ven. Mai 3rd, 2024

Mary-Sol MICHEL, Directrice de la Gestion sous mandat

Que retenez-vous du mois de novembre sur les marchés financiers ?

Mary-Sol MICHEL : Alors qu’octobre avait été marqué par une très forte fébrilité, conduisant à un repli généralisé des indices et à des baisses spectaculaires pour certaines valeurs, le contexte de marché s’est totalement retourné en novembre. Le CAC 40, par exemple, progresse de 6,2 %. Quant au S&P 500, il réalise son meilleur mois de l’année à + 8,9 %. Plusieurs facteurs ont contribué à ce rebond. Tout d’abord, les craintes d’une propagation du conflit israélo-palestinien à d’autres économies de la région ne se sont pas matérialisées. Cette absence de contagion s’est illustrée par la baisse de 20 % du cours du baril de pétrole, passé de 95 dollars après l’attaque du Hamas à 75 dollars aujourd’hui. Ensuite, les chiffres de l’inflation se sont montrés très rassurants des deux côtés de l’Atlantique : en Europe par exemple, elle s’est limitée à 2,4 % en novembre, soit une division par quatre par rapport à son pic de juillet 2022. On assiste en outre à un début de ralentissement de l’économie américaine, qui devrait faire refluer davantage encore l’inflation outre-Atlantique. Ainsi, les banquiers centraux ont tenu des discours plus accommodants : à la Fed, Jerome Powell a indiqué que les taux étaient suffisamment restrictifs, tandis que, pour la BCE, François Villeroy de Galhau a mentionné que des baisses de taux étaient considérées pour 2024. Cela a conduit à une très forte détente des taux longs : le rendement de la dette américaine à 10 ans a perdu 85 points de base en quelques semaines, pour atteindre 4,15 % début décembre. Or les baisses de taux ont un impact majeur sur les marchés actions, qui ont donc plus rebondi en novembre qu’ils n’avaient baissé en octobre.

Au-delà, quelles sont vos perspectives pour 2024 ? 

Mary-Sol MICHEL : Les marchés oscillent entre excès de pessimisme – comme en octobre – et excès d’optimisme – comme en novembre. Le net rebond a été alimenté par l’espoir de la baisse des taux mais il faut faire attention à ne pas aller plus vite que la musique. Aujourd’hui, les prix dans le marché reflètent des anticipations de 4 à 6 baisses des taux directeurs aux Etats-Unis sur 2024, soit une réduction totale de 150 points de base. Certains se projettent sur une première baisse dès avril. C’est trop optimiste. Les marchés ont donc besoin de marquer une pause : nous nous attendons à une consolidation à court terme qui nous permettrait de nous renforcer. Pour l’ensemble de l’année, nous restons toutefois constructifs. La question n’est plus de savoir si les taux vont baisser mais quand et de combien. La Fed a montré qu’elle était capable de vaincre l’inflation sans provoquer de récession : aux Etats-Unis, la hausse des prix n’est plus que de 3,2 %, contre 3,7 % en septembre, mais le PIB est toujours attendu en hausse de 2,4 % sur 2023. On est loin des anticipations de récession qui rythmaient les prévisions de fin d’année dernière. En Europe, la croissance est plus modérée mais elle reste positive à 0,5 %. Sur 2024, elle pourrait même s’améliorer à la marge pour atteindre 0,6 %, contre 1,2 % aux Etats-Unis.

A ce moment du cycle, faut-il prêter une attention particulière à la question des défauts ? 

Mary-Sol MICHEL : Dans ce contexte de croissance positive mais faible, avec des taux qui, même s’ils vont baisser, restent encore élevés, il faut effectivement être vigilant. Les entreprises qui se sont endettées pendant la crise sanitaire vont devoir se refinancer fin 2024-début 2025 à des taux bien supérieurs. La marche sera haute et toutes ne la franchiront pas. Nous privilégierons donc les valeurs de qualité, qui offrent une forte visibilité sur leurs résultats et qui disposent de bilans solides. Il est en particulier un peu tôt pour se repositionner sur les valeurs de taille moyenne, généralement plus endettées et davantage tournées vers leur économie domestique. En termes géographiques, nous continuerons de miser sur le rebond de l’Europe, car les valorisations sont faibles, mais en restant confiants sur la cote américaine. Nous sommes en revanche plus réservés sur la Chine dont le rebond post-Covid ne s’est pas concrétisé et pour laquelle les plans de soutien publics tardent à être déployés. C’est la seule zone à avoir enregistré des performances négatives sur ses marchés actions cette année, l’indice CSI 300 perdant 12 % à ce jour et le Hang Seng, 17 %.

 

 

A propos de Swiss Life Banque Privée (01/01/2023) : 

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