mer. Déc 4th, 2024
Le think tank et laboratoire d’innovation Les EnthousIAstes révèle les résultats de l’étude nationale inédite, Trends of AI, menée en partenariat avec KPMG, entre septembre et octobre 2024. Cette initiative vise à évaluer l’impact de l’IA sur quatre communautés professionnelles : Ressources Humaines, Informatique, Marketing et Finance. Construite avec 80 experts issus de grandes entreprises (BPCE, Orange, LVMH Recherche, L’Oréal, Veolia, Carrefour, Michelin, Renault Group, SNCF Connect & Tech, RATP Dev, Suez, Back Market, Les Mousquetaires…), l’étude analyse les cas d’usage de l’IA par fonction et éclaire sur les enjeux communs des entreprises dans le déploiement de l’IA.   Les principaux enseignements

  • Le marketing et l’IT champions de l’adoption de l’IA en entreprise ;
  • Pour la fonction Finance, une intégration prudente de l’IA liée aux défis de transparence et de traçabilité tandis que pour les RH, cette technologie offre des perspectives inédites pour personnaliser l’expérience collaborateur ;
  • Un besoin général de plus former les équipes à l’IA ;
  • La difficulté à démontrer le ROI de l’IA freine encore les investissements.

  

Fonctions Finance : une intégration prudente liée aux défis de transparence et de traçabilité.

  Dans le domaine financier, l’adoption des technologies d’IA est prudente, avec un taux de déploiement entre 13% et 16%, bien inférieur à celui du marketing. Cependant, des cas d’usage comme la lutte contre la fraude ou la qualité des données sont des priorités majeures.  

21% des répondants ont déjà déployé des solutions de détection et correction d’anomalies, tandis que 13% les testent et 40% y réfléchissent encore ; 

La cartographie et l’intégration des données progressent plus lentement, avec 11% de déploiement, 22% en phase de test, et 35% en cours de réflexion.

  Ces constats font écho aux spécificités de difficultés rencontrées par la fonction finance qui doit souvent composer avec de multiples sources de données, des obligations réglementaires et des référentiels non harmonisés dans un environnement en évolution constante. « Transformer le métier Finance avec la Data et l’IA, ce n’est pas simplement développer des outils et des algorithmes ; c’est aussi et surtout bien penser l’articulation entre l’humain et les algorithmes tout en clarifiant le sens et la valeur qu’on veut donner à cette interaction », ajoute Hélène Doré, Transformation Officer Finance L’Oréal.   

Fonctions Marketing : l’IA comme booster de création.

  Le Marketing est de loin la fonction qui a le plus fortement adopté l’IA :   

  • Plus de la moitié des marketeurs (54%) utilisent l’IA pour la traduction de contenus;
  • 47% l’utilisent pour la génération et la déclinaison de contenus visuels ;
  • Un tiers des répondants de la fonction marketing utilise des outils d’IA afin de personnaliser les communications clients (34%).

Autre impact de l’IA : la transformation de la relation agences / annonceurs. En adoptant des outils d’IA, les entreprises s’affranchissent d’une certaine dépendance à leurs prestataires et regagnent en pouvoir de négociation. La moitié des spécialistes marketing souhaite renégocier les budgets de création avec les prestataires utilisant l’IA (46%). En termes de confiance, les entreprises délèguent volontiers des tâches traditionnelles à l’IA, mais restent prudentes pour des missions stratégiques (élaboration de nouvelles stratégies marketing, lancement de produits). Cela s’explique par la nécessité de préserver la créativité et l’affirmation de la marque, où l’humain conserve un rôle central. « L’IA doit enrichir notre réflexion, pas la remplacer. Ne déléguons pas nos cerveaux ! », précise Olivier Laborde, Head of Marketing, Innovation & Digital de BPCE.   

 

Fonctions RH : l’IA offre des perspectives inédites pour personnaliser l’expérience collaborateur et accompagner la transformation des compétences.

  Les cas d’usage en Ressources Humaines (RH) incluent le recrutement, la formation, et la gestion de la marque employeur. Bien que prometteurs, ces usages sont encore au début de leur adoption en raison des contraintes réglementaires et des risques liés aux données sensibles. Les RH reconnaissent toutefois leur rôle clé dans l’accompagnement des transformations liées à l’IA, que ce soit pour redéfinir les métiers, recruter les talents nécessaires, ou sensibiliser aux enjeux et aux risques de ces technologies.  

  • 45% des entreprises envisagent d’utiliser l’IA pour la préqualification de CV et un sondé sur quatre a déjà franchi le pas, une application qui optimise considérablement le recrutement en identifiant rapidement les talents les mieux adaptés aux besoins ; 
  • 30 % des RH utilisent l’IA pour la traduction des communications internes ;
  • 20 % des RH s’appuient sur l’IA pour la génération de documents RH.  

« L’IA redéfinit complètement la manière dont on recrute, retient les talents et gère les carrières ». ajoute Laura Pho Duc, Transformation Executive Director, LVMH Recherche  

 

Fonctions IT :  un rôle éminemment transverse pour promouvoir et réussir l’adoption des technologies IA.

  L’intégration des technologies IA, et plus particulièrement des modèles LLM, dans les outils de la DSI est en train de profondément transformer le paysage IT. Les cas d’usages associés à la cybersécurité sont les plus matures, ayant bénéficié d’une mise en œuvre depuis plusieurs années déjà. En permettant une détection plus rapide et plus précise des menaces, ainsi qu’une gestion optimisée des incidents, ces solutions renforcent la sécurité et l’efficacité des systèmes d’information. L’assistance à la programmation s’appuyant sur des technologies d’IA générative connaît aussi une très belle dynamique d’adoption (déployée, en production ou en phase de tests pour près de 40% des répondants). Si on y ajoute les cas d’usage d’IA appliqués aux tests logiciels, les fonctions IT investissent dans l’IA pour gagner en productivité dans le développement de nouvelles solutions digitales. 80% des DSI ont mis en œuvre des initiatives pour former et acculturer les équipes à l’IA afin de diminuer les risques liés à l’utilisation de l’IA. L’IA est donc une opportunité pour l’IT d’accroître son leadership interne.

En collaborant étroitement avec les équipes RH, marketing, finance et d’autres fonctions, la fonction IT peut aider à s’assurer que les déploiements d’IA sont alignés avec les objectifs stratégiques globaux de l’entreprise. Elle permet aussi une adoption plus fluide et plus efficace des technologies d’IA, maximisant ainsi leur impact et leur valeur ajoutée. « Les données constituent un actif stratégique car elles sont le principal carburant de l’IA. A ce titre, leur bonne gestion et exploitation est essentielle, car elles permettent, outre de développer les usages de l’IA, non seulement de simplifier la prise de décision, en donnant accès aux bonnes données aux bonnes personnes, mais également de révéler de nouvelles opportunités de croissance et d’amélioration de la performance », précise Alexis Rouet, Chief Data Officer HR Function, Renault Group.

 

Synthèse transversale : la difficulté de prouver le ROI de l’IA rend les entreprises prudentes dans leurs investissements.

  L’étude met en lumière l’impact global de l’IA sur les fonctions clés de l’entreprise : marketing, RH, IT et finance. Dans chaque domaine, l’IA permet des gains significatifs en efficacité et prise de décision. Elle optimise la création de contenu, facilite les recrutements et détecte les fraudes. Les cas d’usage sont variés mais convergent vers une meilleure exploitation des données et une automatisation des tâches répétitives.   La formation des collaborateurs et l’impact environnemental de l’IA comme enjeu commun pour toutes les fonctions de l’entreprise. La mise en place de ces cas d’usages nécessite la formation et l’acculturation de l’ensemble des effectifs à l’IA. Si les craintes liées à la destruction d’emplois sont faibles, le défi réside dans l’adaptation des compétences pour exploiter efficacement ces outils. La sécurité des données est un enjeu central, notamment pour l’IT et la finance, où les risques de confidentialité sont amplifiés par l’utilisation de solutions externes. De plus, la traçabilité des algorithmes est essentielle pour garantir la conformité réglementaire, une exigence soulignée dans les fonctions finance et RH.

Les biais algorithmiques et les enjeux éthiques, quant à eux, concernent particulièrement le marketing et les RH. Par ailleurs, les entreprises ont encore du mal à justifier d’un ROI de l’IA, ce qui les rend prudentes dans leurs investissements même si 61% des entreprises considèrent l’industrialisation – incluant le choix des technologies – comme une étape clé. Cela reflète la nécessité de passer de projets expérimentaux à des déploiements robustes et opérationnels, avec des infrastructures adaptées. Un autre défi commun est l’impact environnemental. En effet 31% des répondants le voient comme un frein stratégique à l’implémentation des cas d’usages IA.  « Cette étude inédite sur l’impact de l’IA au niveau de 4 métiers clés de l’entreprise et co-construite avec des décideurs de chacune de ces fonctions confirme que s’il est désormais évident que cette technologie offre de nouvelles perspectives business et des leviers de performance, son intégration dans les organisations revêt de multiples challenges.

Difficultés à en quantifier le retour sur investissement, freins technologiques, compétences à sourcer ou à développer, enjeux éthiques et environnementaux et résistance au changement figurent parmi les principaux défis liés à l’IA soulevés par les dirigeants » analysent Axel de Goursac, Associé AI Lead et Sébastien Denoual, Associé Tech Strategy & Transformation de KPMG en France.  « Avec Trends of AI, les EnthousIAstes dévoilent comment l’intelligence artificielle transforme les métiers clés et esquisse les contours de l’entreprise de demain. Cette étude unique, nourrie d’exemples concrets, offre une vision inspirante pour relever les défis stratégiques à venir. » – Etienne Lecoeur, Co-fondateur des EnthousIAstes.

Méthodologie : questionnaire co-construit avec 80 experts C-level issus de grandes entreprises en France. Etude menée en qualitatif et en quantitatif sur un total de 212 répondants du 4 septembre au 24 octobre 2024. 75% des répondants sont des directeurs ou membres du Comex dont 38% travaillent dans des Grands groupes et 38% dans des ETI en France.

 

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