l’hiver à venir, même s’il faudra maintenir des niveaux de consommation plus faibles pour éviter de trop puiser dans les stocks. Le marché s’est principalement raccroché à ces éléments au cours de l’année dans la fixation du prix.

Selon Edouard Lotz, analyste marché de l’énergie au sein d’OMNEGY, « l’Europe est bien mieux préparée pour affronter cet hiver que le précédent, grâce à ses partenaires (Norvège, US, Qatar, Algérie, …), ses stocks élevés et les efforts réalisés (subis ou choisis) sur la consommation de gaz globale du continent. Cependant, les secousses géopolitiques actuelles vont jouer de manière certaine sur les prix (à la hausse ou à la baisse selon dénouement) et prendront le pas sur les différents fondamentaux du secteur au cours de l’hiver à venir. »

En effet, l’impact du conflit entre Israël et le Hamas sur le trafic maritime et plus spécifiquement sur le risque de perturbations pour les exportations du Qatar vers l’Europe, le sabotage d’infrastructures gazières en mer Baltique qui a engendré une prise de conscience de la vulnérabilité des points de transit du gaz sur le territoire européen, et les menaces de grève en Australie sur le secteur du GNL auront des conséquences sur les prix du gaz.

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