Par PWC
- Le volume des transactions de M&A, à l’échelle mondiale, continue de chuter, avec -9 % sur la première moitié de l’année 2025 comparée au premier semestre 2024, en passe d’atteindre le niveau le plus bas recensé depuis plus de dix ans.
- La valeur des transactions, quant à elle, a augmenté de 15 % sur la première moitié de l’année 2025 comparée au premier semestre 2024.
- Les transactions concernent surtout les entreprises ayant une empreinte nationale, moins impactées par les droits de douane, ainsi que les grandes entreprises aux perspectives positives et disposant d’un cash-flow important.
- La France, pour sa part, affiche une progression significative (+ 25 %) du nombre d’opérations durant le premier semestre 2025.
- Toutefois, le marché français des transactions enregistre une baisse de 5 % en valeur par rapport à la même période de 2024. Seuls les domaines des services financiers et de la grande consommation sont en progression.
Les chiffres du premier semestre 2025, tous secteurs confondus, illustrent une tension persistante entre une prudence légitime face à une situation mondiale complexe et la nécessité d’accélérer les plans de transformation. Malgré ces incertitudes, le marché des fusions-acquisitions reste actif, avec des transactions qui se concluent. Le cabinet de conseil et d’audit PwC France et Maghreb dévoile les résultats de son étude Global M&A Industry Trends, 2025 mid-year outlook. Cette dernière explore également les trois nouvelles réalités auxquelles les professionnels des fusions-acquisitions font face en 2025 et propose des stratégies M&A gagnantes en ces temps incertains. |
« Dans cet environnement macro-économique et géopolitique particulièrement incertain et volatile, le M&A est plus que jamais un accélérateur de transformation. Les opportunités de transactions existent, c’est le moment de les saisir », indique Céline Appel, Associée responsable des activités de transactions et restructuration, PwC France et Maghreb.
Un recul du nombre de transactions au niveau mondial Le volume des transactions du premier semestre 2025 est en baisse de 9 % au niveau mondial. Si ce rythme se poursuit, le nombre de transactions de l’année pourrait chuter sous les 45 000, ce qui représenterait le plus faible volume depuis plus de dix ans. La valeur des transactions a augmenté de 15 % au premier trimestre 2025, notamment en raison d’une nette augmentation du nombre d’opérations dépassant le milliard de dollars (+19 %) y compris du nombre de méga-deals de plus de 5 milliards de dollars (+ 16 %). La part des Etats-Unis dans les flux de capitaux pour les opérations de M&A a augmenté, atteignant 61 %. Malgré l’incertitude des tarifs douaniers, l’activité des transactions transfrontalières a augmenté, les Etats-Unis s’imposant comme la principale destination de flux de capitaux. Les Etats-Unis dominent le marché mondial des fusions-acquisitions avec 908 milliards de dollars de valeur d’opérations (soit 61 % de la valeur totale des transactions), contre 722 milliards de dollars (55 %) auparavant. Cependant, de nombreux acteurs du M&A font désormais preuve d’une plus grande confiance dans l’exécution d’opérations locales ou régionales que dans celle de transactions transfrontalières plus complexes, ce qui présage un éventuel changement de dynamique.
De grands enjeux et des choix difficiles Les tendances du marché actuel sont complexes, voire contradictoires : incertitude permanente, décisions difficiles en matière d’allocation des capitaux, perturbation et réinvention grâce à l’IA. Face à ces défis, les acteurs du M&A doivent repenser leurs stratégies. L’incertitude devient la nouvelle constante. Sur les cinq dernières années, le marché du M&A a été marqué par un changement quasi-constant. Dans ce contexte, les professionnels des fusions-acquisitions ne peuvent plus s’attendre à un retour à la stabilité : ils doivent adopter une approche proactive, en s’adaptant à un environnement incertain, désormais devenu la règle. L’allocation de capitaux est confrontée à une nouvelle série de compromis. Les capitaux ne circulent plus aussi librement, et cela se manifeste particulièrement dans une alternative parfois exclusive entre les investissements en fusions-acquisitions et ceux en IA. Les acteurs du M&A doivent désormais prendre des décisions plus complexes en matière d’allocation des capitaux. Pour certains, cela se traduit par des opérations moins nombreuses ou de moindre envergure. Pour d’autres, il s’agit de recourir à des partenariats, à des prises de participations minoritaires ou à des cessions ciblées pour atteindre leurs objectifs stratégiques tout en préservant la solidité du bilan financier. Aujourd’hui, la discipline financière mène à faire des choix réfléchis et mesurés. Le potentiel d’innovation de l’intelligence artificielle entraînera des disruptions majeures et ouvrira la voie à de nouvelles opportunités en matière de fusions-acquisitions. Les six à douze prochains mois seront décisifs pour les dirigeants qui souhaitent repositionner leur entreprise face à la prochaine vague technologique. Pourtant, tirer pleinement parti de cette transformation est à la fois complexe et coûteux. Le recours aux opérations de M&A s’imposera inévitablement. La dernière édition de l’étude Global CEO Survey de PwC révélait que le coût de l’inaction est de loin le plus important : 40 % des CEO indiquent que leurs entreprises ne survivront pas à la prochaine décennie si elles ne tracent pas une nouvelle voie.
Les acteurs du M&A à l’écoute des opportunités du marché Les acteurs du M&A porteront une attention particulière aux annonces des politiques commerciales, aux tensions géopolitiques accrues, aux taux d’intérêts, à la dette publique, aux sorties de fonds de capital-investissement, aux changements régionaux, aux évolutions des dynamiques sectorielles ainsi qu’aux opportunités qui en découlent. Les taux d’intérêt continuent de défier les lois de la gravité, les taux à long terme se maintenant à un niveau résolument élevé. La dette publique est le frein économique dont le monde commence à prendre conscience. Le poids croissant de cette dette suscite de grandes inquiétudes chez les dealmakers et sur le marché du M&A. Les sorties de fonds de capital-investissement ont connu un net ralentissement. Les acteurs du Private Equity ont besoin de réduire le nombre des entreprises en portefeuille afin de pouvoir remonter des liquidités à leurs investisseurs et avoir plus de facilité à lever de nouveaux fonds. Ce stock d’entreprises en portefeuille a continué de croitre : à la fin du mois de mars, il dépassait les 30 000 entreprises, dont 43% détenues depuis 2020.
Des stratégies gagnantes pour les acteurs du M&A Dans un environnement marqué par l’incertitude, les acteurs du M&A tentent d’anticiper les évolutions à venir. En 2025, des tendances significatives commencent d’ores et déjà à émerger sur le marché des fusions-acquisitions. Plusieurs stratégies gagnantes peuvent être envisagées : prioriser la qualité, être sélectif dans le choix du pays, renforcer la planification des scénarios, se concentrer sur la création de valeur et maintenir le bon équilibre entre la discipline d’exécution et l’agilité dans la conclusion de deals. Aussi, faire preuve d’audace n’est désormais plus une option.
« Dans l’environnement instable actuel, le message pour les fusions-acquisitions est clair : piloter avec stratégie, pas avec peur. Les dirigeants les plus résilients sont ceux qui font face à l’incertitude, qui se fixent des ambitions audacieuses à long terme et qui agissent avec conviction pour les atteindre », conclut Martin Naquet-Radiguet, Associé Deals Clients & Markets, PwC France et Maghreb.
A propos de l’étude |