ven. Nov 15th, 2024

Par Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management

 

Beaucoup d’investisseurs craignent que le résultat des élections américaines ne soit indécis, et ceci jusqu’en 2021.

Tout d’abord, il est assez probable que les résultats à la sortie des bureaux de vote soient en faveur des Républicains. Et que, avec le comptage des votes par correspondance, qui dans certains Etats peut prendre jusqu’à deux semaines, les résultats tournent progressivement en faveur des Démocrates.
En octobre, un sondage de Pew Research montre Donald Trump a une avance de 32 points chez les électeurs ayant décidé de se rendre au bureau de vote le jour de l’élection et que Joe Biden a 42 points d’avance chez ceux qui voteront par correspondance1.

 

Pour les investisseurs, deux semaines d’incertitudes, c’est long. D’autant que, une fois le comptage terminé, le vote pourrait être contesté.

Pourquoi cette fois-ci plus que les autres ? Nous voyons principalement trois raisons.

D’une part, L’élection reste très disputée et les résultats pourraient être serrés. Même si Joe Biden est plus populaire, Donald Trump peut l’emporter grâce aux « swing states ».

De plus, nous pouvons nous attendre à une très forte hausse du vote par correspondance. Ce système est encouragé par les Démocrates et permet de réduire la contagion au virus. Certes, la Californie a une grande habitude de ce système, qui représente plus de 60% des bulletins aux dernières élections et cet Etat pourra rapidement fournir des résultats fiables2. Mais d’autres états sont moins préparés. En Caroline du Nord par exemple, le vote par correspondance est très peu utilisé. Cet Etat, moins expérimentés, pourraient se trouver dépassé. Le décompte prendrait du temps et pourrait faire l’objet de nombreuses batailles juridiques.

Enfin, la politique américaine est devenue partisane à l’extrême. Les américains suivent des canaux d’information séparés et étanches et une désinformation galopante ravage les réseaux sociaux. La con-fiance est au plus bas et voir les électeurs soutenir leur candidat dans une contestation hasardeuse est loin d’être improbable.

Que se passerait-il alors ?

D’ordinaire, les controverses sont résolues au niveau de l’Etat local. Chaque Etat possède effectivement ses propres procédures quant au recomptage des voix. Mais la probabilité de voir attaquer l’élection même du président est dans les cartes.

Dans ce cas, si l’on se calque sur la dernière contestation, Al Gore versus Bush, la cour Suprême se pro-noncera. Mais il est probable que toute décision soit mal accueillie par au moins une des deux familles politiques. Notons à cet égard, la nomination express de Anne Coney Barrett est chargée d’implications.

Et si aucune décision claire ne s’est dessinée le 20 janvier 2021, les spécialistes de la Constitution américaine avancent le « Succession Act » de 1947. C’est alors la Speaker de la Chambre des Représentants qui prendrait la présidence, Nancy Pelosi.

 

[1] Pew Research, 9/10/2020, “The Trump-Biden presidential contesthttps://www.pewresearch.org/politics/2020/10/09/the-trump-biden-presidential-contest/
[2] California Secretary of State, Historical Vote-By-Mail (Absentee) Ballot Use in California https://www.sos.ca.gov/elections/historical-absentee

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