jeu. Déc 11th, 2025
 
 
Baromètre PalatineMETI sur le financement des ETI
(réalisé du 19 au 26 novembre 2025)
 
Ce baromètre témoigne des difficultés des ETI en cette fin d’année, avec des perspectives 2026 encore assombries par la situation politique et budgétaire. L’emploi semble devoir être touché.
 
L’activité des ETI tourne au ralenti, sur fond d’une rentabilité dégradée pour la moitié d’entre elles. Leur situation financière se situe à un point bas. Leurs projets de croissance sont sévèrement empêchés par la situation politique et économique du pays, et l’emploi va être impacté. 16 % seulement des ETI comptent désormais maintenir tous leurs investissements prévus en France. À peine plus (23 %) leurs projets de recrutements. Seules 13 % des ETI créeront au moins 50 emplois dans le cadre des projets de croissance organique.
 

 

La traditionnelle résilience des ETI
est particulièrement malmenée en cette fin d’année.

2025 se termine sur une note franchement dégradée : l’activité est en berne, la rentabilité continue de souffrir, les perspectives sont moroses. Si l’explication est multifactorielle, la situation politique et budgétaire joue pour une large part.
 
Les dirigeants ressentent une vive insécurité quant au devenir du « produire et du travailler en France » : 2025 avait déjà sonné l’arrêt du redressement compétitif du site France, 2026 risque de marquer une inversion nette de la tendance observée ces dernières années : accélération des fermetures de site, remontée franche du chômage, nouveau cycle de désindustrialisation.
 
Il est crucial de prendre la mesure de l’urgence économique et de donner aux entreprises une perspective viable pour les mois et les années à venir. La conclusion des débats budgétaires doit impérativement sauvegarder la compétitivité et les champions du long terme que sont les entreprises de taille intermédiaire.
 
 
1. Les indicateurs de l’activité des ETI demeurent préoccupants
La part des ETI affichant un chiffre d’affaires en baisse est en augmentation sur un trimestre, à 37 % vs.
35,8 % en septembre ; néanmoins, celle des ETI affichant un chiffre d’affaires en progression se
redresse, à 39 % vs. 33 %. Cette légère embellie est balayée par la tendance sectorielle : plus de la
moitié des ETI estiment que la situation de leur secteur d’activité s’est dégradée sur un an. Également
par les perspectives pour 2026 : près de 50 % des ETI ont un carnet de commande dégarni par rapport
à novembre 2024 et plus d’1 ETI sur 2 nourrit de l’inquiétude pour les six prochains mois. La dégradation de la rentabilité se confirme pour la moitié des ETI également.
 
2. La situation financière se maintient à des niveaux peu satisfaisants
La trésorerie se complique pour un nombre croissant d’ETI (30 % vs. 27 % en septembre). En revanche,
l’endettement est un peu moins problématique : il est en dégradation sur un an pour 26 % des ETI (vs.
31 % en septembre). Les difficultés à rembourser les financements restent soutenues : plus de 2 ETI
sur 10 en rencontrent déjà ou risquent d’en rencontrer. Pour ¼ d’entre elles, ces difficultés sont de
nature à compromettre le respect des covenants bancaires. Sans surprise dans ce contexte, le
financement des investissements est problématique pour une part substantielle des ETI : 1 sur 10 doit
le réduire au strict minimum et 2 ETI sur 10 doivent arbitrer entre les priorités.
 
À noter que les partenaires bancaires répondent toujours largement présents : pour 93 % des ETI vs.
91 % en septembre.
 
3. Les projets de croissance des ETI sacrifient désormais l’emploi…
Les projets se maintiennent à des niveaux très corrects : 7 ETI sur 10 auront réalisé au moins un projet
de croissance organique en 2025, et plus d’1 ETI sur 2 un projet de croissance externe. Si ces derniers
se recentrent sur la France, ils chutent drastiquement en nombre de moyens alloués et d’emplois
créés : seules 13 % des ETI créeront au moins 50 emplois dans le cadre des projets de croissance
organique, à peine plus (15 %) pour les projets de croissance externe.
Les recompositions capitalistiques se situent toujours à un niveau relativement élevé (près de 4 ETI sur
10 concernées). Surtout, les prédations (rachat ou entrée au capital) ont concerné plus de la moitié des
ETI depuis le début de l’année. Signe que l’enjeu de souveraineté est particulièrement crucial dans le
contexte que nous connaissons.
 
 
 
4. … impactés significativement par la situation politique et économique du pays
C’est peu dire que la situation actuelle affecte l’activité des ETI, et plus encore leurs perspectives de
développement : seules 16 % des ETI se disent certaines de maintenir tous leurs projets
d’investissements prévus en France. À peine plus (23 %) s’agissant des projets de recrutements. La
moitié des ETI sont directement perturbées par la situation. Il faut dire qu’elles ont déjà subi le contre-
coup du budget pour 2025 qui a, notamment, induit une hausse substantielle de la masse salariale
(plus de 2 % de hausse à effectif constant pour 1 ETI sur 2 et un impact sur le recrutement d’apprentis
pour plus de 2 ETI sur 3). Par conséquent, et sans surprise, leur jugement sur la compétitivité du site
France est particulièrement cruel : 77 % des ETI la jugent faible, lui attribuant une note comprise entre
1/10 et 3/10.
 
Analyse de Frédéric Coirier, PDG du groupe Poujoulat et co-président du METI :
 
Il n’est guère réjouissant de finir l’année 2025 avec de tels résultats. Ceux-ci sont hélas le triste reflet
d’une situation durablement et profondément dégradée et d’une inquiétude persistante des dirigeants
d’ETI sous l’effet de multiples facteurs, en particulier : l’instabilité politique et la teneur du débat
budgétaire en cours, ainsi que les mesures budgétaires votées en 2025 qui ont signé l’inversion de la
trajectoire de redressement compétitif du site France.
 
Les ETI finissent ainsi l’année dans un état préoccupant, qu’il s’agisse de leur activité, qui tourne au
ralenti et sur fond d’une rentabilité dégradée pour la moitié d’entre elles, de leur situation financière,
qui se situe à un point bas, et bien sûr de leurs projets de croissance, qui sont sévèrement empêchés
par la situation politique et économique du pays. En effet, à peine 16 % des ETI comptent désormais
maintenir tous leurs investissements prévus en France : cela en dit long sur la vive insécurité que
ressentent actuellement les dirigeants.
 
Il faut souhaiter que ces résultats contribuent à une prise de conscience qui permette de ramener
rationalité et pragmatisme dans le débat public, rappelant que seule l’activité économique est créatrice
de croissance et donc de ressources nouvelles pour le pays. Si les ETI sont sacrifiées sur l’autel des
arbitrages pour 2026, attendons-nous à ce que les prochains mois, voire les prochaines années, se
traduisent par des investissements réduits à portion congrue, une inversion marquée de la courbe du
chômage et à terme une nouvelle vague de désindustrialisation.
 
 

Les ETI en France

7200 ETI
1 380 milliards d’euros de chiffre d’affaires
25 % de l’emploi en France
38 % de l’emploi industriel en France
1/3 des exportations françaises
2/3 des sièges sociaux des ETI situés hors de l’Île-de-France
 
 
 
 
 
 
 

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